Troisième visite

Après quelques recherches infructueuses, Yukiko s’est finalement décidée pour l’hôpital Rosai de Yokohama. Les Rosai sont après les hôpitaux universitaires ce qu’il y a de plus proche de nos hôpitaux en France; ils sont énormes (même taille que les hôpitaux publics français), ont une multitude de services différents, et sont gérés par l’état. Il paraît que leurs médecins sont bons…C’est possible, puisqu’au Japon tout ce qui touche à l’état est vénéré, comme l’administration par exemple. Ça nous fait une belle jambe me direz-vous…”bon” pour un toubs, ça doit vouloir signifier “fait moins d’erreurs”, c’est à dire qu’ils tuent moins de personnes que les autres.

Le Rosai de Yokohama ne fait pas la péridurale, alors que son grand frère de Tokyo la fait (selon leur site web): C’est un accouchement naturel pour Yukiko au programme. Au sujet du prix, ce n’est pas parce que c’est public que c’est moins cher. C’est le même prix qu’à peu près partout, voire même la moyenne haute (550.000 JPY (3487 €) ).

Les chambres sont des chambres de 1, 4 ou 6 personnes. Les chambres de 4 coûtent 2100 JPY (13€) de plus par jour que la chambre de 6 (les femmes qui viennent d’accoucher sont en général hospitalisées pendant une petite semaine), mais les mamans peuvent garder leur enfant près d’elles (dans les chambres de 6, ce n’est pas possible). J’ignore le prix des chambres individuelles, mais le prix perce le plafond en général.

Le problème du Rosai est que les visites ne se font qu’en semaine; Yukiko a donc pris une demi-journée de congé pour aller faire sa première visite là-bas (je n’y suis pas allé). Comme c’était sa première visite au Rosai, elle a dû payer 5000 JPY de frais de première visite. Ces frais de première visite, on les aura payés 3 fois. On saura ce qu’il faut faire sur ce point la prochaine fois, si prochaine fois il y a.

Pour cette visite, le Rosai a fait des examens sanguins et de dépistage du cancer. Je ne suis pas sûr de l’opportunité de tels examens, mais je laisse faire sans poser de questions (quand les toubs reçoivent des questions, ils mordent, alors je fais gaffe). C’est donc pour de tels examens qu’ils nous ont facturé 20000JPY (127 €). Les toubs sont les mêmes partout: avides de fric. Mais ici l’état n’est pas là, ou très peu, pour couvrir leur vénalité.

Troisième visite et donc troisième échographie. Ça suit son petit bonhomme de chemin.

Deuxième écho

Le 16 janvier, Yukiko avait été dans une clinique qui ne pratique pas les accouchements, mais fait juste le suivi de la grossesse. On a appris par la suite qu’il vaut mieux se faire suivre dans une clinique qui pratique les accouchements, car on peut y réserver sa place…et les places sont chères, car apparemment peu nombreuses. Yukiko a donc repéré une clinique faisant les accouchements qui lui plaisait bien, et nous y sommes allés pour sa deuxième visite de suivi.

Cette clinique ne pratique pas la péridurale (c’est la seule qu’on ait trouvée qui ne la pratique pas pour le moment, coïncidence). On a attendu une petite heure car c’était sans rendez-vous, et on lui a fait sa deuxième échographie.

Un vrai progrès, non?

On a montré la photo de la première écho au toubs, mais elle n’en avait rien à foutre. “C’est pas le même calibrage, j’y comprends rien”. Désolé ô demi-dieu docteur de vous avoir fait perdre 5 secondes de votre temps…

Diagnostique étonnant du toubs en 2 minutes: “Y’a pa’d’problème, ça baigne.” (pun) “Revenez me voir dans deux semaines.”. Temps de la visite: 4 minutes. Je travaille Yukiko au corps pour qu’on n’aille pas payer les docteurs pour le plaisir…C’est à dire concrètement qu’on espace les visites…

On demande à réserver la place de Yukiko dans cette clinique, mais pas de bol, ils sont “plein en septembre”. On s’est mis en liste d’attente à tout hasard. Cette visite nous a coûté 10000 JPY (63€) cette fois-ci (car la clinique est plus cotée…). Il faut bien que le satané toubs paye ses 10 infirmières qui font l’accueil (sans rire) ET sa nouvelle Mercedes-Benz SLK 500.

Yukiko est en train de faire un tour d’horizon virtuel des cliniques pas trop loin, avec parking ( 😀 ), ouvertes le week-end (pour le suivi de la grossesse…histoire de pas avoir à en plus prendre de ses congés de peau de chagrin pour voir un toubs 10 minutes), et pas trop chères. On a trouvé quelques cliniques qui ont l’air sympa.

Première écho

Yukiko a fait sa première échographie le 16 janvier, c’est à dire le lendemain de son test HGC.

C’est avec l’échographie suivante que le toubib déclara sans hésiter que “Ah bah oui, vous êtes enceinte.”

La boule qu’il y a dans le rond rouge, c’est ce qui va devenir un bébé.

Le toubib n’a guère fait que ça. Quel travail éreintant, n’est-ce pas? Ah oui, et en plus, c’est vrai qu’il a récité les interdictions à respecter pour quelques mois: pas d’alcool etc. Et pas de sport. Zéro. Sauf ce qui est considéré comme “sain et non dangereux”, c’est à dire la gym prénatale, la natation prénatale, etc. Bon, bah soit. Ça m’étonne un peu, mais qu’est-ce que j’y connais après tout?

Yukiko passe à la caisse. On lui dit “Ce sera 8000 JPY”(51 €).

Yukiko, choquée: – L’assurance maladie ne rembourse pas?

La réponse qui tue: – Mais vous n’êtes pas malade. Pourquoi voulez-vous que l’assurance maladie rembourse?

Ah ouais. Pas mal. Amusante conception (pun). Ça donne la couleur; presque tous les frais médicaux relatifs à la grossesse et à l’accouchement ne seront pas remboursés. 51€ pour une conne d’échographie, je ne vous dis pas combien coûte l’accouchement en lui-même. Je me demande comment font les pauvres. Vu comment ils ont l’air de sur-appliquer le principe de précaution ici, cela explique peut-être pourquoi le taux de mortalité maternelle du Japon n’est pas le meilleur du monde: les pauvres ne peuvent pas se faire suivre correctement.

(Pour information le taux de mortalité maternelle du Japon est supérieur à celui du Royaume-Uni, des Pays-Bas, et de biens d’autres…mais est inférieur à celui de la France [Réf: Wikipedia, la page sur la grossesse])

Hormone Gonadotrophine Chorionique (Glycoprotéine)

Le week-end dernier, on devait aller faire du snowboard. J’avais même acheté un ketsu-pad (seuls les snowboarders parlant japonais devraient savoir à quoi ça sert) pour éviter certaines douleurs de la fois dernière.

Et puis il a fallu un peu d’hormone gonadotrophine chorionique dans l’urine de Yukiko pour que ce soit annulé. Ça commence bien, je sens que les toubs japonais n’ont pas fini de me prendre la tête.

Bref, oublions notre rancœur envers les blouses blanches de médecine deux secondes, et montrons comment on a décelé le HCG dans le pipi de Yukiko: (cliquez ici)

Il y a des chances pour que le nombre d’articles de la catégorie “Y” de ce blog monte en flèche dans les mois qui viennent 😉

Francophone

Yukiko est en train de devenir francophone. On est loin du compte avant qu’elle ne puisse s’exprimer en français, mais…le travail avance.

L’école où elle va (Institut Français), sponsorisée par le ministère français des affaires étrangères, enseigne le français comme à l’école en France (de ce que j’ai entendu et compris, mais moi je n’y ai jamais pris de cours 😉 ). Ça voudrait dire qu’on apprend la grammaire etc d’une façon très officielle, et que les cours visent le long terme. Ça veut aussi dire que la part faire à la conversation est limitée, et que les élèves ne savent pas tenir une discussion avant longtemps, et c’est bien démotivant pour les élèves qui n’ont pas que ça à faire dans leur vie. Par contre, j’ai rencontré des japonais(es) qui avaient tenu bon, et oh! après quelques années de cours, leur français était vraiment bon, autant à l’écrit qu’à l’oral. Alors, je n’ai pas rencontré assez d’élèves pour pouvoir faire une quelconque généralisation soutenue sur telle ou telle école (quoique je recommande cette excellente organisation pour son excellente qualité! Leur page d’accueil est orientée traduction, mais ils font aussi des cours de français), et donc je ne peux guère affirmer quoi que ce soit, mais l’un dans l’autre, je fais assez confiance à l’Institut Français dans son enseignement.

Enfin, ce message (qui est en fait sans rapport avec le paragraphe ci-dessus) est surtout pour annoncer que Yukiko a réussi l’examen du 5e niveau du Diplôme d’Aptitude de Pratique au Français (DAPF, n’existant qu’au Japon apparemment?). Elle est super contente, et c’est un bon point pour sa motivation à apprendre cette langue.

Il fallait 60 points (sur 101,5 points apparemment), et elle en a eu 84. Un succès franc, donc!

Pour relativiser le succès, voici quelques questions qui tombèrent dans cet examen de 54 questions en 45 minutes (je n’écris pas les questions, car elles sont devinables facilement):

  • 1) Elle habite dans ( ) petit village

① des ② un ③ une

  • 2) Il ( ) à la mer.

① va ② vais ③ vas

  • 3) Tu ___ ___ ___ ?

① âge ② as ③ quel

  • 4) Comment vous appelez-vous?

① Pierre Dupont. Et vous?

② Très bien, merci. Et vous?

  • 5) 距離 (en japonais: “distance”)

① court ② froid ③ long

Il y avais aussi de l’écoute, et des dessins avec la bonne description à choisir à côté. Je trouve ça honnête comme qualité. En avant pour le niveau 4!

Yakuza (suite)

(Suite de cet article, et de cet article)

L’une des premières choses que l’oyabun a fait: demander si xxxx-san était là. Enfin ses mots exacts étaient plutôt “où est passé ce connard de xxxx ?”. Xxxx ? C’est le petit jeune qui était allé emprunter les dizaines de millions à la mafia.

Parce que le président, pour sans doute ne pas se salir les mains, n’est pas allé de lui-même emprunter l’argent. Il a choisi un petit gars (25 ans) avec qui il s’entendait bien dans la compagnie, et il lui a demandé d’aller à tel endroit, de sa part, pour emprunter une somme fabuleuse. Au passage, il lui avait demandé de mentir sur le CA de la compagnie pour justifier d’un gros emprunt.

On dirait que le petit gars avait trouvé ça “louche”. Qu’est-ce qu’il aurait fallu pour qu’il trouve la chose complètement illégale ? Pourquoi il y a quand même été reste une énigme. Pourquoi les yakuza n’ont pas vérifié le CA de la compagnie semble être une énigme, mais à la réflexion n’en est pas une; si l’emprunteur ne peut pas rembourser, alors les biens de l’emprunteur deviennent ceux des yakuza. Ça peut devenir une bonne affaire pour eux. Et puis de toute façon, avec les intérêts outranciers qu’ils prennent, ceux qui vont leur emprunter de l’argent devraient comprendre qu’ils n’auront aucune chance de rembourser. Donc les mauvais payeurs ? Ce n’est pas souvent de leur faute, les dés sont pipés, car les yakuza s’arrangent le plus possible pour que les emprunteurs ne puissent pas rembourser.

Un mois plus tard (en janvier), Xxxx démissionait. Juste avant que la tempête n’arrive, sans donner plus d’explications que ça à ses collègues. Je me rappelle que les gens n’avaient pas bien compris pourquoi il arrêtait soudainement. Et il a intégré une boite de conseil en…finance! C’est comique.

Le yakuza l’a insulté verbalement quand il a su qu’il ne travaillait plus dans la boite. Et il a demandé aux employés de lui faire transmettre un message: “Qu’il m’appelle, je veux lui parler”. On sait toujours pas de quoi. On sait par contre que les yakuza l’ont cherché, ne l’ont pas trouvé, mais ont trouvé ses parents. Et ils ont mis un peu de pression (rien que du verbal, pas de physique). On ignore ce qui s’est passé après. De par un de ses amis, on a appris qu’il n’en menait pas large; si procès il y avait un jour (qui que soit celui qui intentera un procès), il devrait fatalement témoigner, et il serait sans doute viré de sa compagnie. Parce que ça fait pas cool d’avoir un consultant en finance qui a été emprunter de l’argent à la mafia en mentant sur le CA de sa compagnie. Vraiment pas cool. On est au pays des bonsai ici, les branches rebelles, on les coupe 😀

(à suivre)

Yakuza (suite)

(Suite de cet article)

Le président avait donc payé les salaires de tout le monde jusqu’à fin avril. Oui, mais tenez-vous bien, en liquide. Ohohohoh, on se gausse. Le motif donné ? “Ben si je le met sur un compte en banque, la banque va le saisir”. Certes. “Alors il vient d’où cet argent en liquide ?”. Personne n’a demandé.

Vous l’aurez deviné, ce crétin parfait n’a rien trouvé de mieux que d’aller emprunter de l’argent à la mafia locale. Avouez qu’il faut en tenir une couche quand même. A la mi-mai (juste après le départ de mes parents du Japon), la boite de Yukiko, c’est devenu sordide.

Un soir, coup de fil général à tous les employés (selon la méthode de la chaine: un ponte appelle 3 ou 4 personnes, qui va lui-même en appeler 3 ou 4, et ainsi de suite): “Ne venez pas demain. C’est dangereux, il y a des gars louches qui trainent.”.

Un soir, le DRH (bras droit du président) n’aurait pas osé sortir du bureau. “Y’a quelqu’un qui rode, je sens que c’est moi qu’il attend”. A une heure du matin, il était toujours là (selon le dernier employé qui est resté jusqu’à cette heure-là). Le lendemain, il n’y était plus, mais les fenêtres du premier étage avaient été explosées. Et puis il répondait pas à son portable. “Mince, ils lui auraient pas fait la peau quand même ?” que tout le monde se disait avec un peu d’incrédulité.

Non, ils ne lui ont pas “fait la peau”. “Ils” (y’a un doute sur qui est “ils”) se sont introduits de force dans les bureaux, et lui ont flanqué la trousse de sa vie. Il s’est planqué quelques jours. D’après quelqu’un qui l’aurait eu au téléphone quelques jours après, sa femme à côté de lui était complètement hystérique. “C’EST QUI PUTAIN ?” ou “TU CROIS QUE C’EST LE MOMENT DE TELEPHONER, CONNARD ??”. ÁE

Yakuza

Alors voici un sujet qui va probablement m’attirer du monde en provenance directe de google.

Yukiko aura eu presque toutes les expériences dramatiques possibles dans la vie professionelle. Après l’action en justice de l’année dernière (dont le résultat nous a bien aidé dans l’achat de notre maison 😀 ), ne voici pas que sa compagnie actuelle (celle où elle était entrée après sa sortie tonitruante l’année dernière) fait faillite. Le bruit courait depuis février, quand plusieurs fournisseurs avaient appelé pour dire quelque chose du genre “euh…je crois qu’on n’a toujours pas reçu votre paiement ce mois”. Le président introuvable à ce moment. Il réapparu quand même deux jours plus tard, pour dire à ses managers: “les caisses sont vides”. Sympa. Il aurait pu le dire avant, parce que l’apprendre des fournisseurs, c’est pas top et on paraît drôlement bête. Bref.

Plan de sauvetage ? “Bossez plus” (“plusse”). Mais le salon de beauté luxueux situé en plein milieu de Ginza ferme ses portes un mois après. Et puis les fournisseurs deviennent enragés. Au téléphone, ça vire à l’engueulade sévère avec celui ou celle qui a le malheur de décrocher. D’ailleurs, quelques tout petits fournisseurs vont fermer leurs portes eux aussi quelques mois plus tard, faute de recouvrement de la dette. Et puis quelques commerciaux de ces fournisseurs vont se faire virer par leur boite, car ils sont nommés responsable du non-paiement (c’est leur travail de savoir si le client va payer ou pas). Dont un ami de Yukiko.

Le président de la boite de Yukiko était adulé et respecté de son staff. De son propre aveu, il “gérait des millions de dollars chez Morgan Stanley” (à moins que ce ne fut Meryll Lynch, je les confonds toujours) “dans leur bureau de New York”, avant de soulever des fonds pour créer sa propre boite de cosmétiques. Seulement voilà, on peut être un excellent employé et un excellent financier, sans pour autant être un bon manager et/ou un bon entrepreneur.

Je passe sur nombre de discussions/commentaires/paroles de ce président lors des 3 derniers mois concernant le sauvetage de sa compagnie, commentaires tous plus pathétiques les uns que les autres. Mais il a continué de payer les salaires de tout le monde jusqu’à fin avril. Les loyers de bureaux, les factures par contre, il n’a rien payé. On a même appris qu’il n’avait pas payé à l’état les cotisations sociales (maladie, retraite, etc) prélevées sur les salaires de tout le monde (heureusement, il se trouve que du moment que ces charges aient été prélevées sur le salaire pour ce motif, l’état paye pour les employés en cas de non-paiement par la compagnie). Il n’a jamais voulu parler en personne à un seul fournisseur qu’il avait entubé. Il n’a jamais fait personnellement une seule déclaration au staff de sa boite, mais seulement à ses managers, dont Yukiko qui répétait tout à son équipe.

(suite au prochain article sur le sujet)

Photo

Ma miss va encore apparaître dans un magazine, et ce fut séance photo hier. Elle a reçu plein d’épreuves dans lesquelles elle doit choisir quelle photo utiliser; moi j’aime bien celle-ci, alors je la présente.