Fantômes

Je pense aux gens qui ont perdu un membre et ont parfois l’impression que leur membre est toujours là, parfois avec des douleurs (je vous plains). Les fameuses douleurs fantômes, bien réelles pour celui qui les ressens, alors même que physiquement il n’y a pas de raison qu’elles existent.

Et bien moi aussi!

Je suis là, et oh! mon téléphone vibre dans ma poche, j’ai un message!!

Problème: j’ai le téléphone dans la main…

Merde, j’hallucine que je me dis…ais au départ. Puis ça a commencé à arriver 10 fois par jour. Moi c’est pas des douleurs fantômes, ce sont des vibrations fantômes. Et c’est franchement prise de tête à la longue.

Le sang a parlé

Et il a dit: “nan nan y’a rien hein”.

Le toubs: “on a vérifié tout ce qu’on pouvait. Le sang en lui-même, les organes (foie, rate, etc), les maladies immunodéficientes, les amygdales, etc. Il n’y a rien du tout, tout est dans la norme.”

Sauf un peu de cholestérol, mais je remarque qu’il a bien baissé par rapport à une certaine période. 3 pages de résultats d’analyse, que des tables avec des nombres.

D’après le toubs, il y a des gars comme ça qui fabriquent des tas de globules blancs pour rien, ou pour une maladie qui n’en méritait pas tant. T’as un rhume? Le corps se prépare au cancer. J’ai dû faire ma précédente analyse sanguine peu de temps après une maladie quelconque que je n’ai même pas remarquée tellement elle était insignifiante, genre rhume (en août?) ou allergie (ah oui ça m’a démangé sur tout le corps il y a quelques semaines).

Le toubs a dit: si j’ai encore un tel taux et aucun symptômes, c’est pas la peine de refaire une analyse.

Bon. Affaire réglée. Trop facile.

Les blancs

Aaalors visite chez mon psy, résultats de la prise de sang de la dernière fois.

Il me fait faire une prise de sang tous les trois mois puisque le lithium a tendance à s’accumuler dans le foie et devient un poison.

Résultat: no problemo. Sauf que. L’examen sanguin avait relevé d’autres valeurs, et le taux de globules blancs était élevé.

Moi: Ah bon, ok. (rien à foutre)

Lui: nan nan nan. Ce taux n’est absolument pas bénin. Il y a quelque chose de potentiellement grave. C’est aussi potentiellement pas grave, mais allez vous faire voir par un médecin.

Le test sanguin a été fait il y a 3 semaines… si c’est grave j’aurais apprécié un coup de fil, hein. Et là il était samedi 18h, ma visite chez le toubs remise à lundi.

Lundi, je vais voir le toubs que j’avais trouvé la dernière fois. Je lui montre les résultats de l’analyse.

Lui: Ah pas mal. Vous êtes fatigué? Vous avez eu des symptômes grippaux ou autre?

Moi: non, rien. Même pas de fièvre.

Lui: Umh. Alors qu’est-ce qui génère un tel taux sans symptômes… Je penche pour une leucémie!

Et il me donne plein de détails sur ce dont une leucémie s’agit. Mais le test datait d’il y a 3 semaines, alors faisons des tests plus poussés.

Une infirmière me prend cinq tubes de sang (d’habitude c’est deux), je patiente 5 minutes et déjà les premiers résultats. 5 minutes pour avoir des chiffres… impressionnant.

Lui: Alors la bonne nouvelle, c’est que le taux de globules blancs a baissé de 20%. On est toujours haut, mais apparemment ce qui a causé cette hausse est probablement en train de se résorber tout seul, voire même ça a peut-être déjà disparu puisqu’il y a un délai entre la fin d’une maladie et la baisse du taux de globules blancs.

Moi: ok

Lui: l’autre bonne nouvelle c’est que vous n’avez pas de leucémie. Si vous aviez une leucémie, le taux ne baisserait pas tout seul comme ça.

Moi: ok

Lui: Ce qui m’ennuie un peu, c’est cette valeur.

CRP: 0.0mg/dL

Lui: C’est votre taux d’infection. Il est à zéro, donc… c’est pas viral. Et donc en l’état des choses je n’ai aucune idée ni hypothèse de ce que ça peut bien être. On va faire des tests en labo, revenez dans une semaine…

Pendant le week-end je me disais que j’allais encore avoir un traitement médicamenteux… mais probablement non. Qu’est-ce que j’ai bien pu avoir.

La honte

Moi à table, Ryu dans la cuisine. Je lui demande de m’amener mon verre.

Moi – le verre qui est sur le comptoir en face de toi

Ryu – hum?

Moi – le verre pokemon, là

Ryu – hum?

Moi – celui qui est juste en face de toi.

Ryu – Ah, le verre Yokai watch?

Moi – …

Et voilà. A près de 50 ans, je suis devenu inculte. Je n’ai pas su faire la différence entre pokemon et yokai watch, deux œuvres absolument gigantesques.

Je pouvais bien me foutre de la gueule de yoda l’autre jour.

Furie

J’avais mes habitudes dans une certaine clinique. Je l’aimais bien car on attendait pas beaucoup, 10-15 minutes. A chaque fois ils me disaient “prenez RDV SVP”. Au moins 10 fois ils me l’ont dit. Un jour j’ai pris mon courage à deux mains, pris le téléphone (que je déteste de tout mon être, sauf quand c’est pour parler à la famille) et pris RDV.

Le jour venu, je viens 5 minutes avant l’heure, me signale à la réception et j’attends.

45 minutes d’attente plus tard, rouge de colère, hors de moi et totalement incontrôlable/fou furieux comme cela m’arrive hélas de temps en temps, je me dirige vers la réception, je hurle (littéralement) mon désarroi en les traînant de connards (littéralement), et je claque la porte. Les filles de l’accueil n’ont pas dit un seul mot, étaient pétrifiées et vertes (pour des Japonais c’est plutôt du bleu d’ailleurs).

Je ne peux plus retourner dans cette clinique, lol. Mais pourtant je dois régulièrement renouveler mes médocs d’asthme.

Heureusement les cliniques pullulent au Japon. Hier je sors de la maison, lance google maps, rentre “toubs” (内科 en japonais) dans la barre de recherche et plouf, une dizaine de résultats dans un rayon de 3 blocs. Un paradis médical ce pays. (il faut dire que j’habite au centre du centre-ville aussi… c’est pas pareil en rase-campagne, hein!)

Je prends le plus proche qui a en plus une note de 4,6 sur 5 sur google. Super clean. J’ai attendu 5 minutes à peine. Il y avait une pharmacie au rez-de-chaussée, qui avait de la ventoline en stock… Le top.

Comme d’habitude il y avait un questionnaire à remplir, avec dedans “listez les médicaments qu vous prenez régulièrement.”… J’hésite toujours, je dis la vérité ou pas? Cette fois-ci je l’ai dite, j’ai listé les psychotropes. Le toubib n’a pas manqué de tiquer dessus:

“euh… ces médicaments là… euh… vous… euh…comment dire…euh”

moi: “je les ai avec un spécialiste, je vous les demanderai pas.”

lui: “ok d’ac”

Lol.

C’est la folie

Juste au passage, hier ce fut une journée éprouvante, j’ai eu une dizaine d’hallucinations avec sa dose d’adrénaline à chaque fois. Principalement des insectes comme d’habitude mais là j’ai vu un chat, une première. Et puis il y a eu quelqu’un qui se tenait derrière moi. Chez moi, d’où j’ai pas bougé de la journée vu que je suis assigné à résidence. Je me suis forcé à ne pas me retourner parce que merde quoi, comment il peut y avoir quelqu’un derrière moi alors que j’ai toujours été là… Et ben c’est pas facile de ne pas se retourner quand tes sens te disent que sisisi il y a quelqu’un. Je vais vers la folie ou quoi? Délire.

Et donc sujet principal du billet. J’ai une bonne amie de l’époque de AT&T, une fille (femme) que j’aime vraiment beaucoup, et chose rare c’est réciproque, je l’avais contactée en juillet, ça faisait 1 an qu’on s’était pas donnés de nouvelles. Je lui avais dit ouais je rentre en Août, je t’appelle, on se voit, etc.

Je suis rentré et j’ai complètement oublié son existence. Là je postule pour la boite où son mari travaille (mari qui me déteste d’ailleurs, il m’a toujours détesté et je sais pas pourquoi. Peut-être parce que j’aime sa femme? Wild guess)

Et c’est en lui envoyant le message que j’ai vu que oui j’avais écrit ça en juillet.

Oui, oublier des trucs pareils ça arrive à tout le monde, on est d’accord. Mais ça m’arrive souvent et avec des gens importants pour moi quoi, hein….

Edit: Le chat n’était pas en vision périphérique et ça aussi c’est une première. J’ai vraiment vu un chat en face de moi pendant… une demi-seconde, j’ai regardé de près tout de suite et y’avait rien (évidemment). Trop bizarre.

La fièvre du samedi soir

Apres mon séjour en famille il y a 2 semaines, j’ai dû enchaîner par un voyage d’affaire de 2 jours dans une succursale dans la cambrousse dans le Ibaraki.

Ibaraki, c’est pas loin de Tokyo. Vu de Hiroshima on se dit “ouais c’est pas loin, c’est pratiquement la même région, t’y vas de chez toi tranquille…”

MON CUL OUAIS. C’est pire que de voyager de la zone 5 à l’ouest de Paris vers la zone 5 à l’est de Paris (via Roissy). Ça m’a pris 3 heures, de chez moi à la succursale en question. Alors que ça prend 3h30 pour faire Yokohama-Hiroshima (800km?). Trois heures dans 4 trains qui s’arrêtent toutes les 2 minutes, mais… c’est un putain d’enfer. Moi qui déteste les trains en plus aaahhh la torture!

Lundi soir (le 2e jour) je quitte la succursale à 17h parce que j’en pouvais plus, je fonce vers la gare de Tokyo où je prends un shinkansen vers Hiroshima pour finalement arriver vers 22h30 chez moi. J’etais. Mort.

Lendemain mardi, pareil. J’ai été un zombie, pas facile facile de bosser correctement. Je l’ai écrit dans mon précédent billet, j’étais déjà mort avec le séjour en famille, les 2 jours de business trip m’ont tué une deuxième fois. Au moins 1 semaine pour récupérer me disais-je.

Lendemain mercredi vers midi, le CEO de la succursale m’appelle et me dit “ouais euh… alors euh… oui euh… la fille qui était assise à côté de toi pendant ton séjour vient d’être testée positif au corona (covid)… hein… attention à toi, hein…”

Alors, une leçon que j’ai apprise, et dont j’ai déjà parlé par le passé, c’est la loi des séries. Quand des merdes t’arrivent successivement, il ne faut pas se focaliser sur les merdes passées, mais plutôt sur ce qui pourrait t’arriver dans les jours qui viennent et te préparer mentalement. Tu pourras pas les éviter, elles vont te tomber sur la gueule de toute façon mais il faut prendre les devants: finir le boulot urgent rapidos, faire des réserves de conneries (bouffe par exemple ou papier toilette que sais-je), annuler tes RDV du week-end, etc.

Retour à mercredi. Par acquis de conscience (je blague; quelqu’un allait bien me trahir, autant que je fasse semblant que j’avais une conscience) je l’ai dit aux RH.

Je vous l’ai déjà écrit: notre DRH a une peur phobique du corona. On me questionne, genre “t’étais à combien de cm d’elle” “tu lui a parlé?” “vous avez mangé ensemble?” (réponses: 1m, non, non).

Réaction des RH: “ah bon bah t’es pas cas contact alors.”

Moi: Ouf.

RH: Mais tu vas quand même rentrer chez toi. Toute la semaine. Hein?

J’aime pas travailler de la maison…ohlala… Bon, je rentre.

Jeudi: travail de la maison. Les RH me demandent “t’as passé un test PCR?”. Euh… non… enfin je veux dire “pas encore”, hein…

Quelle merde. Tout est plein ce jour, il y a de la place le lendemain, je réserve.

Vendredi 14h je passe le test (résultat 2 jours plus tard). 18h pile je ferme le PC et je m’empresse d’oublier cette semaine de merde. Puis je me sentais pas trop bien en plus, toujours cette fatigue qui ne voulait décidément pas partir.

A 22h ça n’allait vraiment pas bien. Je prends ma température: 38,5℃.

Eh beh. Ça devait faire 6-7 ans que j’avais pas eu de fièvre. C’est vrai que c’est pas drôle. J’avais oublié.

A 23h j’avais 39,5℃ et je respirais difficilement.

J’ai passé une nuit atroce évidemment, je vais pas décrire, tout le monde sait ce que c’est.

Au réveil: bah toujours 39,5℃

J’ai pas été voir de toubs, ils servent à rien. J’aurais attendu 2h et payé 20 euros  pour me faire donner de l’aspirine, laisse tomber. Je préfère prendre le risque (faible) de crever.

Je suis tombé à 38.5℃ vers 20h. Dimanche matin j’etais à 38℃, vers 14h j’étais à  37.5℃ et à 20h j’étais à 36.9℃. Et j’étais très fatigué (euphémisme). Bon, rien de spécial, là encore tout le monde a connu ça.

Et le résultat de mon test PCR est arrivé. Négatif. J’ai pas eu le corona. Ou alors je suis tombé sur une souche inconnue jusqu’ici qui a réussi à m’infecter et me faire monter à 39.5 en 9 heures, alors même que je suis resté chez moi tout le temps (sauf pour faire le test PCR). Un maousse corona dopé au red-bull qui voyage dans l’air, s’infiltre par l’air conditionné et te fonce sur la gueule. lol

Je ne me voyais pas aller au bureau le lendemain, j’étais épuisé, je me voyais plutôt bien en voleur de salaire à comater chez moi (je rappelle que les congés maladie n’existent pas et qu’avec 10 jours de congé par an, à moins de ne pas pouvoir tenir debout, tu travailles quand tu es malade) donc j’ai tout raconté aux RH qui sans surprise m’ont dit “et bien tu vas rester chez toi toute la semaine, hein?”. Oui madame. Oh bah mince alors.

Et là, je finis mon lundi en PLEINE FORME. C’est bon, c’est passé. Un gros succès technique aujourd’hui me susurre à l’oreille que les emmerdes sont peut-être finies aussi (jusqu’aux prochaines…). Ce fut une longue semaine.