Toujours malade

C’est un peu du délire, ce qu’il m’arrive. Ma sinusite a empiré pendant le week-end. C’était vraiment un sale week-end; les médicaments pour les maux de tête? Pas marché; j’ai eu une migraine non-stop vendredi et samedi. Dimanche, ce n’était qu’un gros mal de tête. Les antibiotiques? Vu la gueule que j’ai maintenant, ils n’avaient visiblement pas marché non plus. La partie gauche de mon visage était éNORme, toute rouge, et commençait à suinter très très légèrement (de pus). Pour comble de la situation, j’ai même deux boules dures qui sont apparues sous la peau, une sur la gorge, l’autre à côté de l’oreille.

J’ai hésité à aller aux urgences pendant le week-end…mais je suis flemmard, alors j’ai attendu lundi matin.

Le 25 novembre (lundi matin), c’était donc la 4e fois en 16 jours que j’allais chez un connard de toubib. Je dis “connard”, mais en fait celui que je vais voir en ce moment, je l’aime bien. Bref, il a fait une de ces gueules quand il a vu la mienne! Il était vert. Sa première question: “Les maux de tête?”. Moi: “Ils n’ont pas disparu une seule fois du week-end.”

J’ai demandé par acquis de conscience ce qu’il se passait, et il m’a répondu “bah les médicaments n’ont eu aucun effet, l’infection s’est étendue.”. Je lui parle des boules dures, et il me répond “Merde, ça veut dire que l’infection s’est étendue aux dents.”.

Il m’a donné des médocs “qu’on ne donne pas généralement, parce que très puissants.”. Il me demande: “Ça vous arrive d’avoir l’estomac détruit à cause de médicaments?”. Moi: “Non”. Lui:”Et bien ça sera peut-être une première avec ceux-ci!”. Deux jours plus tard, je précise que je n’ai eu aucun problème gastrique…c’est du sucre d’orge leurs médicaments. Il rajoute qu’il veut me voir tous les deux jours à partir de maintenant car “la situation est sérieuse”, et que si d’ici quelques jours on ne voit pas d’amélioration, il me redirigera vers un hôpital pour me faire une batterie d’examens. Ça sent l’hospitalisation. Je rappelle que c’est pour une sinusite! Non mais, vous vous rendez compte de leur niveau??

Là on est deux jours après, et ça a vaguement désenflé. Hier soir, j’avais une forme terrible, mais ce matin au réveil j’avais une migraine abonimable. J’ai pris les médicaments. J’ai été cassé de fatigue pendant une heure, puis la migraine est passée…pour revenir deux heures après. On était près de midi, alors j’ai pris mon repas, et pris les médocs. Et Re! Cassé une heure. Mais passé ce moment, plus de mal de tête. Et ce soir comme hier soir, je suis en forme (quoique fatigué…).

Il y a donc comme une légère amélioration (mais c’est pas encore gagné, hein!). Par contre, je commence à avoir un petit mal de gorge lancinant, et j’ai comme le palais à vif; c’est comme si j’avais des tas de petites coupures sur le palais. Est-ce ça a un rapport avec l’infection du moment? Aucune idée.

Demain, retour chez le toubib, pour la 5e fois en 18 jours. Je crois que je vais battre mon record de densité de visites de toubibs.

Le sac

Mes chats adorent les contenants. Comme les cartons, ou les grands sacs. Avec le sac qui servit à ramener les chaussures de Yukiko, Darma se tapait un petit délire. (photos prises à la va-vite)

Elle se bat avec et écrase le sac.

Ah, mais elle insiste.

Mais qu’a-t’elle donc avec ce sac?

Elle l’inspecte sous toutes les coutures.

Ah. Bien sûr! 😆

Darma prendra la place de Jordan, de façon ostensible.

Jordan voudra prendre sa revanche. On le voit s’approcher du sac, tel “un requin fondant sur sa proie le lapin”.

Ci-dessous une photo en pleine action.

Finalement, Jordan fera semblant d’avoir entendu un bruit et s’éloignera en prétextant être occupé par autre chose.

Darma: 2. Jordan : 0.

Backronyms

Vous connaissez les backronyms? Il s’agit de ré-interpréter un acronyme après-coup, et c’est surtout le moyen de faire de bonnes blagues.

Un exemple? En voici deux.

1/ La célèbre marque coréenne LG s’appelle LG car il s’agissait du groupe Lucky Goldstar. Mais maintenant, LG est interprété par “Life’s Good” (exemple sérieux)

2/ IBM veut dire “International Business Machines”, mais peut être désigné comme signifiant “I’ve Been Meeting”, dû à la propension de ses employés de passer leur vie dans des meetings (exemple humoristique).

Maintenant, je dois dire qu’il y a d’excellentes perles dans les backronyms. Les meilleures concernant les voitures. En voici quelques exemples (honteusement piratés d’un site très complet dont je donne le lien en bas de cet article):

AUDI: Automatic Unexpected Death Initiator

DODGE: Dead On Delivery Go Elsewhere

FORD: Found On Road Dead

HONDA: Had One, Never Did Again

HUMMER: Huge Unnecessary Massive Monster, Emissions Ridiculous

KIA: Killed in Automobile

MAZDA: Made At Zoo (by) Demented Apes

BMW: Big Money Waster

FIAT: Fix It Again Tony ou bien Futile Italian Attempt at Transportation

GM: Generally Mediocre

SAAB: Shit, Another Accessory Broken

VW (VolksWagen): Virtually Worthless

Celles sur les compagnies aériennes sont aussi pas mal du tout, quoiqu’un peu longues 😉

Alitalia: Airplane Lands In Tokyo And Luggage In Atlanta

Delta: Didn’t Expect to Land There Anyway

Easyjet: Economy Airline Slows Your Journey Every Time

Pan Am: Passengers Always Need A Mortician

United: Usually Not Inclined To Eliminate Disasters

UTA: Unlikely To Arrive

L’explication des acronyms est ici (Wikipedia, anglais). La version française de ce même article de Wikipedia nous donne quelques bons (mais rares) exemples de ce qu’on peut faire avec les acronymes de nos chères grandes écoles franco-françaises.

Enfin, les exemples que j’ai donnés ci-dessus viennent de cet excellent site énumérant les backronyms. Il y en a vraiment beaucoup, et j’ai passé un bon moment à tout lire.

Nouvelles photos

J’ai pris 5 minutes pour uploader les photos de notre visite à Enoshima en septembre dernier (sachant que les meilleures photos furent déjà publiées dans l’article relatif) et pour uploader 3 photo style.

Voilà, je me fais juste de la pub (nécessaire vu la fréquence des mises à jour que je fais sur les photos).

On en est à 1676 photos dans la gallerie, tout de même. Et il y en a encore quelques unes que je n’ai pas uploadées (si on compte les tirages papiers, alors il y en a vraiment beaucoup que je n’ai pas uploadées).

Anniversaire

C’est l’anniversaire de Yukiko aujourd’hui. Pour cadeau, je voulais aller faire du shopping avec elle (c’est tellement rare que je l’accompagne!), mais comme j’étais coincé à la maison (voir mon message d’il y a deux jours), je lui ai juste donné ma visa.

Elle est revenue avec ça:

C’est vrai qu’elles sont belles. Ça porte à 26 le nombre de paires de chaussures qu’elle a, si j’ai bien compté (30 si on compte les chaussures de sport…). Je pense que c’est en dessous du nombre moyen de chaussures pour les japonaises. Et on n’a encore utilisé que la moitié de la place de nos placards à chaussures, donc on a de quoi voir venir.

Encore malade

Voilà exactement ce dont je me plains régulièrement au Japon; les performances de certains toubibs.

Le 9 novembre (vendredi), je me traînais un rhume (état grippal) depuis 1 ou 2 jours. Le plus gênant, c’était que ça me donnait des bonnes crises d’asthme. Mon toubib me fait une prise de sang, analyse mon sang, voit que l’infection est virale, et me donne des médicaments en conséquence (pour l’asthme, il m’a mis sous perfusion pendant une heure, et la crise du moment est partie).

Le 12 novembre (lundi), impossible de me lever du lit car j’étais trop mal. J’ai pris deux jours de congés pour rester au lit, pendant lesquels j’ai fait de l’asthme en permanence. Le docteur m’avait donné 5 jours de médoc pour la grippe, donc le mercredi je suis retourné au travail (bien que n’étant pas complètement guéri, mais au moins je n’avais plus de fièvre), et suis également retourné voir le même docteur. “Ah ouais vous êtes pas guéri!” me dit le gros con. La grippe avait viré en bronchite. Alors il m’a redonné des médicaments, ainsi qu’un traitement pour l’asthme.

J’ai réussi à finir la semaine, mais j’étais sur les genous. Hélas, je suis sorti du week-end pas remis à 100%. Je traînais une fatigue latente, que j’ai mise sur le dos du temps devenu glacial d’un coup (la température est passée de 20 degrés à 10 degrés en une journée).

Le 21 novembre (mercredi), dans le train le matin, je demande à Yukiko “J’ai pas un truc sur la joue? J’ai l’impression d’avoir comme une mèche de cheveu posée dessus en permanence…”. Mais on ne voyait rien (ce que j’ai pu confirmer en arrivant au boulot). Vers midi, j’avais mal à la tête. En milieu d’après-midi, j’avais deux rougeurs sur la joue, et un gros mal de tête. Le soir, j’avais deux bosses sur la joue, et une migraine. J’avais aussi l’impression d’avoir une plaque de métal posée en permanence sur le visage.

Je me suis dit que ça ressemblait à une sinusite. D’ailleurs pour l’anecdote, Yukiko ignorait jusqu’à l’existence de cette inflammation (副鼻腔炎 en japonais), tout comme tous mes collègues à la boite. Le truc qui n’existe pas au Japon (peut-être parce qu’ils ont des petits nez ? 😉 ).

Bref, 22 novembre (jeudi) au matin, je suis allé voir un otorhinolaryngologue, qui m’a diagnostiqué une sinusite en une minute (il était d’ailleurs impressionné que je connaisse le mot, qu’est-ce qu’ils ont tous à croire que cette inflammation sort de l’espace?). Il me demande si ça m’occasione des maux de têtes. Il m’a dit ça alors que j’avais la tête dans un étau, une migraine à se frapper la tête contre les murs (comment une conne de sinusite peut me donner des maux de tête pareils, ça me dépasse). Je réponds que oui, et il m’a donné un pain killer en plus des médoc pour soigner la sinusite.

Le soir, ma migraine était toujours là, bien portante (le pain killer ne marche pas). Mes deux bosses sont énormes et à mon avis, l’une d’elles va exploser pendant le week-end, et se transformer en volcan à pus (j’espère que vous avez déjà mangé). A moins qu’on arrive à résorber le tout avant…mais d’après Internet il faut compter quelques semaines.

Bref, ça fait deux semaines que je suis un peu malade, et j’ai été voir le toubib 3 fois déjà. J’ai l’impression que je pourrais ne pas y aller, je guérirais aussi vite.

(Double ⇒ Simple) Nationalité

Une discussion qui fait toujours rage au Japon est celle de la double nationalité…car le Japon ne l’autorise pas. Bon, moi je trouve ça bête et dommage de ne pas l’autoriser (“On est japonais et rien d’autre!!”…), mais le Japon fait ce qu’il veut. Mon statut de résident permanent me donne les avantages dont j’ai besoin, s’il y avait mieux, ce serait mieux, mais comme “y’a pas”, et bien tant pis, c’est pas bien grave.

Alors, le Japon et la double nationalité. Le Japon dit haut et clair qu’il n’est pas autorisé d’avoir une autre nationalité que celle du Japon si on a celle du Japon. Mais le Japon est assez cool, dans le sens où il ne vont pas aller traquer les gens qui ne respectent pas cette loi, et les officiels ne vont en général pas essayer de mettre les gens en défaut; par exemple à l’aéroport, ils ne vont pas demander aux japonais d’ouvrir leurs sacs pour vérifier qu’ils n’ont pas un autre passeport, même si le ou la japonais(e) en question vient d’un pays étranger sans avoir un seul tampon sur son passeport, ce qui veut pourtant bien dire la plupart du temps que le ou la japonais(e) a un autre passeport. Mais le Japon n’a jamais dit non plus que ses officiels ne le demanderont jamais. Pour moi, cela représente un risque au regard de la loi, mais pour beaucoup, le fait qu’ils ne connaissent personne à qui cela soit arrivé signifie que de facto cela n’arrivera jamais. Bon…soit…chacun son opinion et son interprétation des choses.

Par contre, si un étranger fait la demande de la nationalité japonaise, le Japon ne fait pas l’autruche; “vous n’avez pas la nationalité japonaise, donc vous avez une autre nationalité (à moins d’être apatride!), donc il faut un papier certifiant l’abandon de votre nationalité d’origine”. Là, c’est clair et net, il y a peu de moyen d’échapper au couperet d’une de ses nationalités (la loi dit qu’on doit toutes les abandonner).

Mais il y a deux cas de figure où le Japon se fait régulièrement truander (je n’ai rien contre les personnes qui le font, car je ne crois pas que cela porte préjudice à autrui, et donc je pense que cela ne regarde qu’eux et leur conscience. En outre, si moi je pouvais avoir les deux nationalités, je les prendrais). Le premier cas de figure est quand un enfant “mixte” hérite des deux nationalités de ses parents, l’un japonais, et l’autre d’une autre nationalité que celle du Japon. Le Japon autorise alors la bi-nationalité jusqu’au début de la vingtaine (soit peu après la majorité il me semble, j’ai oublié l’âge limite exact). A ce moment, le binational est censé choisir entre ses deux nationalités, mais il est vrai que “souvent” (je ne peux hélas quantifier précisément “souvent”) le binational gardera ses deux nationalités. Certains ont eu le bon sens de ne jamais déclarer leur autre nationalité, d’autres amènent avec eux un avocat à chaque renouvellement de leur passeport japonais, d’autres encore se vantent de n’avoir aucun problème pour le renouveler. C’est un cas de figure dans le gris; certains déclarent que pour les binationaux de naissance, la binationalité est “tolérée”, mais cet avis est souvent exprimé dans un flou des plus artistiques (ou plutôt “des plus trollesques” quand il s’agit de forums publics). Je connais moi-même des binationaux de naissance, qui m’ont donné plusieurs versions des faits, et j’ignore ce qu’il en est exactement. Quoique j’aie mon idée sur la question; mon idée, c’est que c’est flou, même pour les officiels japonais qui pour certains n’ont pas trop envie de se prendre la tête.

Le deuxième cas de figure, c’est quand un japonais demande une autre nationalité que la sienne (par exemple la nationalité canadienne). Si le pays d’adoption autorise la double nationalité, ce pays ne va pas demander l’abandon de la nationalité japonaise, et le japonais en question n’a aucun besoin de déclarer sa nouvelle nationalité au Japon. Le Japon n’a alors aucun moyen de savoir que son citoyen a reçu une nouvelle nationalité. Là encore, je me suis entendu dire que le Japon tolérait cette situation. Le principal argument de cet opinion? Les gens n’ont jamais entendu parler de quelqu’un qui s’était fait prendre sa citoyenneté japonaise de force. On n’en entend pas parler? C’est que ça n’existe pas. Ben voyons.

J’ai trouvé l’exception qui doit confirmer cette règle 😉

J’ai rencontré une japonaise, habitant au Canada depuis 30 ans, qui a la nationalité canadienne depuis plus de 20 ans. Elle ne se servait de son passeport japonais que quand elle rentrait au Japon (pas trop louche, hein…mais les gens de l’immigration ne lui ont jamais rien dit). Et puis, elle a eu un décès dans sa famille. Sa famille au Japon a proposé de faire les démarches notariales pour elle, et ça l’arrangeait d’éviter de venir pour ça. Elle n’avait qu’à aller au consulat du Japon au Canada faire une procuration.

Elle est allé au consulat japonais. Elle a fait les papiers. On lui a demandé une pièce d’identité, elle a sorti son passeport japonais. Et là on lui a dit: “C’est marrant, vous n’avez pas de titre de résidence au Canada inscrit dans votre passeport japonais. Comment êtes-vous rentrée au Canada? Vous n’auriez pas une autre nationalité par hasard?”.

Elle, bien embêtée et penaude: “bah…c’est à dire que…” (elle réfléchit vite vite à un bobard qu’elle pourrait raconter, mais aucun ne tient la route. Alors penaude, elle continue) “bah oui…”.

Ce fut leçon de morale pendant quelques minutes, et après qu’on lui ait demandé de choisir entre les deux nationalités (réponse évidente: “je reste Canadienne”), passeport japonais coupé en deux (sur le champ), et frais de retrait de citoyenneté de 250$ canadiens (178€) à payer de force. En une heure chrono, elle a perdu sa nationalité japonaise.

Concrètement, elle s’en fout. Sa vie est au Canada depuis 30 ans, point barre. Mais quand même, je la plains un peu, car sur le moment ça doit vexer et mettre un coup. Et donc, pour conclure, perdre sa nationalité japonaise selon l’application de la loi japonaise, c’est possible, même si une étude empirique de 30 secondes conclue que cela a peu de chances d’arriver (certains sautant même sur la conclusion que “ça n’arrive jamais”). Il faut juste tomber sur une personne (un représentant officiel de l’état) un peu plus à cheval sur les règles que les autres, et oh! surprise, de telles personnes existent au Japon.

Notre Gargouille

Nos chats saisissent toutes les occasions possibles de sortir. A ce moment-là, ils sont heureux (sauf quand ils se font décalquer la tête par un matou de gouttière environnant, comme c’est arrivé à Jordan un jour…par le même chat qui avait fait la cour à sa sœur).

On ouvre la fenêtre du balcon, et hop! Une ballade sur le balcon. Après quelques semaines dans cette maison, Darma a osé grimpé sur un des rebords du balcon. Jordan, lui, n’ose toujours pas aller là où elle n’hésite plus une seconde à se rendre.

Première étape: elle grimpe sur le bloc air-conditionné (photo prise en pleine action).

Deuxième étape: elle monte sur le rebord du balcon. Elle regarde le ciel, jauge le vent. Elle vérifie que l’antenne (ou le ciel?) ne va pas lui tomber sur la tête. Elle regarde un oiseau (ou un ange?) passer. Elle prend son temps. Si elle était humaine, elle se servirait une anisette.

Et puis, elle va au bout du monde. Devant elle, le vide qui me flanqua la frousse. Mais elle n’en a rien à faire. Elle penche parfois la tête, pour mieux voir des détails qui nous échappent. Elle regarde ce qu’on n’ose regarder, elle remarque des choses dont on n’a rien à faire. Elle se soucie de détails qu’on a oubliés il y a des décennies.

(photo déjà vue mardi)

Et la voici, prenant sa pose de gargouille. Face à elle, l’immensité à son échelle. On dirait que c’est son Monde. Face à cet univers, elle n’émet aucun son, n’exprime aucun sentiment ni aucune crainte. Elle reste à fixer on ne sait quoi. Le vent modifie l’aspect de son pelage. On a l’impression qu’elle a toujours été ici, car elle a une pose tellement naturelle.

Elle finit par remarquer le soleil, et décide de lui faire face.

Ses yeux pourraient presque nous donner l’heure. Mais le temps se fige, et moi je l’admire. Elle, elle s’en fout; elle est ailleurs. Elle savoure son moment au bord du Monde.

Frôlage de mort

Des fois, on frôle la mort. Souvent on s’en aperçoit après, mais des fois on sait avant de faire quelque chose qu’on risque gros.

Par exemple, le jour où j’ai failli me noyer aux Sables d’Olonne, j’ai frôlé la mort de très près. J’avais quand même eu droit à un camion de pompier et à une ambulance sur la plage. Et aussi à un tout petit article de journal. Et sincèrement, j’étais pas passé loin des odeurs de sapin.

Mais il y a eu d’autres occasions, peut-être un peu moins évidentes, où il ne manquait pas grand chose pour que la grande dame avec sa faux vienne me voir.

En mai dernier, on nous a installé une antenne TV (un sous-traitant de Yodobashi Camera). Celle-ci est attachée au mur à deux endroits:

Samedi d’il y a deux semaines, il y avait un orage sur Yokohama; vent violent, pluie, etc. Le soir (21h), j’entends comme un bruit sourd et régulier. Je le localise: c’était l’antenne, dont le point d’appui du haut était décollé du haut. Tous les clous/vis étaient au sol. Et je voyais la barre verticale de métal s’écarter du mur de 5 cm, puis revenir le frapper, sous les coups du vent, toutes les X secondes. La barre métallique n’est pourtant pas souple…mais le vent était assez fort pour avoir un tel phénomène. Je me suis demandé si le point d’attache du bas allait résister, et ce qui se passerait si l’antenne se décrochait complètement du mur; pour sûr ç’aurait été un tas d’ennuis, car il y avait risque que l’antenne aille se fracasser contre la maison du voisin qui se trouve en bas du balcon, et alors là, bonjour les dégâts (au propre comme au figuré).

(par dessus le balcon: un grand vide de 15 mètres avec une maison en bas)

Je me précipite sur le téléphone, appelle Yodobashi Camera, qui me répond que comme il est 21h un samedi soir, je vais devoir patienter jusqu’au lendemain. Gueuler sur le gars au téléphone ne changera pas grand chose, pensè-je alors, et je me contentai de lui signifier que je ferai de mon mieux pour réparer temporairement les choses, mais que si je n’y arrivai pas et qu’il y avait des dégâts dû à l’antenne, ils entendraient parler de mon avocat.

J’ai donc décidé de remettre une vis en place moi-même. Sauf que l’attache supérieure de l’antenne est à plus de 3 mètres de haut, et que je ne possède pas d’escabeau. Alors, j’ai décidé de grimper sur le rebord du balcon, et sur la pointe des pieds, en tendant bien les bras au maximum, mes mains arrivaient juste à la bonne hauteur.

Je me suis retrouvé une nuit d’orage, sur la pointe des pieds sur le rebord de mon balcon et les bras tendus vers le haut, avec un vide de 15 mètres derrière moi. Une main plaquant l’antenne au mur, l’autre enfonçant et vissant une vis dans le mur. Sur le moment, c’était une impression apocalyptique, complètement irréelle. Un bon gros coup de vent dans le mauvais sens, une perte d’équilibre, le rebord du balcon qui flanche, et mon compte était réglé.

L’opération (un succès) m’a prise trois minutes. J’en ai eu des courbatures dans le dos et les bras pendant 3 jours.

La compagnie qui avait posé l’antenne est venue une semaine après (samedi dernier). Ils ont remis en place une bonne dizaine de vis. Et ils m’ont demandé 5250 JPY (31.5 €) pour leur intervention.

“Euh…dites les gars, vous croyez quand même pas que je vais vous payer alors que c’est de votre faute?”

Les gars ne savaient apparemment pas que c’étaient leur compagnie qui avait posé l’antenne à l’origine. Alors ils n’ont pas insisté.

Bon, cette histoire, c’est du pas de bol qui s’est bien finie. Moi j’ai eu plus d’émotions que de monter dans une montagne russe (les 3 minutes de frousse que j’ai eues!); c’était marrant finalement.