Attribution des place en crèche: la boite noire de la mairie (suite)

(suite du billet précédent)

Et figurez-vous que certains ont eu la finesse de venir parler avec les employés de la mairie avant la première sélection pour s’enquérir des demandes qui avaient déjà été faites, pour savoir quelles crèches avaient vraisemblablement encore des places disponibles. Ceux-là ont eu une place, parce qu’ils savaient quelle crèche demander. C’est quoi cette politique de pays du tiers monde, où il faut aller tchatcher avec la conne du comptoir de bar de la mairie pour soutirer des infos??!? En gros, ceux qui font dans les règles en croyant en la justesse et l’équité du travail de la mairie se font avoir. C’est moi et Yukiko, par exemple.

Accessoirement, Yukiko en parlait avec notre voisine d’en face (une grand-mère). Remarque de la grand-mère: “Mais quand on voit la maison que vous avez, c’est un peu normal que vous ayez été refusés.”. C’est sympa, elle aurait pu dire “T’es riche sale con, t’as droit à rien, tu te démerdes et bien fait pour ta gueule”, mais elle s’est retenue. En France, on y aurait eu droit tel quel, mais au Japon, voilà, les gens se retiennent et vous assassinent tout en retenue. Mais alors l’aspect de fond socialo-naze déblatéré par des crétins aigris et jaloux, je l’ai bien retrouvé. Ah, séquence nostalgie, je me suis crû retourné en France.

Cette même voisine dont la fille habite à quelques centaines de mètres, nous racontait que sa fille avait eu une place sans problème il y a quelques années (vu que sa mère habite à côté, elle aurait dû avoir une priorité moindre que tout les autres dont ce n’était pas le cas, c’est à dire la majorité des familles). La technique de la fille que nous a racontée sa mère? Elle est allée à la mairie habillée en gueunilles, pleurer qu’elle n’avait pas de sous, que sa mère (qui habite juste à côté d’elle, donc) était malade (asthme!!), qu’elle devrait peut-être s’en occuper et que donc elle devait absolument avoir une place en crèche. Pas besoin de certif médical, sa parole a suffit, et elle a eu la place en crèche. On est VERTS! C’est bien simple, pour avoir une place en crèche, il faut mentir, pleurer, hurler, négocier(!), harceler, exagérer sa situation. Remplir les papiers, être honnête, laisser faire l’administration est la solution des perdants ici.

Bon, on est dans la mouise. On va chercher des crèches, à peu près n’importe laquelle (dans une certaine limite, car on n’a pas envie de mettre Ryu dans une crèche de type prison non plus). Pas trop loin. Il ne nous reste plus qu’à inspecter les crèches non reconnues par l’état, avec lesquelles on peut discuter (et contracter) directement…mais elles semblent bien pleines aussi. On a bon espoir de trouver quelque chose, donc je suis confiant que ça devrait aller, mais franchement sur le concept de la chose, je suis vénère.

(à suivre ?)

Attribution des place en crèche: la boite noire de la mairie

Samedi dernier, mauvaise nouvelle; Ryu a été refusé dans les deux crèches dans lesquelles on a postulé. Motif fantôme de refus: pas assez de place.

Yukiko est allée à la mairie lundi pour demander de plus amples explications, comme par exemple pourquoi d’autres ont été acceptés et pas nous, car on remplissait tous les critères de sélection. Elle a dû faire la queue, car beaucoup de mères faisaient la queue pour insulter l’employée de la mairie. Purée celle-là, elle a pas dû dormir entre dimanche et lundi, car j’imagine que c’est la même chose chaque année et qu’elle devait savoir ce qui l’attendait. Yukiko m’a racontée ce que certains parents lui ont dit, et oh! la vache, qu’est-ce qu’elle a pris. Son chef de service aussi d’ailleurs, avec des “regarde-moi dans les yeux, connard!” et autres “nan mais tu te fous pas de ma gueule?” de parents irrascibles.

Donc, explication de la mairie à Yukiko: ceux qui payent le plus de taxes…sont ceux qui sont tout en bas de la liste d’attente, même à rang égal. Alors même que Yukiko et moi étions dans le rang de plus haute priorité (les deux parents travaillent à plein temps, et leurs parents n’habitent pas dans la même région géographique). Très logique, non? On se croirait en France. Plus on gagne de sous, moins on a de chance d’être accepté, SI il y a ballotage. Accessoirement, cette règle n’est a-priori marquée nulle part, elle semble officieuse. On avait choisi deux crèches qui ont beaucoup de succès (à côté de gares), donc en fait on n’avait aucune chance. L’une d’elles avait 10 places disponibles, 60 familles ont postulé. L’autre, 6 places dispo, et 42 familles postulantes. Bien.

C’est tout simplement inadmissible. On paye plus de taxes que tout le monde. SI on est pris dans une crèche, on paye plus que tout le monde. Mais en fait on n’est même pas pris, sur la base d’un critère même pas officiel. C’est quoi comme service public?

Le pire de tout, qui nous a rendu verts, c’est qu’on a trouvé deux crèches pas loin de chez nous (mais en voiture), bien meilleures que celles pour lesquelles on avait postulé. Ces crèches ont encore 6 places de libre. Et elles sont remises en jeu pour tous les laissés pour compte. C’est le truc horrible; si on avait mis ces crèches dans notre première demande, on aurait eu les places. Mais maintenant on va devoir reparticiper à une sélection qui est bien partie pour tourner à notre désavantage (vu qu’à priori on paye beaucoup de taxes!).

(à suivre)

L’état nous rend de l’argent (2)

(suite d’hier)

Donc, l’état nous rend de l’argent et la boite nous fait la déclaration d’impôts toute seule. Parfait, non? Et bien non, car la première année, il faut que nous allions nous-même au centre des impôts refaire une déclaration d’impôts (de la deuxième année à la fin du plan de remboursement, la société nous le fait automatiquement).

Et j’ai crié…criéhé…ma haine dans tout le Japon; l’un des avantages phares du Japon, ne pas avoir à faire sa déclaration d’impôts, le bonheur sur Terre, qui part en fumée pour un an, argh! Dans ma tête, j’ai revu instantanément mon père faisant la déclaration d’impôts de notre famille pendant deux jours d’affilé à la maison, avec des tonnes de documents posés partout…un bond mental dans le passé qui m’a rendu malade pendant des jours.

Alors avec Yukiko, on s’y est mis (à reculons) un dimanche…et là j’ai explosé de rire. En deux heures, dont 3 bonnes pauses, c’était torché facile. La déclaration d’impôts japonaise, une comédie, je vous dis! Regardez donc le formulaire. Il tient sur une page A4! Pour une fois, les japonais sont les champions de la simplicité, ils m’ont scié sur ce coup. Il y avait également un document annexe à remplir, un document spécifique à notre bien immobilier, mais il était encore plus simple.

En gros dans ce formulaire super-simple dont vous pouvez voir la tête en cliquant sur le lien ci-dessus, on doit rentrer les informations suivantes:

  • nos revenus: salaire, pensions, retraites, etc.
  • les divers montants imposables des revenus ci-dessus (genre le montant de la carte orange qui est viré avec le salaire n’est pas imposable, duh!)
  • Les sommes qu’il faut retirer de ces montants imposables: assurances tremblements de terre, frais médicaux, assurance-vie, assurance sociale, etc.

Du montant qu’il reste, on déduit le montant des impôts de cette année:

  • La tranche entre 1000 JPY et 1.949.000 JPY (12255 €): 5%
  • La tranche entre 1.950.000 JPY et 3.299.000 JPY (20744 €): 10%
  • La tranche entre 3.300.000 JPY et 6.949.000 JPY (43694 €): 20%
  • La tranche entre 6.950.000 JPY et 8.999.000 JPY (56584 €): 23%
  • La tranche entre 9.000.000 JPY et 17.999.000 JPY (113.175 €): 33%
  • La tranche de plus de 18.000.000 JPY: 40%

(Je précise bien que les tranches ci-dessus n’ont RIEN à voir avec le salaire; pour moi, le montant à partir duquel le montant de mes impôts fut calculé était 40% moins élevé que le montant de mon salaire…n’allez pas croire non plus que c’est linéaire et qu’il suffit de retirer 40% à votre salaire pour trouver votre tranche, car c’est complètement faux!)

De ce montant d’impôts, on retire quelques trucs comme par exemple les impôts payés à l’étranger (pour ceux qui ont travaillé assez longtemps à l’étranger pour devoir payer des impôts là-bas) ou bien le montant remboursé pour l’achat d’un bien immobilier (voir l’article d’hier).

Ul-tra-fa-ci-le.

En fait, on s’est quand même planté (à cause des trois pauses sans doute), mais ça n’était pas bien grave.

On a pris une demi-journée de congé et sommes allés au centre des impôts (qui en fait est l’antenne du ministère des taxes pour notre arrondissement). Là on a encore halluciné; des préfabriqués (chauffés, ouf!) avaient été mis en place devant l’entrée du bâtiment, et dedans plein de tables avec crayons, formulaires et calculatrices avaient été préparés pour tous les gens qui nécessitent de remplir leur formulaire sur place. En prime, des gens du ministère étaient là pour répondre à toute les questions qu’on pouvait avoir. Il y avait peut-être un employé du ministère pour 5 personnes venues remplir leur déclaration. Et la majorité de ces personnes étaient d’un âge avancé…car tous les retraités doivent faire cet exercice chaque année (plus de compagnie pour leur faire le boulot chaque année). Les autres personnes étaient soit dans la même situation que nous (ayant acheté un bien immobilier en 2007), ou bien n’étaient pas des CDI, tout simplement (j’ignore la situation des CDD, mais les baito doivent faire la déclaration eux-mêmes, c’est sûr).

C’est donc un employé du ministère vérifiant notre copie qui nous a dit qu’on s’était planté à un endroit; on a corrigé, et en une demi-heure on avait donné tous les documents nécessaires et on était dehors.

On n’a plus qu’à attendre notre tout petit bonus versé par l’état, qui est censé arriver dans moins d’un mois. Petit bonus, mais grand plaisir.