Une journée de fun (Partie 2)

(Suite d’hier!)

On avait déjà entamé l’après-midi, alors on a été manger. Mais la chaleur (28 degrés) nous donnait plus soif que faim. Le soleil, lui, m’avait déjà donné de bons coups de soleil sur la tronche, et dans le cou.

L’année dernière, mon ami Jacky de Hong Kong me vantait la maison hantée du Fuji-Q Highland. Il adore les maisons hantées, mais croit aux fantômes. Il était sûr qu’il y en avait (les âmes de ceux qui sont morts au Mont Fuji), et n’avait pas pu le terminer (il y a des issues de secours, et il était sorti en plein milieu). Moi, je n’ai guère fait que deux maisons hantées en France, et j’avais trouvé ça ri-di-cu-le. Absolument pas effrayant, des décors en carton-pâte, des sons enregistrés pitoyables, bref j’avais rangé les maisons hantées dans la catégorie “absurdités”. Mais Jacky dit rarement n’importe quoi, alors je voulais l’essayer. Notre amie de Kobe avait déjà tenté la maison hantée du Fuji-Q il y a quelques années, et pareil, elle était sortie en plein milieu car c’était “intenable”. Vraiment j’étais curieux. Mais pas inquiet par contre.

Cette maison hantée, c’est du délire. Ce fut LA révélation de la journée et du mois (et la deuxième révélation de l’année).

Voici la maison hantée. Ils ont construit un bâtiment pour elle. Le bâtiment fait 3000 mètres carrés, il a coûté 800 millions de Yen (4,9 millions d’euros). Il est inscrit au Guiness Book des records pour le parcours de maison hantée le plus long du monde: 700 mètres (qu’on doit parcourir à pied figurez-vous). Il faut entre 40 et 50 minutes pour le finir. Une réalisation mégalo de folie totale.

Yukiko et Yōko ont gentiment attendu avec moi (1h30 d’attente), et m’ont laissé rentrer tout seul.

Le thème est celui d’un hôpital désaffecté. On traverse une quantité incroyable de pièces, on monte et descend les escaliers ainsi que les mezzanines, et on suit les flèches au mur qui indiquent la direction. Le décor est formidablement bien réalisé; tous le matos m’avait l’air authentique, quoiqu’un peu ancien. Les pièces sont très sombres, mais on voit bien les tâches de sang et la poussière partout. L’atmosphère est incroyablement bien reproduite.

Bref, on rentre à une quinzaine. Juste après être rentré et s’être fait expliquer les précautions d’usage (ne touchez pas les fantômes, ne les agressez pas non plus, pas de photos, pas de bouffe, pas de blagues aux autres participants, il y a plein de sorties d’urgence, etc), on voit un film explicatif qui raconte ce qui nous attend…mais le film ne montre rien, et est bien en-dessous de la réalité! Puis, on nous sépare par groupes d’amis. Moi j’étais tout seul, alors on m’a dit de faire le parcours tout seul (tant mieux). On nous a donné à chacun une minuscule lampe torche qui éclairait un faible halot de lumière, et go! Avance mon gars!

Les 5 premières minutes furent faciles (la longueur habituelle des maisons hantées?). J’ai croisé rapidement deux surprises que j’ai trouvées bêbêtes (je passerai les détails). Les pièces étaient vraiment très sombres, alors j’étais content d’avoir ma lampe torche. J’ai rattrapé rapidement le premier groupe devant moi, quatre jeunes filles dans la quinzaine d’années. L’une était par terre en position de fœtus, à hurler et pleurer toutes ses tripes. Elles étaient en bas d’un escalier, et il y avait un…enfin une masse recroquevillée qui attendait en haut de l’escalier. Ses trois copines étaient salement embêtées. Elles passaient d’un ton pour la rassurer aux insultes pour la motiver à bouger, mais l’autre à terre continuait de hurler. Scène vaguement apocalyptique. Ses amies m’ont vu et m’ont dit de les doubler. J’ai contourné la fille dans sa panique et je suis monté. J’ai bien fait attention de contourner la…masse en haut de l’escalier que j’ai regardé au passage avec ma lampe…c’était juste une statue d’enfant sanguinolente, mais elle était rudement bien placée sur le chemin de manière à effrayer. C’était effectivement un brin effrayant.

Et puis, plus loin, j’ai croisé mon premier zombie. Ah la vache. Dans cet environnement, ça marque. Sorti de nulle part. Lent, mais on n’a pas envie de traîner. La fille qui paniquait juste avant n’aurait jamais supporté cette rencontre. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à me crisper un peu. Une suite de couloirs et de pièces sombres, où il faut enjamber des…choses (on voit pas bien de loin de quoi il s’agit) et se baisser pour éviter les trucs qui pendent, avec des virages à 90 degrés, des cris lointains (d’autres visiteurs), des scènes dignes des meilleurs films d’horreur sous nos yeux, et (en dehors des cris d’horreur) un silence assourdissant. Il y a certes beaucoup de sang, mais c’est l’ambiance qui est effrayante. Et puis à chaque fois qu’on rentre dans une pièce, on se dit “bon alors qu’est-ce que je vais voir là encore, est-ce qu’il y a un zombie qui va me tomber sur la tête, etc.”. C’est encore pire quand il y a un rideau à l’entrée de la pièce qui cache son contenu. Le temps passé isolé dans ce dédale, à se concentrer sur le mince filet de lumière de sa lampe torche, à scruter tous les recoins pour vérifier qu’il n’y a pas un zombie qui va nous tomber sur le coin de la figure, tout cela rend paranoïaque. C’est vachement long à se frayer un chemin, mine de rien. D’autant plus que j’ignorais complètement les caractéristiques “techniques” (ie sa longueur) de cette maison hantée.

Le truc, c’est que la maison est immense, et il n’arrive pas tant de choses que ça. A force d’attendre, on se monte la tête soi-même. Et quand la “chose” arrive, on sursaute parce que ça fait des minutes qu’on s’est imaginé des trucs bien pires que ce qui arrive.

En milieu de parcours, un zombie récupère notre lampe torche. Il faut alors continuer dans le même genre de dédales sombres, SANS la lampe. Là, c’est le choc. Ça m’a pris la tête de la rendre. Et puis j’ai dépassé un autre groupe. Quand la fille qui était en tête du groupe de 4 s’est retournée et m’a vu, elle a crié de peur. Euh…t’es gentille, je suis pas un zombie, hein.

Je ne vais pas donner plus de détails, sauf pour la dernière scène. A la fin (mais j’ignorait que c’était la fin), un zombie m’a poursuivi (quoiqu’il y en d’autres qui m’ont poursuivi avant, dans le circuit). Mais alors celui de la fin, il était très fort. Il hurlait et faisait un vacarme, on se croyait dans Resident Evil.

Bilan des courses, je n’ai eu aucune problème à le finir (pas de fantômes en vue 😉 ), et j’ai même dépassé deux groupes (je marche vite). Mais j’étais bougrement fatigué (30 min dans la pénombre avec les sens à l’affût en continu et deux, trois frayeurs). L’ambiance est absolument fantastique. Les gens qui ont peur de ces choses-là n’arriveront jamais à le finir. Si on se trouvait dans la vie réelle dans un décor pareil, ce serait littéralement intenable. Je vais peut-être regarder les films d’horreur d’un autre œil maintenant. Et je ne pense déjà plus qu’à y retourner (y’a des amateurs pour m’accompagner ??)

(à suivre)

11 thoughts on “Une journée de fun (Partie 2)”

  1. Super l’histoire! Je crois qu’ils t’ont mis seul parce qu’ils avaient repéré qu’ils avaient affaire à un dur de dur! 😀
    Comme tu l’as si bien dit, la suggestion et l’attente jouent un rôle important dans la génération de la frayeur.
    Je me souviens avoir créé une ambiance “horreur” pour faire peur à une copine au bord de la mer et m’être laissé prendre à mon propre jeu. Atroce! Et bien puni! 😉

    Rien à voir avec le sujet… mais portes-tu cravate et costume en plein été à ta boîte? (Dans la mienne, oui… j’en parle sur mon blog et j’aurais bien voulu avoir ton témoignage et ton avis). 🙂

  2. Je crois pas, non. Vu qu’on n’a pas le droit de les toucher, je pense qu’ils ne doivent pas te toucher.

    On va louer un van pour y aller! 😉

  3. bien raconter,
    perso j’ai trouvé un peu light quoi que tres long,
    du coup avec un ami on s’est prix au jeux,
    mais les 2 filles (japonaises) n’ont trop aimé, lol

    “kowaiiiiiI”

  4. Salut, j’ai également fait le parcours seul hier dans cet hôpital…

    Cette attraction doit se faire seul pour être vécue pleinement. A deux, on se sent vite plus en sécurité je pense. J’ai bien rigolé (jaune) en lisant ton vécu car j’ai eu les même réactions que toi et j’ai également dépassé 2 groupes durant le parcours. Les gens étaient effrayés et m’ont laissé partir devant en me lâchant des “dozo ! dozo !” (vas y ! vas y ! passe devant mon grand).

    Je me suis fait exactement la même réflexion que toi en sortant. Dans la vraie vie, il serait juste impossible de sortir vivant d’un enfer pareil puisque là, les zombis ne nous touchent pas. Dans un cas réel avec tous les dédales et les coins bizarres de cet endroit, je pense qu’on ne vivrait pas longtemps, une minute ou plus… Ca fait froid dans le dos.

    Et le coup de redonne moi ta lampe et finis sans, j’ai aussi été bien dégouté de la redonner d’autant plus que dans les couloirs ils prennent un malin plaisir à en plonger plus d’un dans l’obscurité presque total…

    Et le zombi à la fin court toujours aussi vite derrière …

    En un mot, impressionnant …

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