Kafka on the shore

Yukiko m’a acheté ce bouquin sans demander mon avis. C’est d’un auteur japonais mondialement connu, l’un des auteurs contemporains japonais les plus connus, peut-être même le plus connu. Elle me l’a pris en anglais, estimant sans doute que je ne pourrais pas le comprendre en japonais. Avec le recul, je crois que ç’aurait effectivement été difficile.

Il s’agit d’une histoire fantastique, ou pour être plus précis une histoire tirée tout droit de la cinquième dimension. Les gens parlent aux chats, peuvent faire pleuvoir des poissons, voient des fantômes, passent dans un autre monde, sont asexués, etc… Le livre est un enchaînement de mystères dont absolument aucun n’est résolu. Pris un par un, on peut toujours y lire une quelconque symbolique plus ou moins bête et simpliste (avec par exemple le narrateur qui tue son père, couche avec sa mère et viole sa sœur…symboliquement…), mais l’œuvre dans son ensemble est…une perte de temps.

Je me suis dit que c’était moi qui n’avais pas compris le sens caché, que mon manque d’expérience de lecture était en faute…alors j’ai cherché les réponses sur Internet. Bah en fait, j’avais raison dans ce que je lui reprochais; il n’y a aucun sens à cette histoire. Même l’auteur le dit dans une interview: “Je n’ai aucune idée du sens de cette histoire. J’ai écrit un rêve, mais moi-même je n’en comprend pas le sens. Bon en fait, en le relisant des dizaines de fois comme j’étais obligé puisque c’est moi qui l’ai écrit, j’ai commencé à comprendre le sens caché. Je recommande donc aux lecteurs de le lire plusieurs fois, ils y verront plus clair.”.

Cet abruti est un grand comique. Lui-même dit qu’il a écrit un truc qui n’a pas de sens, et il demande aux gens de le lire plusieurs fois! Hallucinant. A lire les quelques critiques sur ses œuvres, ce genre d’histoire, c’est son style. Ses histoires (sauf une) sont toutes en dehors de la réalité et n’ont aucun sens. Mais il arrive à vendre super bien, et c’est tant mieux pour lui. En fait, le gars a du génie, mais c’est dans son style d’écriture; ça se lit très facilement. Du moment qu’un livre se lit facilement, il se vendra bien de toute façon. Ça n’a que peu à voir avec le fond de l’histoire. Je recommande donc à tout le monde de tenter d’écrire un livre, avec n’importe quelle histoire; si votre style écrit est bon, vous vendrez.

Mais vous savez, je critique cet auteur et cette histoire, mais je n’aime pas lire les romans pour la même raison. Sortir de la lecture d’un livre sans en retirer une matière à penser ou sans en retirer aucune instruction palpable ne me convient pas. Curieusement, je n’ai pas ce problème avec les films; je peux regarder des films concrètement nuls qui n’apportent virtuellement rien à l’esprit, et ce sans problèmes. Je peux même mettre à ce genre de films jusqu’à quatre étoiles. Mais avec les livres, je n’y arrive pas. Curieux, non? Ça doit être “les goûts et les couleurs”.

5 thoughts on “Kafka on the shore”

  1. On m’a prete Chronique de l’oiseau a ressort du meme auteur en me disant “tu verras c’est geniaaaaaaaal, tu va pas le lacher”… bon ben on va voir hein 😉

  2. Argh! Je suis en train de le lire aussi (mais en français!). Je tourne les pages avidement en espérant trouver les réponses aux histoires bizarres (notemment les poissons qui tombent du ciel…). Bon, ben c’est rapé pour trouver une explication logique.

  3. Je suis bien d’accord qu’on a du mal à lacher le bouquin; Murakami sait très bien comment raconter une histoire et tenir le lecteur en haleine. Ça n’empêche qu’une fois fini… 😉

  4. Bien que Haruki Murakami soit mon écrivain préféré, je comprends bien votre critique. Je ne chercherai pas à vous convaincre, car en littérature comme en cinéma chacun a droit à son registre de sensibilité.
    Je voulais simplement vous dire que votre texte m’a permis de trouver comment écrire un compte rendu de conférence sur Claude Ponti que je devais faire et que je ne savais pas attaquer. Comme je me suis servie d’une partie de votre réflexion, je tenais à vous le signaler. Et aussi à vous remercier, car cela m’a aidé à réfléchir sur les raisons qui me faisaient aimer ces deux auteurs, et à leur trouver un point commun a priori pas évident…
    http://melissalikos.blogspot.com/2008/05/ponti-et-murakami.html
    Mon meilleur souvenir à la grande roue de Yokohama. Sincères salutations
    Dvorah

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