Yumi

En 2e année de DESS, à Tokyo, moi et mon pote Mathias étions allés dans un bar.

A côté de nous, deux filles dans nos âges. Les gars chassant les filles, les filles chassant les gars (l’histoire de l’humanité), on n’a pas mis longtemps à discuter à 4.

L’une très mignonne mais dont je ne me rappelle plus le nom, et l’autre: Yumi.

Yumi était la plus belle Japonaise que j’avais rencontrée jusqu’alors. A ce jour, elle l’est toujours, mais je l’ai peut-être un peu idéalisée. Le temps fait son affaire.

En fait elle était même sans doute la plus belle fille que j’aie rencontrée de ma vie. Et puis c’est même toujours le cas aujourd’hui, allons-y n’ayons pas peur des mots. Elle avait un visage magnifique, un corps parfait, un sens vestimentaire formidable, une façon de parler et une pudeur très mystifiantes. Elle était parfaite. Presque mon idéal. J’étais fou d’elle mais je la voyais intouchable pour moi.

On a gardé le contact, on s’est revus avec quelques-uns de ses amis, dont son petit-copain, un connard incroyable qui l’ignorait et lui parlait mal. J’étais outré.

Jour J.

Apres une journée de travail pas facile, je me prend une heure de train debout pour rentrer dans ma banlieue, je franchis le pas de ma porte et ressens une fatigue énorme, quand le téléphone sonne. C’était Yumi, et elle m’invitait à un bar à Shinjuku. Plus d’une heure de train dans l’autre sens, quoi. Je me suis excusé “Je suis mort, je viens de rentrer après une heure de train, on peut remettre ça à un autre jour? Oui? Merci, bye”.

Jour J + 14 jours

J’entame une relation avec Yukiko, qui allait devenir ma femme.

Jour J + 30 jours

Soirée restau avec des amis, communs à Yumi. Pendant la soirée on parle de Yumi, et de son copain, et les amis me disent “Ah non ils ont rompus il y a un peu plus d’un mois.”

Moi dans ma tête: “hein?? Mais alors ça veut dire que…”

Naaan.

Naaaaaaan.

Naaaaaaaaaaaaaaan!!!

J’avais Yukiko à côté, je pouvais rien laisser transparaître mais… j’ai plus pu parler pendant quelques minutes. J’ai dû devenir blanc lait, j’ai eu mon cœur qui a fait des bonds, j’ai eu des sueurs froides. J’ai vécu un cauchemar en n’ayant pas le droit de le montrer.

Ça allait très bien avec Yukiko qui était elle-même un sacré brin de fille donc je ne me suis même pas posé la question de la larguer pour courir vers Yumi (en y repensant ça ne m’a pas du tout traversé l’esprit). J’ai tout de suite su que la fenêtre était passée et que je l’avais tout simplement man-quéeeee.

Hey, j’ai fait un mariage qui a tenu 20 ans, deux enfants formidables, j’ai rien perdu. Est-il possible de penser.

Toutes les naissances ne sont pas belles. La naissance d’un démon est une horreur. Tu sais que tu vas morfler des années en la revivant encore et encore et tu ne peux rien faire pour régler la situation parce que bah c’est fini et enterré. C’est comme si tu voulais ranimer un mort qui est mort depuis un mois. Va guérir de la mort, toi.

Et c’est donc depuis ce jour que je ne refuse plus d’invitation. Je l’ai déjà écrit, mais on t’invite, tu y vas, au pire tu t’ennuies quelques heures, fin de l’histoire et c’est pas grave. Mais ce qui peut potentiellement arriver de positif tu n’en as pas forcément l’idée ou la conscience avant d’y aller.

 

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