La Prisonnière

Tome V de la saga d’A la recherche du temps perdu, et premier livre de 2008. Tout le monde se dit que je vais aller jusqu’au bout de cette saga. Ça vous semble évident, n’est-ce pas? Et pourtant ce n’est pas sûr à priori. Je vous en donnerai la raison d’ici à quelques mois.

Je me rappelle d’une certaine employée japonaise de ma précédente boite, qui parlait français avec un niveau correct bien que loin d’être parfait (moins bon que celui d’autres japonais francophones que j’aie pu rencontrer par ailleurs). Je me rappellerai d’elle encore quelques mois, car elle m’avait raconté avoir lu cette saga en français. A chaque fois que je lis un livre de Proust, je me dis qu’elle m’a raconté des salades, ou bien alors elle n’avait rien dû comprendre. J’admire le niveau de français des livres de Proust, et même si n’importe quel francophone natif sera capable de comprendre ce qu’il écrit (au moins au premier degré), il faut reconnaître que ses phrases et son vocabulaire sont d’une complexité impressionante. Mais de quelle beauté sont les textes!

La Prisonnière me fut pénible à lire, au moins pour la première moitié. La description sans faille de la jalousie parfaite du narrateur, et de la situation de la Prisonnière, furent éprouvantes. La deuxième partie revenant sur une critique sarcastique -maintenant convenue- de la haute sociéte se lit bien vite en comparaison. J’ai sans doute assimilé les lignes principale de la critique de Proust, et je me suis surpris à en regarder les détails de plus en plus. Une bonne part (la plus grosse part, de fait) des références, sous-entendus, et coups de pied sous la table restent incompréhensibles à la bête sauvage inculte littérairement que je suis, mais j’y trouve tout de même mon compte. Je suppose qu’il faudrait s’atteler à la lecture de ces ouvrages plusieurs fois, et à faire nombre de recherches sur le côté pour bien saisir la portée de cette œuvre, mais ce n’est pas quelque chose que je suis prêt à faire. A chacun son projet de vie.

Curieusement, c’est toujours dans les parties les plus difficiles pour moi où je trouve les plus belles phrases qui feraient d’excellentes citations. Sans doute est-ce dû au mystère entourant ces paragraphes que je peine à parcourir, les citations faisant office de soleil luisant alors qu’on se trouve à 2000 mètres sous la surface; car on les comprend, on en tire du jus comme de fruits, et on les accroche dans notre mémoire comme on accroche une peinture acquise à coût élevé à un mur de sa maison. En voici quelques-unes. Notez qu’il ne s’agit pas d’être d’accord ou pas avec ce que le narrateur raconte, mais de savoir si on peut en tirer une quelconque nourriture intellectuelle.

“Etre dur et fourbe envers ce qu’on aime est si naturel! Si l’intérêt que nous témoignons aux autres ne nous empêche pas d’être doux avec eux et complaisants à ce qu’ils désirent, c’est que cet intérêt est mensonger. Autrui nous est indifférent, et l’indifférence n’invite pas à la méchanceté.”

“On a dit que la beauté est une promesse de bonheur. Inversement la possibilité du plaisir peut être un commencement de beauté.”

“On se rappelle la vérité parce qu’elle a un nom, des racines anciennes, mais un mensonge improvisé s’oublie vite.”

“Depuis que l’Olympe n’existe plus, ses habitants vivent sur la terre.”

“La nature ne semble guère capable de (ne) donner que des maladies assez courtes. Mais la médecine s’est annexé l’art de les prolonger.”

J’aurais beaucoup aimé développer sur une des citations, mais cela me prendrait un temps infini. Ceci et mon bien piètre don en ce domaine me font recommander de vous tourner vers un site bien plus apte à la tâche que le mien. Je vous laisse en devoir de repenser aux citations par vous-mêmes, et d’y trouver ce que vous pouvez et voudriez y mettre. Beaucoup d’entre nous en sommes là.

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