La ville la nuit

Quand je vais chez mes beaux-parents en voiture, c’est toujours un peu la galère. 75km en 2 heures, ça vous calme n’importe qui. Sauf que.

Taxi in TokyoQuand j’y vais la nuit, Tokyo m’offre des paysages assez grandioses. Déjà en journée, il y a des paysages urbains qu’on ne se rappelle pas avoir vu dans quelque film que ce soit, avec les autoroutes volantes tokyoïtes qui passent entre les tours et dans des quartiers avec des batiments pitoresques, ou simplement vieux. Des batiments vieux à Tokyo, on n’en voit jamais quand on marche dans la ville, mais quand on est sur l’autoroute et qu’on a l’occasion de voir des centaines de batiments en quelques minutes, on se rend compte qu’en fait il y en a. Ils sont en minorité écrasante, mais il y en a, et c’est un rude plaisir de les voir.

Mais ce qui coupe le souffle, ce sont les tours. En France, les tours sont synonymes de banlieues, de logement pas chers (HLM), d’insécurité. Personne n’a envie d’y habiter. Au Japon, certaines tours font concurrence aux plus ravissantes maisons, et leurs prix rivalisent de même (il y a aussi de nombreuses tours HLM, hein! Elles sont plus nombreuses que les tours de luxe, on les reconnait de suite car moins hautes et plus larges, mais elles ne sont pas dans le centre de Tokyo, et ce n’est pas d’elles dont je parle ici). Il faut les voir! L’impression qui s’en dégage est un peu irréelle.biru2

Et alors la nuit…quand je passe entre elles la nuit sur une autoroute volante, je marque le coup à chaque fois. Blade Runner peut aller se rhabiller, ainsi que tous les films américains qui subliment ce genre de paysage urbain nocturne (villes généralement sublimées sur leur largeur, alors que Tokyo doit être sublimée dans sa hauteur, ses étages et ses niveaux). On tombe sur des paysages nocturnes auxquel on ne s’attend pas, même si on sait qu’ils existent, même si on les a déjà vus par le passé.

Je me disais que c’était le fait de ne pas avoir habité à Tokyo pendant si longtemps que ça (près de dix ans) qui me faisait m’émerveiller devant ce spectacle (notez que ce n’est pas de l’émerveillement dans le sens de “jaime beaucoup”, c’est de l’émerveillement de surprise face à une réalisation humaine de folie). Et c’est il y a quelques semaines, quand nous allions chez mes beaux-parents avec ma belle-mère qui était restée chez nous la journée pour garder Ryu, qu’au détour d’un virage sur la shutokō (nom du réseau autoroutier qui traverse Tokyo), on déboucha sur une rangée de tours toutes plus grandes, toutes avec une architecture plus spéciale les unes que les autres. Moi, cette rangée de tours me met toujours en transe, mais je ne dis rien et ne montre rien. Je fais celui qui est habitué et blasé. Cependant, silence dans la voiture pendant 5 secondes à cette vue, et c’est alors que ma belle-mère lacha un “Woah… Ça coupe le souffle.”! Ma belle-mère a toujours habité ici, elle a vu ces paysages se construire, elle les a vu un nombre de fois bien plus élevé que moi, mais elle marque toujours sa surprise.

biru3Je crois qu’il est possible qu’on ne s’y habitue pas, à moins peut-être de voir ce paysage un nombre incalculable de fois. Notez bien qu’un de ces paysages nocturnes vu du balcon d’un 40e étage n’aura pas le même effet; c’est bien de se trouver sur une autoroute volante, au pied de ces tours, qui est impressionant (le paysage vu du 40e étage peut aussi être impressionant, mais l’effet qui s’en dégage est radicalement différent). Mettez ça dans vos agendas de touristes; voir les tours tokyoïtes de nuit à partir d’une autoroute volante.

(toutes les photos sont d’immeubles de Tokyo, aucune n’est de moi, mais aucune ne nécessite un lien ou une mention de leur auteur)