Piercing

Il fallait bien que je lise un bouquin de Ryu Murakami un jour. D’abord parce que tout le monde en parle, ensuite parce que je me demandais comment ce présentateur télé (pour les non-habitants du Japon: oui, il présente des émissions de télé) pas terrible du tout et à l’aspect assez…traditionnel/pas excentrique pouvait écrire les bouquins dont on parle tant, assez violents psychologiquement et portant sur le côté sombre du Japon.

J’ai pris Piercing, parce que c’est le premier bouquin qui me soit tombé sous la souris. Je ne connaissais pas l’histoire, et à la limite, je m’en moquais totalement (je ne lis pas un livre pour l’histoire qu’il raconte).

Alors, c’est vrai que c’est (sur la forme) un peu décalé par rapport au style lisse qu’on peut imaginer d’auteurs de roman, et/ou d’auteurs japonais. C’est infiniment supérieur à Hitonari Tsuji, mais inférieur à Haruki Murakami au niveau littéraire (c’est pas que j’aie envie de faire un classement non plus). Ça se lit facilement, c’est bien développé, quoique le vocabulaire soit très basique, et que les tournures de phrases ne soient pas très recherchées. On a l’impression de lire une dissertation d’un lycéen (de ce que je m’en rappelle, ou de ce que j’en imagine dira-t’on), mais sur une histoire absolument pas typique de ce qu’on peut trouver dans une copie d’écolier.

Ça parle de meurtre, et d’un tueur limite psychotique obsédé par les pics à glace, qui pour éviter de poignarder son bébé (il a des pulsions) se décide à aller tuer une prostituée pour assouvir son besoin de meurtre. Sauf que la prostituée sur laquelle il va tomber est encore bien plus déjantée que lui. Oui, oui, oui…certes, ça a l’air assez violent, n’est-ce pas? Mais en fait, c’est écrit gentiment, c’est pas horrible du tout. Bon, il y a des passages sanglants et un peu dégoûtant, vu le thème c’était obligé, mais rien de terrible.

Le bouquin est intéressant sur le décalage entre le style d’écriture et le contenu de l’histoire. Mais si l’histoire est vaguement amusante par son originalité, ça n’est pas retournant. On ne retire rien de philosophique du bouquin, aucun enseignement, aucun aperçu bien concret de la psyché de tueurs psychotiques (alors que pourtant c’est le thème du bouquin)…c’est juste un roman qui raconte une histoire, point barre. Et même si l’histoire est bien écrite, quand le bouquin est fini, on passe à autre chose sans autre dissertation (ahah). C’est un peu comme lire un long article de blog qui raconte une histoire un peu déjantée; c’est fun, mais rien de plus.