News du boulot

Ma chef s’en va dans une autre division, et à moi, son bras droit, on me propose de reprendre son job avec rien en retour. J’ai dit non, et j’étais énervé (mais je suis resté poli, on n’est pas des sauvages, hein!).

Petit retour en arrière.

En 2006, dans ma précédente boite, ça fait plus de 6 mois que mon adversaire de carrière a déclarer forfait et est parti, et que j’assume toutes les fonctions qu’on peut attendre d’un manager. En 5 ans (en 2005), on a eu une demi-douzaine de “acting IT manager”, tous des gens non-IT, c’est à dire des gens qui venaient de nos divisions finance, gestion, RH, business development, etc. Que des gens qui ne comprenaient pas grand chose à l’IT, qui croyaient que c’était pas bien compliqué, et qui s’étaient portés volontaires pour le job de IT manager en plus de leur propre job.

Ils s’y sont tous plus ou moins cassé les dents, sans trop de fracas, mais ça les a tous gonflé. Alors ils nous ont laissé nous dépatouiller tous seuls (notre chef de Hong Kong nous supervisant à distance) mais ils se disaient bien qu’ils voulaient un manager local. Ils ne pouvaient nommer personne dans l’équipe, puisque moi et mon collègue (un connard de Chinois que je rêvais d’étrangler) étions en guerre, et nommer l’un ou l’autre aurait fatalement rendu l’autre fou furieux.

Et mon sale con de collègue est parti en 2005. Moi, j’attendais qu’on me nomme rapidement manager, mais non! Le contrôleur de gestion de la boite, numéro 2 de la boite, me trouvait trop jeune et voulait chercher quelqu’un à l’extérieur. Ça m’a drôlement vexé, et je me suis inscrit (en juin 2005) chez un recruteur qui venait juste de me contacter.

Pendant que ma boite faisait passer des entretiens pour le job de manager, moi j’envoyais des candidatures via mon agent pour trouver un autre job.

En Janvier 2006, j’ai passé le premier entretien avec ma boite actuelle. Une semaine après, ma boite me disait qu’ils avaient bien trouvé de bons candidats pour le job de manager, mais qu’ils coûtaient deux fois plus cher que moi, et qu’ils ne seraient pas aussi rapidement efficaces que moi qui commençais à connaître la boite en profondeur (6 ans à développer tous les nouveaux systèmes de gestion pour toutes les divisions, des centaines d’heures de hearing avec toutes les divisions….bon…). Alors ils avaient donc décidé, dans leur grande générosité, de me nommer manager, sans augmentation. Le contenu de mon job restait le même que celui que j’étais déjà en train de faire, parce que je faisais déjà le job d’un manager. J’ai dit oui sans rien négocier, car je savais que j’allais partir. Et 5 mois plus tard, en Juin 2006, je partais pour ma nouvelle boite à leur grande surprise. Ils n’ont pas compris pourquoi je partais, et je n’ai pas tenté de leur dire. C’était tellement évident que si ils n’avaient pas déjà compris, je n’aurais pas pu leur dire sans paraître mesquin. Et je n’avais aucun intérêt à me plaindre.

Après deux ans dans ma nouvelle (actuelle) boite à naviguer dans quelques divisions, en 2008 donc, j’ai intégré la division dans laquelle je suis toujours.

Après une scission de la boite en 2010 et un gros shuffling pour nous aligner sur l’organisation globale de la boite, je me suis retrouvé… dans la même division, mais 3e vétéran de l’équipe (avec pourtant seulement 2 ans d’ancienneté dans l’équipe). Le 1er vétéran était une maman en temps-partiel, le 2e vétéran fut nommé manager, et le manager me nomma team leader.

C’est une constante dans ma boite: toutes les équipes ont un manager et un team leader qui fait les basses besognes pas faciles et chronophages. Quand le manager quitte l’équipe, le team leader devient le manager. Toujours! Enfin presque…

En Mai 2011, notre manager quitta la boite. Moi, je me voyais déjà manager, et d’ailleurs le reste des équipes au Japon aussi. Je me suis démené comme un fou pour remplir les fonctions de manager pendant deux mois (que des trucs que je savais pas, j’ai morflé!), et là, bam, notre N+2 nomme la fille qui était en temps partiel manager! J’ai pas bien compris, mais j’ai été super vexé.

Donc ma nouvelle boss venait une heure plus tard que moi le matin, repartait pas mal d’heures avant moi le soir, avait un super titre, un rang plus haut que moi grâce à cette promotion, donc un salaire plus haut, et elle aussi a bien morflé les premiers mois, parce qu’elle avait un train de retard par rapport à moi qui avais essuyé les premiers feux. Et elle m’a nommé… team leader. Ah bah oui, à moi encore les basses besognes chronophages, remplaçant ma chef quand elle n’est pas là (après 16h30 tous les jours donc), etc.

Notre N+2 de l’époque a alors changé (au lieu d’une femme à Hong Kong, on a eu une femme en Australie). Notre nouvelle N+2 avait le titre de manager (alors que notre précédente était directeur), et elle n’a pas aimé que ma N+1 soit manager aussi. En fait, elle l’a appelé team leader pendant tout son règne. Mais ma N+1 avait toujours son titre de manager sur sa carte de visite, et sur l’organigramme de la boite.

Et donc, retour au début de l’histoire, ma N+1 arrête le mois prochain, et ma N+2 me dit que je suis le seul à pouvoir remplir la fonction de mon ex-N+1, donc elle voudrait que je fasse exactement son boulot. MAIS, non elle ne peut pas donner le titre de manager parce que l’équipe est trop petite (même taille depuis 4 ans), elle est elle-même manager donc ça ferait bizarre (ça a bien marché ces 2-3 dernières années pourtant), voilà quoi. C’est pas possible, dit-elle.

MAIS… elle veut me nommer…. team leader! Sans bond de salaire, sans bond dans l’organigramme, rien. Mais elle dit que “team leader”, c’est un super titre, que ça fera bien dans mon CV, que c’est un bon signe d’évolution de carrière dans la boite, etc.

Nan mais, sans rire. Ça va pas bien, hein. C’est quand même la 3e fois qu’on veut me nommer team leader. La 3e fois qu’on essaie de m’enculer. La 3e fois où le job/titre/salaire de manager me passe sous le nez sans bonne raison (en comptant la fois dans mon ancienne boite).

Alors d’une façon très polie, j’ai dit à ma N+2 (qui devient ma N+1 dans quelques semaines, comme pour mes collègues au Japon) que sa proposition, elle pouvait se la mettre… sous l’aisselle, dira-t’on.

J’ai refusé. J’ai dit non. J’ai dit que j’avais aucun problème pour faire le boulot et que j’en étais capable, mais qu’avec ce titre pourri, c’était non. Que d’ailleurs son titre de team leader, j’en voulais pas. Ou plutôt que j’en avais rien à foutre, parce qu’il n’a de façon évidente aucune valeur. Mais que de toute façon, le job de manager, je le ferai pas sans le titre. Point. La négociation n’a pas duré longtemps, j’ai dit non, non et non, et ma N+2 a continué sur son hors-de-question de donner le titre de manager.

Résultat des courses:
– Je suis vexé. Je vais y aller calmos sur les heures supp pendant un bout de temps maintenant, parce que à quoi bon se démener si pas de promotion alors que le management trouve que j’ai ce qu’il faut pour faire le boulot du manager?

– Ma N+2 (bientôt N+1) se retrouve avec plus de travail. Ben oui, le travail que j’ai refusé de récupérer, il faut bien que quelqu’un le fasse. Et personne localement au Japon n’en veut. Déjà que ma N+2 était surchargée de travail…

– Mes collègues Japonais vont être verts. Ils ont un anglais suffisament bon pour faire leur travail, mais pas assez pour aller se plaindre constament de conneries à la N+2/N+1 qui ne parle pas japonais. Nan parce que là, ils se privent pas avec notre N+1 japonaise. Mais là ils auront plus personne à qui se plaindre. Et qu’ils viennent pas à moi, parce que ma réponse va être cinglante.

– Les autres divisions au Japon: pareil. Ils demandaient des trucs à notre N+1 (des trucs normaux qu’on demande à un manager), mais là ça va les faire chier de devoir le demander en anglais à quelqu’un qu’ils ne connaissent même pas.

Donc, pas une seule personne de satisfaite. Bravo, belle performance.

Moi, ma carrière est finie dans cette boite. Je ne serai pas considéré comme remplaçant de ma chef en Australie si elle part (il y a deux autres team leaders dans l’équipe, un à Hong Kong, l’autre en Inde). Donc, c’est probablement fini pour moi. Mon rang n’augmentera pas, je resterai staff jusqu’à la retraite ou jusqu’à ce que je quitte la boite. Seul mon salaire augmentera tous les ans, ce qui me donnera un salaire correct.

Je sais bien que je prends le risque de rater des occazes de carrière avec ce refus. Mais là, j’en ai marre. Je me suis fait avoir déjà 3 fois. Avoir des espoirs de reconnaissance de la hiérarchie à partir de maintenant relèverait du délire.

Et de toute façon, quand la même merde vous arrive 3 fois, il faut se dire que c’est de sa faute, pas de celle des autres. Il y a quelque chose chez moi qui fait que les gros chefs ont envie de m’enculer. Je vais y réfléchir quand j’aurai le temps (après la retraite!), mais pour le moment, tant pis! Ça fait des années que je me démène, que je fais le beau comme un chien, que j’en fais plus que ce que je dois, et je n’ai décidemment rien en retour. Message bien reçu.