Rétrospective de ma scolarité (partie 6 – dernière partie)

DESS

Je voulais aller au Japon. Ce DESS y menait apparemment et un bac +5 était un bonus (qui n’aura finalement servi à rien sauf à me vanter à l’occasion d’avoir deux masters).

J’ai beaucoup stressé pour le concours d’entrée un peu pour rien car ça ne se pressait pas beaucoup aux portes, j’avais déjà été au Japon et avait étudié le japonais en autodidacte ce qui prouvait une grosse motivation. Je m’étais aussi beaucoup documenté sur le Japon depuis ma deuxième 1ere. J’ai été accepté sans trop de difficultés (comme l’écrasante majorité de mes futurs camarades).

Parenthèse: Du jour du concours (la veille en fait) j’ai perdu mon sentiment de béatitude de la maîtrise, et ne l’ai depuis jamais retrouvé. Bah, ça pouvait pas continuer ad vitam eternam.

La première année du DESS se passa extrêmement bien. On était… 18 je crois? Enfin 19 au départ avec un abandon quelques semaines plus tard. Rapidement un noyau dur se forma avec moi et 3 autres potes, mais rapidement 2 gros groupes se formèrent. Dans l’autre groupe il y en avait deux qui étaient un peu space et il se retrouvèrent donc rapidement à être un groupe de deux (ça n’avait pas l’air de les gêner le moins du monde, tant mieux pour eux), et tous les autres se parlaient, travaillaient, faisaient la fête, etc. ensemble. (pas toujours tous ensemble, voire pratiquement jamais tous ensemble… ça a dû arriver une ou deux fois seulement).

Le truc qui nous a beaucoup soudé je crois était qu’on venait tous d’une autre ville (le DESS était à Rennes), sauf deux élèves, et qu’on avait tous un intérêt pour le Japon. On est toujours resté entre nous. Mais en dehors de ça, la plupart d’entre nous avions une maîtrise (tatata!) ou un autre bac +4 dans des domaines divers et variés (économie, physique, info, langues, etc). Au moins deux avait un bac +5 scientifique (école d’ingé). C’était vraiment très fun.

Moi j’étais sur la lancée des fêtes non-stop de la maîtrise et… j’étais pas le seul! Et j’étais pas en avance non plus sur mes 2 ou 3 autres nouveaux potes du DESS, ça se sentait qu’ils avaient fait fort aussi.

Bon, les cours… ça dépendait vraiment du prof qui les faisait. Il y en avait des très bien, il y en avait des très nuls. En gros on s’en foutait un peu, nous tout ce qu’on voulait c’était aller au Japon dare-dare. En attendant, il s’agissait de faire la fête, et fêtes nous avons fait à une bonne cadence. Moins qu’en maîtrise, mais pas mal du tout.

A mon immense joie, je me suis fait une copine (Lucile, quoique je sais plus si il y avait un “l” ou deux… attendez, il y a des filles je me rappelle même plus de leur prénom, là ça va encore!) que j’aimais beaucoup (pas quelqu’un du DESS) et ça a été le bonheur… quelques semaines… et puis c’est parti dans une vrille cataclysmique. Elle avait un problème psychiatrique je pense. Je dis pas ça péjorativement. Et comme je suis pas exactement un modèle de stabilité non plus (euphémisme)… ça a fait…pas des étincelles, non… plutôt une explosion thermonucléaire? J’ai mis fin au supplice pour nous deux aussitôt que j’ai compris. J’étais pas heureux d’y mettre fin, voire même très déçu, mais la relation était toxique, et sans doute plus pour elle que pour moi.

Il y a eu un épisode pas cool, qui a signé la fin d’ailleurs… avec toute sa famille participant (mère, père [dont je ne me rappelle plus??], frère, belle-sœur…), moi en train de me dire que ça n’arrive que dans les films des situations pareilles, je nous ai sorti un coup de bluff fabuleux (vraiment un truc impressionnant, le gros menteur professionnel) pour m’en sortir et les laisser gérer entre eux une situation franchement difficile pour les nerfs… Ils étaient vraiment sympas dans sa famille, une belle-famille de rêve. J’étais navré de les abandonner.

Ma cops a été détruite, je sais pas pendant combien de temps mais a priori pas longtemps, lol. Une de ses copines m’a dit quelques mois après que non non, no problemo du tout, donc son “supplice” n’a pas dû durer longtemps, genre quelques jours j’imagine… “détruite”, c’est donc tout relatif. Rien de grave n’est arrivé. De ce que je sais.

Pour la petite histoire lourde, je me rappelle avoir appelé chez sa belle-sœur après un épisode critique pour vérifier qu’elle s’était pas suicidée quand même (ça s’était vraiment mal fini, hein), par acquis de conscience… (où est passée ma conscience d’ailleurs, je ne la retrouve plus, je l’ai égarée quelque part)

(entre parenthèses: ce que je pensais)

Moi: (tu l’as vue?) Lucile est là?

Belle-sœur: Oui, elle veut pas te parler.

Moi: (oui, bah moi non plus) Il n’y a pas de problème, je comprends.

Moi: (elle est toujours vivante donc?) Elle va bien?

Belle-sœur: non.

Moi: (ouais!! elle est vivante, c’est super cool) Ah ouais ouais… euh.. bah… ok bah prenez soin d’elle, merci, bye.

Cet incident n’a bizarrement abîmé en rien ma perception de cette année-là. J’ai été préoccupé quelques jours et puis plus rien. Marrant, hein. C’est juste un coup à prendre en fait, lol. Pour info, je n’ai aucun démon relatif à cette affaire. J’ai passé une année formidable. Bonnes fêtes, bons potes, parler du Japon toute l’année, préparation du voyage… J’ai passé une excellente année.

Deuxième année (au Japon):  L’une des pires années de ma scolarité. Tout est allé de travers. Il y a même eu un mort: ma grand-mère. Bon, il n’y a eu que 5 mois en cours de langue puis c’était le stage en entreprise qui en fait était du travail déguisé.

Il y a eu zéro bonne fête. On s’est réunis quelques fois, au mieux c’était inconséquent. Au pire il y avait de la frite (verbale). Je vais pas aller dans les détails, ce fut immonde, odieux. La part des responsabilités, ouais… Pas facile à déterminer mais j’en ai ma part. Une bonne part. Je serais bien en mal de jeter la pierre à qui que ce soit.

Ce qui est clair pour moi, c’est que comme dans pratiquement tout le reste de ma jeunesse (sauf l’année de maîtrise), j’ai mal géré. J’ai rien vu venir, j’ai jamais désamorcé, j’ai jamais discuté, j’ai jamais négocié, je n’ai eu aucune patience et n’ai pensé qu’à moi. 20 ans après, tout ce qui m’importe est que j’ai été nul. Sur le moment j’estimais être dans mon bon droit (ce qui n’est pas du tout prouvé), mais en ce qui concerne ce que j’ai dit, et bien j’avais tort. Que je sois dans mon bon droit ou pas. Tu ne dis pas des trucs comme ça à des potes, point.

En fait, je repense à l’intégralité de ma scolarité, je repense aux merdes que j’ai eues, ceux qui m’ont fait chier, les profs que j’aimais pas ou qui m’ont fait des crasses etc., et je n’en veux à personne (euh? Comme ça a priori et en y pensant seulement 5 minutes, hein…). Aucun de ces souvenirs ne m’empêchent de dormir. C’est quand moi je n’ai pas fait ce qu’il fallait que ça pince. Tous mes démons viennent de là (et de quelques filles lol). Accessoirement, je réalise que je n’ai pas de démon récent. Ils ont tous plus de 20 ans. Ça doit être le moment où j’ai perdu ma conscience, lol.

J’ai passé de formidables moments. Je ne devrais être que reconnaissant envers la vie de me les avoir donnés. La jeunesse et la scolarité sont des moments tellement difficiles, potentiellement tellement dangereux. C’est terrible de les affronter à cet âge-là, et en même temps c’est justement parce qu’on a cet âge qu’il faut les affronter. Et moi je m’en suis tiré plutôt bien quand on considère ce qui aurait pu arriver. Ouais ouais, je suis pas un cas rare et beaucoup s’en tirent bien. Mais j’ai vu le danger dans les yeux, j’ai vu des élèves s’effondrer ou partir en flammes, j’ai fait face à des murs très hauts, j’ai eu des merdes (qui heureusement se sont résolues sans problème), etc. Perso je m’estime chanceux. Le mérite d’une bonne éducation me revient officiellement (mon diplôme, ma performance.), mais je suis bien conscient que dans le grand ensemble des choses ce n’est pas que le travail/sérieux/assiduité/etc. qui comptent. Pour le reste, et bien ça s’est bien mis pour moi, alors que je n’en avais aucun contrôle, et donc dans les faits aucun mérite pour le résultat. L’univers ne nous doit rien, et tu peux bien faire tous les efforts qu’il faut quand il faut, tu te prends quand même dans la gueule une vie que globalement tu n’as pas choisie. Elle est bien? Tant mieux pour toi. Elle est nulle? Tant pis pour ta gueule.

Ça, c’est le côté objectif.

Pour le subjectif… et bien la scolarité et l’enfance en général, c’est là où le meilleur comme le pire peuvent arriver et me sont effectivement arrivés (c’est mon ressenti, mais je dramatise carrément car en fait y’a bien bien pire que ce que j’ai eu, genre viol, harassement, cassage de gueule, drogue, racket, racisme, etc. Bon, allez, en toute honnêteté il m’est arrivé un truc grave mais je suis pas prêt à en parler). Les meilleurs souvenirs de ma vie sont de cette période, les pires aussi. Et ce sont hélas les pires souvenirs qui reviennent constamment, souvent le soir et le week-end. Si je pouvais oublier l’intégralité de mon enfance/jeunesse, je le ferais. Voilà la conclusion de toute cette période de ma vie: j’aimerais l’effacer.

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