Cable conducteur

Vendredi dernier, je suis allé au centre de permis de conduire (tenu par la police au Japon) pour me faire un permis de conduire japonais.

Ce que dit la loi

Pour les courts séjours au Japon, le permis international suffit. Sauf que le permis international fabriqué en France suit une convention différente de celle que le Japon reconnait, donc on ne peut pas l’utiliser.

Mais en tant que Français, on peut conduire avec son permis français si on vient en touriste.

Si on a un visa de résident (travail, conjoint, n’importe lequel), il faut se faire un permis japonais dans l’année suivant son arrivée. Pendant cette année, une traduction du permis faite par l’Ambassade de France au Japon suffit pour conduire. Passé un an, il faut impérativement un permis japonais.

Je n’avais pas pris le temps de me faire le permis japonais quand j’était étudiant au Japon et alors même que j’avais plein de temps. Mal m’en a pris. Car j’avais déjà essayé d’aller me faire faire le permis japonais il y a quelques années, et ça ne s’était pas bien passé.

Mon historique

La première fois, je venais juste de déménager. Je vais au centre de permis de Tokyo, j’attends mon tour trois heures, et là le satané flic de service me dit: “Vous n’avez pas fait votre changement d’adresse sur votre carte de résident. On peut pas vous faire le permis.”. C’est très sympa d’attendre trois heures pour se voir refuser le service.

La deuxième fois (trois ans plus tard), j’arrive à 13h au centre de permis. Il y a 10 personnes qui attendent devant moi. A 17h (quatre heures plus tard), il restait encore trois personnes devant moi, alors j’ai jeté l’éponge car j’avais un rendez-vous à 18h à un endroit assez éloigné. Deuxième fois que je perdais une demi-journée de congé pour rien. J’étais vert.

Troisième essai

Vendredi dernier, c’était donc mon troisième essai, et c’était la première fois que je devais aller au centre de permis de conduire de Kanagawa (déménagement dans la préfecture de Kanagawa en avril dernier oblige). Il est situé en pleine nature…il faut prendre le train pour une station assez éloignée de chez moi, puis marcher 15 minutes ou prendre le bus (j’ai pris le taxi).

J’avais pris une journée de congé entière, mais la flemme et le dodo du matin ne m’ont permis que d’y aller l’après-midi.

Leur site web précisait: Pour les changements de permis étrangers, l’accueil est du lundi au vendredi, chaque jour de 8h30 à 9h, et de 13h à 13h30. Je me suis dit “Wow! Il y a tellement peu de gens qu’ils arrivent à tout faire en 30 minutes? Excellent!”.

Que neni…

J’arrive à 12h55. Il y avait une quinzaine de personnes en attente avant moi. J’inscris mon nom sur la liste, un peu dubitatif de la situation (“Mais comment vont-ils faire pour traiter les cas de 15 personnes en 30 minutes?”).

Le policier de service arrive à 13h, et appelle la première personne (une chinoise). La fille va rester à papoter, à s’occuper de son gamin de 4 ans intenable, et à chercher dans ses divers sacs les papiers demandés par le policier pendant 20 minutes!! Sur le site web du centre, tous les papiers requis sont écrits, pourquoi la fille n’avait rien de prêt me dépasse…

On arrive à 13h30. Le policier avait eu le temps de traiter 2 autres personnes. Et là… le policier retire la liste où il faut inscrire son nom pour être appelé. D’accord…le “de 13h à 13h30” veut dire qu’il faut venir écrire son nom dans ce laps de temps, et que le reste de la journée est pour traiter le cas de tous les gens qui se sont inscrits…je ne suis pas sorti de l’auberge.

2 heures plus tard

On m’appelle. Je donne mes papiers et finis la discussion dans un temps record de 1 minute. Il me dit que les papiers sont traités dans l’arrière boutique, et qu’on me rappellera pus tard.

1 heure plus tard

On me rappelle pour confirmer mon nom à rallonge (mes trois prénoms sont inscrits sur ma carte de résident, et ils veulent tout mettre sur mon permis). On me demande si je tiens à avoir le permis moto 125cc. Ça coûte 6000 JPY (36€) de plus et je ne compte pas conduire de 125cc, donc je dis “non”. Et on me dit qu’on me rappellera encore plus tard.

30 minutes plus tard

On me rappelle, et on me fait passer un examen de la vue (très facile d’ailleurs). On me dit d’aller acheter des timbres fiscaux au guichet shōshi, premier étage du bâtiment 1. J’y vais, je reviens. On me dit d’aller prendre des photos de moi au guichet 8, deuxième étage du bâtiment 1. Et qu’une fois fini, je peux attendre mon permis au guichet C, premier étage bâtiment 2.

30 minutes plus tard

Le guichet C premier étage bâtiment 2 est le guichet où tous les permis sont distribués, même ceux des japonais qui ont réussi leur examen de conduite dans la journée. Il y a là des dizaines de gens qui attendent.

La fille du guichet appelle mon nom pour que je vienne prendre le permis. Elle m’appelle par mon nom complet, cela lui prend 10 secondes au moins pour le dire en entier tellement il est long et tellement elle a du mal à le lire.

Ça y est, j’ai le Grâal, je peux rentrer chez moi (un peu moins d’une heure de route). L’expédition m’a pris environ 6 heures et sera à renouveler dans un peu moins de 3 ans (les permis japonais doivent être renouvelés périodiquement).

Heureusement, en tant que possesseur de permis français, je n’ai pas eu besoin de passer un quelconque examen (merci à nos politiques, parce que dans la quinzaine de personnes qui était là, je fus le seul à ne pas avoir eu à en passer).

8 thoughts on “Cable conducteur”

  1. Il faut croire que le concept “administration” est universel…
    Bon, t’as plus qu’à t’acheter une voiture, non ?

  2. J’habite Kanagawa aussi et suis passé par cette étape.
    Le renouvellement est en général beaucoup moins difficile, sauf qu’au premier renouvellement (ainsi qu’au suivant si tu as commis des effractions au code de la route), on est obligé de regarder une vidéo bien moralisatrice et déprimante au possible sur les méfaits de la conduite en état d’ivresse. L’histoire est en gros la suivante. Un salary-man va boire un coup après le boulot avec ses collègues car ils ont décroché un gros contrat. Il rentre chez lui en train et doit normalement prendre la voiture de la gare à chez lui, et comme il a bu il est bien décidé à prendre un taxi. Sauf qu’il pleut, et qu’il n’y a pas de taxi, et que pour juste quelques kilomètres il peut bien prendre sa voiture. Et bien évidement arrive ce qui doit arriver, il renverse et tue un cycliste, qui a un enfant en bas âge. Du coup il se fait virer de son boulot car la société avec laquelle il avait décroché le contrat se rétracte, il va en prison et est obligé de payer des dizaines de millions de yen à la femme de la victime pour assurer l’éducation du fils. Sa femme tente de se suicider à un passage à niveau, sauvé in-extremis par sa fille, qui entre temps s’est quand même faite virée du lycée car elle n’assiste plus au cours depuis que ses camarades traitent son père d’assassin!

    Ca à l’air inventé mais je te promets que c’était comme ça pendant une demi-heure. Je ne savais plus s’il fallait en rire ou en pleurer.

    Désolé pour le commentaire un peu long.

  3. J’aime beaucoup ta manière de raconter “ton aventure” Cable. En tout cas elle m’a bien fait rire. J’aime bien la partie délai d’attente, ça fait service d’urgence d’un hôpital français, où il faut attendre au bas mot quatre heures avant de voir un medecin et plus encore si tu as besoin de voir un spécialiste en urgence.

    Très amusant la manière raconté. En fin de compte tu peux conduire où il manque une pièce au dossier? ptdrr, 🙂

  4. Eh ben quelle expédition !! En Corée, ça prend moins de temps. Le centre de Chungnam était dans la campagne, on a mis plus longtemps pour y aller de Cheonan que si on avait été à Pusan, tout au sud. POur la Corée, on doit prendre un ticket, attendre 10 minutes pour passer au guichet (même avec 6 personnes devant) remplir des papiers, les donner, aller passer le test occulaire ou même si on dit n’importe quoi on l’a (la femme ne parlait pas un mot d’anglais mais on répondait en anglais quand même quand elle demandait de prononcer les chiffres). On doit encore remplir des papiers pour la visite puis quand c’est validé, on passe tout ça au guichet (sans faire la queue). On attend encore 10 minutes et hop on a le permis !!

  5. Cela doit etre un centre important. Dans mon cas 2 heures ont suffies pour recupere le permis japonais. Par contre apres le test occulaire, un agent m a pose quelques questions concernant les permis/tests francais. Un fois le questionnaire rempli, 2 ou 3 questions sur la france et ma region d origine. Par la suite un mini cours de securite routiere. Comme ils voient un nombre incroyablement minime de francais/francophones, ils savaient que je devais passer les voir… enfin bref
    Quelques semaines auparavant j avais pour memoire, etudie le code de la route japonais gracieusement offert dans un centre de conduite.

  6. ca me fait un peu penser à astérix et obélix et les 12 travaux ton histoire …^^
    je tiens à te dire que j’adore ton blog , je suis encore jeune mais j’aimerai faire du commerce internationale et notamment m’installer au japon. Nombreux sont ceux qui me disent souvent que les japonais detestent les “gaijin” et ont du mal à accepter les étrangers! Ca me fait plaisir que tu sois un exemple qui démontre le contraire! Si possible pourrais-tu me parler un peu de ton parcours professionnelle? ( en esperant que tu ne l’as pas déjà expliquer quelque part dans le site^^)
    à tout bientot
    haru-chan

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