Administration…

Et vint la période où le terrain de notre future maison fut enregistré à nos noms (50% pour moi, 50% pour elle). Mon nom, le seul officiel, était écrit sur tous les documents et sur le contrat de vente en caractères occidentaux (ie l’alphabet à 26 lettres). Mais sur le document officiel prouvant que ce terrain est le nôtre, les caractères occidentaux sont interdits; il faut des kanji ou des katakana.

Alors je réponds ceci en substance à l’agence. Mais rien n’y fait; “On n’a pas besoin de preuve que les caractères que vous me donnez correspondent à votre nom en alphabet occidental”. Je lui ai donné parce qu’il fallait “faire ça dans la journée sinon c’est terrible et tout et tout…”.

Donc le document prouvant que ce terrain est le mien (à 50%) porte un nom, et absolument aucun document ne prouve que ce nom, c’est le mien. Si je veux prouver un jour que ce terrain est à moi, et bien je ne peux pas. Bien embêtant.

Alors je suis allé à la mairie, et j’ai demandé s’il était possible de mettre mon nom en katakana sur ma carte d’étranger. Et là réponse fabuleuse de l’administration dans toute sa splendeur: “Oui, pas de problème. Mais il nous faut une preuve que les katakana que vous donnez sont bien pour votre nom!”. C’est assez drôle, parce que la carte d’étranger est sensée être la preuve pour tout le reste, c’est de là que l’identité est prouvée…donc il veulent une preuve d’identité en katakana pour faire LE document qui prouve que mon nom en katakana s’écrit bien comme ça…c’est le serpent qui se mord la queue.

Alors (sans se décourager par tant de bêtises), on demande quelle genre de preuve ils accepteraient. La réponse, flamboyante encore: “N’importe quel document plus ou moins officiel avec photo. Une carte d’employé par exemple.”. Effectivement, la carte magnétique de ma boîte a ma photo, et mon nom en katakana. Comment ma boîte connait mon nom en katakana ? La fille des RH me l’a demandé comme ça à la machine à café: “Ah ouais au fait, sur nos cartes magnétiques on met le nom en katakana, comment tu veux qu’on écrive le tien ?”…

Les katakana de mon nom, qui vont me suivre toute ma vie dans ce pays et seront sur des documents ultra-importants ont été décidés à côté d’une machine à café. Sur la demande de l’administration, j’ai dû fournir une preuve bidon pour faire un document ultra-officiel.

Figurez-vous que l’histoire ne s’arrêtera pas là; mon badge de ma compagnie de contient évidemment pas les transcriptions en katakana de mes deuxième et troisième prénoms (mes trois prénoms et mon nom de famille, mis bout-à-bout ne rentrent dans AUCUN document officiel japonais). Donc la mairie a refusé de m’officialiser ces prénoms en katakana. Mais le document prouvant que mon terrain est vraiment le mien contient ces prénoms en katakana. Ceci m’attirera des problèmes dans le futur, j’en suis sûr. Mais à chaque jour suffit sa peine, pour le moment j’ai tellement de choses à régler, qu’on verra le moment venu.

La loi des séries

On enchaîne avec un peu de malchance le lendemain de l’épisode bancaire. Heureusement, cela n’avait rien à voir avec l’achat de la maison.

J’arrive le soir à la maison, et Yukiko me dit: “Il n’y a pas d’eau chaude”. Je téléphone aussitôt à Tokyo Gas pour demander des explications.

La fille au bout du fil me demande si le compteur (dehors) clignote. Réponse non.

Elle me demande de faire un “reset” en appuyant sur le gros bouton derrière le capuchon. Réponse OK.

Elle me demande si l’eau chaude arrive. Réponse Non.

Elle demande si le gaz sort par la gazinière (en l’allumant). Réponse Oui.

Elle me demande d’attendre quelques dizaines de secondes pour voir si le feu ne s’éteint pas. Réponse: le feu ne s’éteint pas.

Le verdict: “Bah c’est cassé. On vous envoie un réparateur demain. Vous règlerez la facture comment ? Liquide ou carte ?”

-…euh…Ouate ? J’ai l’impression d’avoir raté une étape là!

Donc, pas d’eau chaude pour la douche. Comme la gazinière fonctionnait, j’ai fait chauffer de l’eau, puis l’ai versé dans une bassine. Et je me suis débrouillé avec ça. Si Yukiko et moi-même arrivions à faire ça tous les jours, je ne vous dis pas les économies d’eau et de gaz qu’on ferait tous les mois!

Finalement le lendemain, le gars du gaz était vachement sympa (selon Yukiko qui s’est auto-désignée pour l’attendre ce matin); il a appelé de lui-même l’agence de location qui va prendre les frais à sa charge (enfin, à celle du propriétaire).

Accessoirement, le gars du gaz se rappelait de moi (d’il y a trois ans quand il est venu ouvrir le gaz…) ainsi que de Jordan. Il paraît que Jordan ne l’a pas laché, ce qui lui a valu d’être pris en photo par le réparateur (et puis il a eu des caresses aussi). Il est trop sympa ce chat (sauf avec sa sœur).

Un peu de malchance

Le contrat immobilier spécifiait que la vente devait se faire le 27 mars. Cela signifie que tous les papiers de la banque devaient être faits le 26 mars. En fait, la banque demandait un jour de blanc pour traiter le dossier, et il fallait donc faire les papiers pour le 25 mars (dimanche). A noter, les banques sont ouvertes le dimanche pour les prêts immobiliers.Une chose de plus à noter, est qu’il vaut mieux conclure le prêt en habitant officiellement à la nouvelle adresse; c’est un conseil de l’agent, car sinon les taxes sont plus chères (je ne rentre pas dans les détails).

Notre nouvelle adresse a été enregistrée le jeudi 22 mars. La mairie étant ouverte le samedi 24, nous y sommes allés le 24. Moi, je transfère donc mon adresse à la nouvelle adresse, comme je l’ai fait lors de tous mes déménagements au Japon (les étrangers comme les japonais doivent s’enregistrer à la mairie de leur ville/arrondissement). Sauf que là, il fallait que je demande dans la foulée une fiche d’état civil. Ma femme l’a eu de suite. Moi, non. Pourquoi ? Parce que pour les étrangers, cela prend entre une et deux semaines. Pourquoi ? Parce qu’il y a un transfert de dossier entre l’ancienne mairie et la nouvelle (par voie postale…le dossier est sur papier…il est beau le Japon moderne). Et il n’est pas question de faire un état-civil si on ne vérifie pas d’abord que je ne suis pas un sale voyou recherché par la police.

On le dit à la banque. La banque regarde son rule book, et dit: pas de fiche d’état-civil, pas de prêt. On le dit à l’agent immobilier; réponse: mais vous savez que c’est une violation au contrat ? On peut vous prendre 20 millions JPY (127.000 €) de dommages et intérêts, comme c’est marqué sur le contrat!

Connard! C’est pas toi qui nous a dit de faire comme ça ?

“Bon je vais tenter de négocier avec le propriétaire” qu’il nous dit ce con. Bien entendu, le propriétaire n’en a rien à cirer d’attendre 2 semaines max de plus vu le problème, et donc ça passe. L’agent n’hésitera pas une seconde à se vanter de nous avoir sauvé…de la merde dans laquelle il nous avait mise.

On a quand même fait les papiers à la banque. On remplit une douzaines de formulaires. Et vient l’assurance, obligatoire, et dont on a pas le choix de la compagnie. Je remplis le formulaire, et coche “Asthme”. Regard perplexe du gars au guichet. “Attendez, je vais vérifier un truc avec mon chef” qu’il nous dit.

Résultat des courses; il y a 50% de chance que mon dossier ne passe pas dû à l’asthme (je vous rappelle qu’on est considéré comme pestiféré au Japon si on fait de l’asthme. Il vaut bien mieux fumer au même rythme que Gainsbourg, là ça passe sans problème). On a donc le choix entre:

– Déclarer mon asthme. Risquer que l’assurance réponde “Niet!”, se voir refuser le prêt, et se prendre une amende de 20 millions de JPY dans la gueule (là on n’y coupe pas, bien qu’il y aurait procès pour bien vérifier ce qu’il s’est passé)

– Ne pas le déclarer. Mais si je meure d’un accident de la route par exemple (rien à voir avec l’asthme) et que la compagnie d’assurance en faisant son enquête de routine s’aperçoit que j’ai menti lors du contrat, alors elle ne payera pas, et Yukiko se retrouve avec ma part à payer.

Alors moi, face à la banque: “Mais ça serait pas une bonne idée de s’assurer de ce genre de choses avant que le contrat soit définitivement signé ?”

Lui: “Ohlala si. On le demande toujours à l’agence intermédiaire. Ils nous ignorent toujours. Il y a des gens ruinés par ça. Et on n’a pas le droit de contacter directement le client, sinon cela crée de graves problèmes entre nous et l’agence.”

Je note au passage que la banque préfère ruiner le client, que risquer d’avoir des “problèmes” avec une agence immobilière. Il est beau le Japon empathique.

On transmet l’info à l’agence, qui répondra: “Ah ouais? Bah ne le déclarez pas et prenez une assurance privée.”. C’est bien entendu ce qu’on va faire, ce n’est pas comme si on avait le choix. De toute façon, on n’a eu affaire qu’à des gros cons d’agents immobilier, avec des réponses de ce style.

Bon, on peut toujours prendre une assurance privée pour me couvrir en cas de mort (!). On a vu que Aflac couvre l’asthme en partie, et dans le pire des cas (99% des cas) ne le couvre pas mais couvre le reste, même si on est asthmatique. Aflac n’est pas une compagnie japonaise, ce doit être pour cela qu’ils n’ont rien contre les asthmatiques.

Affaires inutiles

Ce qu’on a à jeter avant/pendant notre déménagement:

  • 3 sets de futons
  • 1 grande bibliothèque
  • 2 petites bibliothèques
  • 4 commodes (dont une assez grande)
  • 2 purificateurs d’air
  • 1 magnétoscope
  • 1 sofa
  • 1 petite table ronde de bar

Ari san mark nous prend donc 36,000 JPY (229 €) pour les jeter à notre place. On a fait l’effort d’appeler les Sodai gomi (poubelle municipale pour les grands objets); eux nous prennent 4000 JPY (25 €). Ah. On va faire l’effort de sortir ces choses inutiles dans la rue par nous-mêmes, alors.

Le problème, c’est qu’on déménage le 5, et la poubelle municipale ne peut venir que le 12. Ça veut dire revenir le 11 au soir pour tout sortir. Galère, mais ça vaut bien 32,000 JPY.

Mixi

C’est avec beaucoup de retard que je me suis inscrit à Mixi. J’avais décliné quelques invitations parce que trop de réseaux virtuels devient rapidement ingérable. Mais il faut reconnaire que Mixi est incontournable au Japon, et que les japonais ne sont pas fanas des réseaux professionnels occidentaux.

En naviguant un peu, on voit que les gens se choisissent des pseudos assez délirants. Ma femme s’est auto-nommée “Falcon”. Non mais qu’est-ce que c’est que ce nom, chérie ? Ça vient d’où d’abord ?

A priori mon nombre de contacts ne devrait pas monter vite vite (c’est un euphémisme) ; surtout parce que c’est un réseau qui n’apporte pas grand chose au niveau professionnel, je risque de ne pas y mettre trop d’énergie.

Chat et fibre optique

On dirait que Jordan a encore joué avec le router de ma fibre optique, mon accès Internet était par terre pendant plusieurs heures. Il y a comme un faux contact avec la fibre optique qui arrive chez moi, et il faut toucher le router le moins possible. Jordan l’a bien compris, et c’est pour ça qu’il joue avec le plus possible.

Assurance ?

Je rêve ou la MAAF nous a fait un site comique ? -> http://jelaurai.maaf.fr/

C’est pas possible, je rêve ! Ils sous-titrent le site “Mouvement pour un Avenir Assurément Formidable” (MAAF), et nous sortent des phrases à la “Quand on a rien à dire, on évite de le faire savoir” ou bien “La groite, c’est le refus radical des extrêmes” ??

Incroyable! Il y a une campagne de pub en ce moment avec ce Marcel ?

Déménagement

Avec la nouvelle maison vient une tâche amusante, mais ingrate: le déménagement.

Pour déménager de Mabashi à Ikebukuro (j’avais été embauché deux semaines avant, donc avait peu d’affaires), je ne me rappelle plus qui on avait utilisé.

Pour déménager de Ikebukuro à Yoyogi-Koen, on avait utilisé Akabou. Trop cher (75000 JPY (480 €) pour le peu d’affaires qu’on avait, trop cher).

Pour déménager de Yoyogi-Koen à Denenchofu, on avait utilisé Ari san mark (アリさんマーク). 75000 JPY encore, et là, ce n’était pas cher. (On remarque que plus ça va, plus on va à l’Ouest)

La nouvelle maison est à nous le 27 mars. On aimerait bien déménager aussi vite que possible, mais on est en pleine saison de déménagements (l’année scolaire et surtout universitaire commence le 1er avril). Tous les déménageurs sont sur-bookés et les prix explosent en cette saison.

On appelle Karugamo. Devis par téléphone: 300,000 JPY (1.910 €). Urrkkh. 😯

Du coup, on prend rendez-vous avec 5 compagnies de déménagements (dont karugamo) pour venir faire un devis à la maison.

Première compagnie: Karugamo. Un commercial pas causant. Il prend des notes en passant dans toutes les pièces de la maison sans dire aucun commentaire. Il nous tend le devis: 70000 JPY (446 €). Unh ? Il y a comme un décalage, là…Seulement, je n’étais pas chaud pour Karugamo pour les raisons suivantes:

– Ils ne me donnaient que 30 cartons et trois hanger-box (pour 30 cintres)

– Ils ne faisaient venir que deux déménageurs. Comment le commercial espérait-il que deux personnes puissent porter ma télé ?

– Une collègue les a utilisés; ils sont peu soigneux. Ils n’enveloppent rien, protègent à peine le sol, balancent les affaires, etc.

En bref, ils y vont à l’arrache. Qualité minimum pour prix minimum. Avec une télé super chère, en verre, qui n’est plus fabriquée donc est irréparable, j’avais du mal à accepter le risque. Et accessoirement, ils nous prenaient les trucs dont on n’avait plus besoin pour aussi 70,000 JPY, soit le même prix que le déménagement.

La deuxième compagnie, c’était Sakai. Des pros. Très chers. Mais un commercial super sympa. Premier devis: 280,000 JPY (1.785 €). On lui dit qu’on a devis à 70,000 JPY de Karugamo. Alors ils nous refait un devis, cette fois de 200,000 JPY (1.275 €), et ils nous prend nos affaires inutiles gratuitement. Ah, il n’y a plus que 60,000 JPY (383 €) de différence….Les cartons sont à profusion, comme les hanger-box, avec plein de déménageurs qui viennent.

Leur service est sûrement excellent…mais c’est quand même un peu cher.

Troisième compagnie: Ari san mark. Commercial sympa (la carrure d’un rugbyman). Même type de service que Sakai. Et ils nous fait un devis à 109,000 JPY, dont 9,000 JPY d’assurance (qui couvre 900,000 JPY) pour ma télé. Plus 36,000 JPY pour nos affaires inutiles. Total 145,000 JPY (925 €). Sous condition qu’on signe tout de suite. Cette technique semble être typique de cette compagnie; ils l’avaient déjà employée lors de notre précédent déménagement.

On a signé, car ils nous avaient fait un bon boulot il y a 3 ans. Et il semblait de plus en plus difficile de descendre sous ce plafond pour un tel service. Yukiko a décommandé par téléphone les autres compagnies qui comptaient venir (ils nous ont d’ailleurs dit qu’ils n’auraient sans doute pas pu descendre sous ce prix de 109,000 JPY).

N’aurais-je pas eu cette télé que j’aurais sans doute pris Karugamo. Mais bon, il faut assumer ses achats, hein!

Au fait, vous avez remarqué que la plupart (pas tous) des transporteurs et déménageurs utilisent des animaux (ou insectes…) comme emblême ? Karugamo un canard, Sakai un panda, et Ari san mark une fourmi (“Canard” se dit “kamo” en japonais, et “fourmi” se dit “ari”).

Ce qu’on a trouvé amusant aujourd’hui: le commercial de Sakai s’est foutu de la gueule de Ari san mark sur leur emblême; il disait que certains clients s’étaient plaints de Ari san mark, car la fourmi qui est imprimée sur les cartons de déménagements avaient fait pleurer leur gamin. Je suis sûr que le commercial ne mentait pas, et/mais il y a plein de conclusions à tirer d’un tel commentaire.

Chaleurs

Il y a un chat mâle en chaleur dans le quartier, et il a repéré notre Darma. Ce mâle pourrait bien être celui qui nous l’avait engrossée il y a quelques mois, vu sa couleur.

Bref, il est en chaleur, il est planté devant notre maison depuis ce midi, et il hurle tout ce qu’il peut. Il est bruyant, mais alors vraiment bruyant !

Et notre chère Darma qui était normale ce matin, depuis ce soir, sans doute devenue sensible au charme de ce neraneko, lui répond! Et que ça hurle dehors, et que ça hurle dedans…j’ai l’impression d’habiter dans une caserne de pompiers.