Nouvelles de Ryu et autres nouvelles

La visite médicale de Ryu s’est bien terminée; tout est normal parait-il. Ils ont testé la présence de maladies génétiques (j’ignore lesquelles…) et n’en ont trouvé aucune. Question poids et taille, il est dans la norme haute, Yukiko l’a trouvé plus grand et fort que les autres bébés présents lors de la visite, mais je me demande quelle fut son objectivité sur le sujet.

Yukiko continue de lui faire faire des balades tous les jours dans le village (autour de la maison, s’entend). Des gens (qu’elle ne connait pas) l’abordent et lui parlent de Ryu. Les grand-mères veulent le toucher. Elle a droit à des tas de conseils (qu’elle n’a jamais demandé et qui sont souvent inutiles) et beaucoup de remarques dans le genre “il est pas un peu jeune pour le sortir?”, et aussi beaucoup de “qu’est-ce qu’il a la peau blanche!”. Sur ce dernier point, ça m’a l’air vrai; il a une peau bien blanche (tant mieux), même si je n’ai pas à côté de moi un bébé 100% occidental pour comparer. Et puis il a un grand nez (comparé aux bébé japonais), ça choque beaucoup les gens aussi.

Ryu dort beaucoup moins qu’avant. Il dort 5 heures la nuit, puis une sieste de 3h l’après-midi, et une autre de 2h en soirée, et basta. Il me semblait que les bébés de cet âge devaient dormir 15h par jour, mais on est loin du compte. Le problème également, c’est que quand il ne dort pas ni ne mange pas, il gueule (au début du bain et pendant les balades dehors aussi, il est calme). Il est assez incapable de rester tranquille tout seul, ce qui fait que sur une journée de 24h, il faut passer près de 14h avec lui. Et c’est pas en seule fois, c’est éparpillé en plusieurs tranches de quelques heures…difficile de se reposer correctement et d’avoir une vie à côté. Je suppose que c’est plus ou moins pareil pour tout le monde? En tout cas, Yukiko tient bien, elle ne déprime pas et n’est jamais de mauvaise humeur. Moi par contre, il y a des fois où ça m’agace un peu (père indigne). Et bien entendu, les grimaces qu’il nous fait sont un régal, c’est un attrait légendaire des bébés, mais je ne vais pas vous bassiner avec ça; ceux qui ont déjà eu un enfant savent déjà ce que c’est, et ceux qui n’ont pas été parents…n’en ont souvent rien à foutre :wink:

Yukiko a perdu 11 kilos depuis l’accouchement…plus que 4 à perdre, et elle est bien partie pour y arriver. Accessoirement, et ça n’est pas relié, notre compte en banque aussi a perdu du poids ces derniers mois. On vient aussi d’apprendre que Yukiko ne recevrait pas son salaire de novembre, pour la bonne raison que dessus seront prélevées toutes les taxes et charges à payer jusqu’à la reprise de son travail…et après prélèvement, il restera environ 0 (et des brouettes), dixit son département des ressources humaines. Bon, on va pas couler financièrement bien sûr, il reste toujours une petite réserve en compte et on arrive à la période des bonus (qui vont tous partir dans le remboursement du bonus du prêt de la maison…arh…) et des remises de taxes pour les acheteurs d’immobilier (qui vont partir dans la taxe de propriété, la taxe de voiture, et l’assurance de la maison).

2e Visite

Yukiko a finalement dormi avec Ryu la nuit dernière, et tout s’est très bien passé (même si Yukiko a assez mal dormi). Puis quand le jour s’est levé, Ryu a réussi à dormir tout seul dans son berceau. Durant la journée, Yukiko n’a toujours pas réussi à le faire boire, mais il n’a pas l’air affamé outre-mesure.

Quand je suis arrivé, Ryu était tout calme, dormant sur Yukiko. Yukiko m’a dit d’emblée qu’elle était pressée de déguerpir de l’hôpital; rien à faire, peur de déranger les autres, bouffe insuffisante. Je la comprends tout à fait, mais j’ai calmé le jeu, elle restera sans doute jusqu’à la fin (moi aussi je préfèrerais qu’elle soit à la maison, d’un parce que je la sentirais plus heureuse, de deux parce que ça m’éviterait de faire la route jusqu’à l’hôpital, et enfin de trois parce que je pourrais voir Ryu plus longtemps).

Peu de temps après que je sois arrivé, Ryu s’est énervé et a commencé à hurler, sans jamais s’arrêter. Je n’ai pas entendu les autres bébés de la chambre chouiner une fois en 3 heures…Je me suis dit “mince alors”, mais Yukiko m’a dit que les infirmières disaient préférer quand les bébés râlent, et qu’elles s’inquiétaient plus quand les bébés ne pleurent pas…moui…ça sent l’intox ou le tatemae, mais au moins ça veut peut-être dire qu’il n’y a pas de problèmes à ce qu’il râle.

Une infirmière nous a montré comment le calmer (le prendre dans ses bras et le bercer), et nous a dit qu’il fallait attendre que Ryu soit calme pour lui donner la tétée (sinon il est tellement énervé qu’il ne se rend pas compte quand il a un mamelon dans la bouche, et en hurlant la langue risque de se placer en haut du mamelon…toute une technique). Et bien Yukiko a réussi à le faire boire une fois, pendant quelques minutes. C’est bien, ça prend le chemin de la normalité. Puis il a accepté de dormir dans son berceau pendant une vingtaine de minutes, avant de vouloir à nouveau qu’on le berce dans nos bras. Je me demande combien de semaines/mois ça va durer.

Sinon, tout le monde semble dire qu’il me ressemble; il a la peau blanche (plus blanche que celle des autres bébés japonais), il a un grand nez (typique des caucasiens), il a un crâne allongé (typique également paraît-il), il a de longs doigts (idem), et…etc. (j’allais faire une bonne blague, mais je me retiens).

En bref, tout va assez bien.

Une photo prise aujourd’hui:

Et puis voici une vidéo approuvée par Yukiko. Elle a été prise juste à la sortie du tunnel (le 21 septembre), donc Ryu est encore couvert de sang séché et autres. Pour les non-fans de bébés, je vous préviens; il se passe deux minutes où…il ne se passe rien!

Visite

Ryu se porte comme un charme et est revenu dans les normes question respiration, donc il a réintégré le côté de Yukiko dans la journée (hier lundi). Yukiko entre temps a repris du poil de la bête, et se porte bien (avec une douleur certaine là où ils l’ont découpée au scalpel (ou était-ce au ciseau?) puis recousue 5 minutes plus tard). Quand je suis arrivé à l’hôpital, les parents de Yukiko étaient déjà là…ils étaient dans les starting-blocks pour venir les voir, elle et Ryu (quand Yukiko leur a dit le prénom de Ryu, le père de Yukiko a demandé: “Ryutaro? Ryunosuke?” -non, non, juste Ryu). Ils sont repartis une petite heure après que je sois moi-même arrivé (je suis d’ailleurs désolé pour eux car je n’ai pas trop causé avec eux; j’avais constamment les yeux et mon attention rivés sur Ryu). Yukiko a essayé de donner le sein plusieurs fois, mais ce n’était pas très concluant. Il crie. Si sa couche est vide, Yukiko lui donne le sein, mais on sait pas bien pourquoi, il ne boit pas trop. Il tête 2, 3 coups, arrête, puis gueule à nouveau. On ré-essaye, mais il tête de moins en moins. Au bout de 20 minutes, Yukiko remballe le sein, le cajole, et il se rendort. Puis 1h plus tard, même histoire. Pour le moment, c’est clair qu’il ne se nourrit pas assez. La nuit venu, moi rentré à la maison, Yukiko m’a contacté (téléphone + mail) pour me dire qu’à ce moment, non seulement il ne buvait toujours pas, mais il n’y avait en plus pas moyen de le faire dormir, sauf à le garder bloti contre elle (ce sont les voisines de chambres qui vont être contentes…mais elles ne peuvent pas dire grand chose, vu qu’il n’y a rien d’autre que des chambres de 4 dans cet hôpital, et que même si les infirmières ne savent pas comment faire taire le bébé, alors on peut rien faire de plus qu’elles. Pas de bol, donc, pour les voisines; si Ryu ne dort pas, elles non plus 😉 ). Cet hôpital, comme beaucoup de cliniques au Japon j’ai l’impression, favorise le sein par rapport au biberon. Je ne serais pas étonné qu’ils préfèrent persévérer pendant plusieurs jours quitte à priver le bébé d’une nourriture adéquate les premiers jours (d’autant plus qu’au sortir du ventre, il paraît que le bébé a une réserve de bouffe pour 1 ou 2 jours), pour tenter à tous prix de le faire boire au sein. Bon, elles connaissent sûrement leur boulot alors on va leur faire confiance, mais après le retour à la maison, si ce genre de situation continue, on va sûrement passer au biberon dare-dare. Ça serait mieux qu’il se nourrisse au sein au début je pense (surtout pour Yukiko), mais on va s’adapter, pas besoin de forcer les choses (?). En attendant, je crois que cette nuit Yukiko va dormir avec Ryu contre elle. Peut-être que tout simplement il n’a pas faim, et veut juste sentir quelqu’un près de lui. Quand il aura vraiment faim, peut-être qu’il se bougera un peu plus pour se nourrir. On verra demain.

And then there were three…

Notre enfant est né vers les 17h, aujourd’hui dimanche 21 septembre 2008. Il faisait 3026g pour 48 cm. Il est en pleine forme et dans les normes, mais comme il a bu la tasse (de plasma) lors de l’accouchement, et que sa respiration est plus rapide que ce qu’elle devrait être, l’hôpital va le garder en observation pendant la nuit. Si tout va bien demain, Yukiko le récuperera dans sa chambre.

Yukiko va d’ailleurs bien aussi, même si elle est fatiguée (quel scoop). Je vais aller travailler cette semaine, mais irai la voir ainsi que le bébé tous les soirs. Date de sortie de l’hôpital prévue: vendredi 26.

Notre enfant s’appelle Ryu. Le kanji correspondant est 龍 (voir le kanji en grand).

C’est un prénom que tout le monde connait, mais rares sont les personnes qui ont exactement ce prénom. En fait, la plupart du temps, ce sont Ryuichi, Ryutaro ou Ryunosuke qui sont utilisés, mais les particules -ichi, -taro ou -nosuke ne me plaisaient pas du tout (goût personnel), alors on a fait sans (notez que l’écriture officielle est Ryū, Ryūtarō, Ryūichi, etc. mais j’entends bien déclarer “Ryu” en écriture officielle, alors même que la prononciation japonaise restera celle de “Ryū”).

La personne la plus connue actuellement au Japon portant ce nom est Ryu Murakami, un intellectuel (ou écrivain, c’est selon). Il utilise d’ailleurs le même kanji. Notez bien qu’on n’a pas choisi ce prénom à cause de Murakami. En réalité, je n’aime pas trop Ryu Murakami, mais comme je ne le déteste pas non plus… Et puis le vrai prénom de Murakami, c’est Ryunosuke, qu’il a lui-même raccourci en “Ryu” (j’en ignore la raison) pour son nom d’écrivain (qui est peut-être devenu son vrai prénom, je l’ignore aussi).

Le premier ministre japonais entre 1996 et 1998 s’appelait Ryutaro Hashimoto, là aussi avec le même caractère. Bref, ce n’est pas un prénom bizarre. Et pour une liste de toutes les personnalités publiques japonaises portant ce nom, c’est ici (en japonais).

Notez que 竜 et 龍 se prononcent de la même façon, et ont un sens très proche l’un de l’autre (tellement proche que le Wikipedia japonais a fait un article unique pour les deux), avec juste une certaine nuance (je ne m’étendrai pas sur le sujet, j’en ai déjà beaucoup trop écrit 😉 ).

Les deuxième et troisième prénoms sont choisis, mais je ne les donnerai que lorsqu’ils auront été officialisés au consulat français.

Je complèterai l’article racontant la journée de l’accouchement dans peu de temps (en mettant à jour la date). En attendant, il y a quelques articles que j’ai déjà préparés (sans rapport avec Ryu) qui seront publiés dans les jours qui viennent.

Et merci à tous pour vos messages!

Naissance?

C’est dans ces moments-là qu’on apprécierait Twitter.

06:30: Perte des eaux. L’hôpital dit à Yukiko de se rendre à l’hôpital. Je n’ai dormi que 3h cette nuit, oops.

07:00: On y va…

08:00: Après quelques minutes d’attente, une infirmière osculte Yukiko et la relie à une machine qui retranscrit les battements de cœur du petit (le cœur bat entre 120 et 170 en continu…c’est normal). Les infirmières confirment que Yukiko a bien perdu les eaux.

08:30: Il n’y a pas de problèmes apparents avec le bébé, la naissance suit son cours. Yukiko n’a pas encore de contractions. La naissance va prendre du temps.

8:45: Yukiko est transférée dans la chambre des contractions. C’est juste une bête chambre minuscule avec une radio et un bouton pour appeler une infirmière, à quelques mètres de la chambre de travail. Yukiko va devoir attendre là jusqu’à ce que les contractions arrivent et soient espacées de 10 minutes. Il y a des chances que ça n’arrive pas. Si demain les contractions ne sont toujours pas assez fréquentes, on lui injectera le fameux produit (陣痛促進剤 , un accélérateur dont même Wikipedia et Alc ne peuvent me donner une traduction) pour forcer la naissance. Le bébé a perdu la poche d’eau qui le protège et avec elle son confort; il faut qu’il sorte sans trop perdre de temps. Ça veut dire qu’il naîtra entre maintenant et mardi, soit un gros maximum de 2 jours et demi.

9:00: Je commence à ne pas me sentir bien. Je n’ai pas assez dormi, je n’ai pas mangé, oops. Yukiko me propose gentiment de rentrer.

9:30: On entend un accouchement se terminer à côté. La future mère halète de douleur. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on entend dans les films, mais c’est quand même impressionant. On entendra le cri du bébé plus tard, et on le verra passer dans un…lit (?), direction je sais pas où (tout s’est bien passé apparemment).

10:00: J’accepte la proposition de Yukiko. Je reviendrai dans la soirée, sauf si l’hôpital me rappelle avant. On note que le portable ne fonctionne pas de la chambre des contractions (on n’avait pas trop d’espoir de toute façon), donc Yukiko est coupée du monde extérieur.

11:00: De la maison, j’appelle les parents de Yukiko pour les prévenir. Ils me répondent qu’ils sont prêts à venir à tout moment s’il y a besoin, et au plus tard quand le bébé sera né.

11:20: Sieste.

14:40: L’hôpital me réveille; “l’accouchement est bien avancé”, Yukiko me demande.

Visite à l’hôpital

Yukiko est allée faire sa visite hebdomadaire à l’hôpital mercredi (elle y est allée en train d’ailleurs). Le bébé  n’est absolument pas en train de descendre.

En dehors de ça, ils lui ont fait une radio du bassin, et ont comparé à la taille du bébé…pour s’assurer qu’il pouvait sortir. C’est courant de faire ça? Ça me semble un peu surprenant. Et en plus, on n’a pas eu la réponse bien sûr. Je ne doute pas trop de la réponse, mais ça n’est pas la première fois que le toubs nous stresse pour faire un exam, et qu’une fois fait et payé, il ne donne pas le résultat.

Lundi prochain, Yukiko doit y retourner pour un examen de deux heures. On ignore bien sûr en quoi consistera cet exam de deux heures.

A priori, Yukiko entrera à l’hôpital le 24 (mercredi), et pendant une journée ils la prépareront à une descente en force (dilatation forcée de l’utérus). Elle restera à l’hôpital la nuit, et le lendemain ils lui injecteront un produit (dont je ne connais que le nom en japonais maintenant) pour forcer le bébé à sortir. Dans la plupart des cas, le bébé nait le jour même, mais des fois il nait le lendemain. Donc le bébé naitra le 25 ou le 26 septembre. C’est pas très fun de savoir quand le bébé va naître 🙁

J’ai demandé à Yukiko le soir combien coûteront ces journées du 24 et 25, mais le toubs ne lui a rien dit. Yukiko me dit “Boah, ce serait pas dans les 20000 ou 30000 JPY ? (132 ou 199 €)”. Sur ma demande, Yukiko a appelé le lendemain pour confirmer, mais l’infirmière qui a décroché a dit “Bah on n’en sait rien. Le personnel soignant est séparé de celui qui fait les factures…on ne sait pas combien coûtent les soins qu’on pratique.”. Genre, ils font ce qu’ils estiment être nécessaire sans se soucier de la facture (que le client paye à 100% car c’est pas remboursé, je le rappelle).

Sur ce, Yukiko a commencé à s’énerver en entendant une telle réponse. Elle commence à dire “Mais ça vous semble normal de payer pour quelque chose dont on ne vous avait donné aucune idée du prix? De ne savoir combien ça coûte qu’au moment où on présente la facture?”.

Il faut dire qu’on se rappelle d’une amie qui avait reçu un devis basique “Ce sera environ 600000 JPY (3970 €) pour tous les frais liés à l’accouchement”, et qui en sortant de l’hôpital s’était vue présentée une facture de 900000 JPY (5960 €)…L’explication était simple (pas claire, mais simple): “Ouais mais vous savez à tel moment on a utilisé tel produit, puis il y a ci et ça…On vous avait pas dit que ça coûterait 300000 JPY de supplément? Mince alors. Mais c’est peut-être vous qui n’avez pas fait les bons calculs?”. Bref, têtes à claques absolues.

Et l’infirmière de répondre à Yukiko: “Mais vous savez, on fait ce qui est nécessaire, alors de toute façon il n’y a pas trop le choix…et ce qui est nécessaire, on n’est pas au courant à l’avance.” (c’est vrai) “ça dépendra de la dose de produit qu’on aura à utiliser” (il coûte si cher que ça ce produit?) “ça peut bien être 50000 JPY (331 €) ou 150000 JPY (993 €)…J’en sais rien.”. Déjà, Yukiko a compris que sa gentille estimation personnelle de la veille était peut-être en-dessous de la réalité. Et puis elle a demandé à l’infirmière de demander “au gars qui fait les factures” de donner une fourchette d’ici à lundi. Au moins, ça nous permettra d’amortir moralement le choc de la somme qu’il faudra verser.

C’est si difficile à comprendre que ça qu’on aime bien savoir à l’avance, ne serait-ce que quelques jours, combien (à peu près) on va devoir payer? Parce que l’infirmière, on avait l’impression que c’était la première fois de sa vie qu’elle entendait quelqu’un oser demander combien ça allait coûter. Mais vous savez, je suis sûr que personne n’ose demander de peur de paraître radin, ou pauvre ne pouvant pas payer, ou insultant envers les toubs, ou parce que l’argent c’est sale et qu’il ne faut pas trop en parler, surtout si ça concerne la santé. Je ne suis pas trop sûr des tenants et des abrutissants ( 😉 ), mais devinez quoi; le monde médical m’a encore énervé.

La forme

N-ième visite de Yukiko à l’hôpital (c’est toutes les semaines maintenant, à 5000 JPY [34 €] par visite qui n’est d’ailleurs pas remboursée. Des visites de 15 minutes).

Le diagnostique: tout va très bien. Tout va peut-être même trop bien d’ailleurs, car selon le toubs, le bébé n’a pas commencé à amorcer sa descente, ce qui veut dire qu’il va probablement être en retard (je sais déjà de qui il va tenir). Je rappelle que le Jour J est censé être lundi prochain, le 15 septembre. C’est férié au Japon, et donc ça aurait été bien qu’il naisse ce jour-là. Mais à priori, non.

Il y a des cliniques au Japon qui forcent la naissance à la date prévue (j’en ignore la proportion, mais elle n’est pas négligeable en tous cas); si le bébé veut sortir avant, ils l’en empêchent, et le Jour J ils le font descendre de force. Avec Yukiko, on était contre ce système, et notre hôpital, donc, est un de ceux qui privilégient une naissance “naturelle” (si on peut dire, car je ne vois pas bien où est le naturel dans toute cette médecine pseudo-protective).

Donc pas de souci, si le bébé est en retard, bah il est en retard. Sauf que si il devient trop en retard, alors ils le feront sortir de force (quand même). En gros, ils autorisent entre 1 et 2 semaines de retard, mais pas plus.

En tous cas, le bébé peut naître d’un moment à l’autre dans les jours qui viennent…on est dans la dernière ligne droite des préparatifs. D’ailleurs, je crois qu’on est des futurs parents indignes; on a acheté des tonnes de trucs pour bébé, et on n’a rien sorti des cartons et plastiques. Enfin si, un peu quand même. J’ai installé le siège bébé dans la voiture. J’ai monté le lit pour bébé (merci Christian!!). On a sorti des emballages tous les cadeaux qu’on a reçu de la famille.

Sinon, on ne s’est documenté sur rien. Genre les infos au sujet des couches, qu’est-ce qu’il faut surveiller chez le bébé, les courbes de poids, les papiers à faire à la mairie, comment aseptiser les biberons, etc, on n’a rien cherché. Durant toute la grossesse de Yukiko, on a acheté UNE seule revue sur les bébés. Je crois qu’elle a acheté un bouquin aussi…genre “Le bébé pour les nuls”. Bref, on est loin du niveau moyen des autres futurs parents. Enfin, je suppose.

Sinon bonne nouvelle, quand Yukiko a apporté des gâteaux à la voisine pour s’excuser de l’effraction de Jordan dans leur maison; en dehors du fait que la voisine a dit qu’elle comprenait bien qu’un chat, ça se lache dans la nature et qu’il fait ce qu’il veut, elle a dit à Yukiko qu’elle pouvait l’accompagner à l’hôpital si l’heure de l’accouchement était arrivée et que je n’étais pas là pour l’y accompagner. C’est non seulement très sympathique, mais en plus surprenant de la part d’un(e) japonais(e), du moins de l’idée que je m’en fais.

Training Day (2)

On est allé faire le training donné par l’hôpital aux nouveaux parents. Ce training était obligatoire pour que je puisse assister à l’accouchement.

Ça a duré deux heures. On n’a pas eu de scoop, mais ce n’était pas inutile (j’aurais tout de même préféré ne pas avoir à prendre de jour de congé pour assister). A part dix minutes complètement perdues avec une jeune toubib qui essayait de parler le plus rapidement possible en n’expliquant rien du tout de ce qu’elle baragouinait, le training fut géré par une infirmière très pédagogue et qui savait parler en public (la toubib, par comparaison, ne savait pas ce que c’est que de parler à des êtres humains).

On a eu une explication sur les différentes étapes entre “tout va bien” et “le bébé est né”, en passant par “putain ce que je douille”. On a vu ce que la mère peut faire à quelle étape (prendre une douche, manger, etc.), à quel moment elle doit appeler l’hôpital, et à quel moment elle doit appeler son mari.

Et puis on a eu une petite explication sur l’accouchement en lui-même, avec le père à côté. L’accouchement dure entre quelques heures et 50 heures. Il y a des cas où il faut opérer d’urgence. Il y a des cas rares où il faut retirer l’utérus à la mère (hein?!?). Bref, “soyez prêts à tout” (Ah bon!). Et “n’oubliez pas non plus que l’enfant peut présenter des anomalies qui étaient indécelables avant la naissance, si c’est le cas, n’allez pas démonter la tête du docteur”.

La salle d’accouchement a deux lits l’un à côté de l’autre, séparé par un rideau. “Il arrive qu’il y ait deux accouchements au même moment, et si l’autre personne ne souhaite pas avoir un homme (“un civil”) dans la pièce, vous serez obligé de sortir” et d’attendre sur le banc en face de la porte.

L’homme est là pour soutenir sa femme (scoop!). “En gros, vous pouvez faire ce que vous voulez à côté de votre femme, du moment que vous suivez les directives du personnel médical. Mais essayez de réserver votre attention pour votre femme; on voit des fois des hommes ouvrir leur journal ou un magazine à côté de leur femme qui morfle…c’est pas super.” (rires dans la salle).

“Notre parking a une tarification un peu spéciale; les 6 premières heures coûtent 100 JPY (0,6 €) par heure, mais à la 7e heure, ça passe à 3000 JPY (18 €) de l’heure. Si vous restez plus de 6 heures, descendez au parking pour sortir votre voiture du parking et la rentrer de nouveau.”. Pas de réduc pour les visiteurs, bien entendu.

Horaires de visite: de 15h à 20h en semaine, et de 13h à 20h le week-end (c’est tout??). Seuls le mari, les enfants, et les parents sont autorisés à faire une visite dans la chambre (de 4 personnes). Les fleurs en cadeau sont interdites lors des visites (des fois qu’on amène des sales bêbêtes pour les nouveaux-nés en même temps).

Enfin, on a visité les chambres (pas mal je trouve), et la salle d’accouchement (lugubre je trouve). Yukiko se demandait si on avait le droit d’amener un radio-CD et d’écouter de la musique pendant l’accouchement. Elle n’a pas osé demander, parce que moi j’étais plié de rire (oops). Le quartier des chambres et la salle d’accouchement sont bien sécurisées; porte blindée (accouchement) ou vitré (quartier des chambres) à l’entrée, avec interphone obligatoire pour demander la permission d’entrer.

Tout un tas de petites règles…qui n’avaient en grande majorité rien à faire avec le fait que j’assiste à l’accouchement. Mais bon, soit…il y avait des choses intéressantes, et des “trucs” préférable de savoir.

Troisième visite

Après quelques recherches infructueuses, Yukiko s’est finalement décidée pour l’hôpital Rosai de Yokohama. Les Rosai sont après les hôpitaux universitaires ce qu’il y a de plus proche de nos hôpitaux en France; ils sont énormes (même taille que les hôpitaux publics français), ont une multitude de services différents, et sont gérés par l’état. Il paraît que leurs médecins sont bons…C’est possible, puisqu’au Japon tout ce qui touche à l’état est vénéré, comme l’administration par exemple. Ça nous fait une belle jambe me direz-vous…”bon” pour un toubs, ça doit vouloir signifier “fait moins d’erreurs”, c’est à dire qu’ils tuent moins de personnes que les autres.

Le Rosai de Yokohama ne fait pas la péridurale, alors que son grand frère de Tokyo la fait (selon leur site web): C’est un accouchement naturel pour Yukiko au programme. Au sujet du prix, ce n’est pas parce que c’est public que c’est moins cher. C’est le même prix qu’à peu près partout, voire même la moyenne haute (550.000 JPY (3487 €) ).

Les chambres sont des chambres de 1, 4 ou 6 personnes. Les chambres de 4 coûtent 2100 JPY (13€) de plus par jour que la chambre de 6 (les femmes qui viennent d’accoucher sont en général hospitalisées pendant une petite semaine), mais les mamans peuvent garder leur enfant près d’elles (dans les chambres de 6, ce n’est pas possible). J’ignore le prix des chambres individuelles, mais le prix perce le plafond en général.

Le problème du Rosai est que les visites ne se font qu’en semaine; Yukiko a donc pris une demi-journée de congé pour aller faire sa première visite là-bas (je n’y suis pas allé). Comme c’était sa première visite au Rosai, elle a dû payer 5000 JPY de frais de première visite. Ces frais de première visite, on les aura payés 3 fois. On saura ce qu’il faut faire sur ce point la prochaine fois, si prochaine fois il y a.

Pour cette visite, le Rosai a fait des examens sanguins et de dépistage du cancer. Je ne suis pas sûr de l’opportunité de tels examens, mais je laisse faire sans poser de questions (quand les toubs reçoivent des questions, ils mordent, alors je fais gaffe). C’est donc pour de tels examens qu’ils nous ont facturé 20000JPY (127 €). Les toubs sont les mêmes partout: avides de fric. Mais ici l’état n’est pas là, ou très peu, pour couvrir leur vénalité.

Troisième visite et donc troisième échographie. Ça suit son petit bonhomme de chemin.