La bande

On était 4 et on régnait… sur à peu près rien du tout. Il n’y a pas grand chose dans une école primaire de campagne.

Il y avait des cas sociaux dans l’école, des gars avec qui t’avais pas envie d’avoir un problème en dehors des murs de cette même école, mais il y en avait peu et ils ne nous ont jamais cherché des noises. P’têt parce qu’on était 4?

(petite note au passage: je n’ai jamais eu de problèmes dans l’école mais j’en ai eu en dehors – rien de grave)

Les trois autres:

Stéphane V., mon meilleur pote. On se tirait la bourre sur les résultats scolaires, j’étais devant mais pas totalement, et ils m’a pris la première place quelques fois. C’était facile à voir en CM2, avec ce sale bouffon de sa mère de “Monsieur Joubaud” qui plaçait les élèves en fonction de leurs classement le mois précédent. C’est marrant, quelques écoles prépa au Japon font la même chose, il y en a qui critiquent… j’en fais parti. Il y a donc eu une ou deux fois ou Stef fut assis le plus près du bureau de “Monsieur Joubaud”. Oh c’était pas un mauvais prof, c’était juste un sale connard.

On est passé en 6e ensemble, puis plus vu… je crois que y’a eu des petits problèmes de famille qui ont envoyé mon pote dans les limbes.

Fut-ce mon altruisme légendaire ou une peur irrationnelle de la misère (financière et autres…), je ne m’enquis jamais de sa situation et continua ma route dans les études, droit devant sans regarder derrière. Je tombai sur sa mère un jour, au guichet du café du village, où j’achetais des boites d’allumettes à 20 centimes pour allumer les pétards achetés à la boulangerie de “la rue” (celle de “la place” n’en vendant pas), lui décochait un sourire énorme et elle me répondant avec un mépris bien plus énorme. Et ben, j’ai pas compris. Mais je lui ai bien rendu son mépris par la suite, c’est bête (j’étais un gamin), j’aurai dû l’ignorer. En tous cas elle n’avait pas l’air heureuse du tout, hein… je n’ai plus jamais vu un sourire sur sa face.

Je suis tombé sur Stef il y a une quinzaine d’années par le plus grand des hasards, à la banque pour négocier un prêt de… 3000 euros… pour une voiture d’occaze…

Laurent P. En y repensant on avait tous des prénoms bien de notre époque. Combien de Stéphane, de Laurent et de Yann ai-je connus…

Alors Laurent, il me sidérait. Il avait une capacité à dire des trucs hors du monde tellement c’était stupide. Pendant un temps j’ai cru qu’il était attardé mental mais en dehors de ses commentaires cons sporadiques il était tout à fait normal. On peut pas être attardé mental de temps en temps… avec le recul, en fait il était juste pas une lumière. Je sais pas comment le dire sans paraître condescendant, mais je suis désolé, il était bête, quoi. Je n’ai évidemment aucune idée de ce qu’il est devenu après l’école primaire, mais à mon avis il est pas allé loin dans le collège, si jamais il a essayé…

Yann A. Alors lui… c’était le plus fin des trois autres, il avait des bons résultats en classe, pas stellaires mais à l’évidence il n’était pas con, et il était discret, pas à chercher des noises, pas à écraser qui que ce soit, sympa, un gars bien quoi! Et je sais pas ce qui s’est passé dans sa famille mais il y a eu des grosses tuiles apparemment, on dirait que son père a eu une descente aux enfers tant physique (un coup de tronçonneuse dans le ventre selon la rumeur) que psychologique (plus capable de travailler – il était pompier), qui ont -devinez quoi- envoyé mon pote Yann dans les limbes, et quand il en est ressorti il était passé du côté obscur. Il était devenu un loubard, je le croisais de temps en temps et essayait de reconnecter mais à la fin il m’avait fait comprendre qu’il ne voulait plus rien à voir avec moi et que si je continuais de le saluer il deviendrait violent. Bon. J’ai arrêté de le saluer et on s’est ignorés les quelques autres fois où on s’est croisés. Il habitait pas loin de mon collège donc je le voyais quelques fois chaque année. J’ignore totalement ce qu’il est devenu, mais à mon avis: rien de bien. C’est pas facile de gagner une course quand tu rates ton départ. Ma théorie sur son avertissement est qu’il ne voulait pas m’attaquer. Il aurait pu m’agresser pour me faire comprendre qu’il ne voulait plus que je salue mais non, il m’a parlé. A mon avis il restait quelque chose de notre amitié passée. Je voudrais y croire.

Les problèmes de famille peuvent influer sur le futur de l’enfant. C’est connu, mais c’est difficilement évitable. Quand une tuile t’arrive, bah… tu fais de ton mieux comme tout le monde, mais le mieux n’est souvent pas terrible. Il y a des assos pour ça, bravo, mais c’est pas la panacée pour une multitude de raisons. Deux potes sur les 3 de ma bande ont eu des merdes et ont eu un avenir (a priori) pourri. Ça arrive, c’est du concret ces merdes.

Pauvres enfants d’hier et d’aujourd’hui.

Franck

En fait je ne me rappelle plus de l’écriture de son prénom… comment écrit-on Frank/Franck en France?

Franck Largement. Un nom de famille incongru, qui a fait rire tout un tas de gens, d’autant plus que Franck était bien large d’épaules. Il y avait un peu de graisse mais surtout beaucoup de muscles, sans qu’il ait eu besoin de faire beaucoup d’efforts pour cela; il était naturellement bien bâti. Et c’est peu de le dire, il était vraiment imposant comme pas possible. Alors on se moquait pas trop de face parce qu’il cognait, lol.

Cheveux frisés naturellement, teint de peau brun… on aurait dit un bronzage un peu fort, sauf que il l’avait tout le temps, donc bon, c’était sa couleur de peau naturelle.

Et il était sympa. Pas à la ramener sur quoi que ce soit (dont sa carrure), il était plutôt discret et facile à parler avec. Un gars cool qu’on apprécie d’avoir pas loin. Mais trop discret peut-être pour y rester attaché; passée la 6e on ne fut plus dans la même classe, on se perdit de vue et nous sommes comme noyés dans l’océan de la vie sans avoir aucune idée de où est l’autre.

Oda

Oda est un nom de famille très noble au Japon. Quand on prononce le nom de Oda, tous les Japonais pensent à Oda Nobunaga, grand seigneur de guerre du 16e siècle (même si ce n’est pas par la guerre qu’on devient grand, comme disait… qui ça déjà?)

Il y a 20 ans dans ma première boite où j’étais admin système, on construisait les adresses mails par la première lettre du prénom suivi du nom de famille. Pour quelqu’un s’appelant Daniel Martin ça donnerait [email protected]. Beaucoup de boites font de même.

Ce jour-là une nouvelle recrue arrivait, une jolie jeune fille dont le nom de famille était Oda, et j’allais à son bureau pour mettre son PC et réglages d’équerre. J’en arrive à son adresse email et lui demande son prénom.

Yumi. (rien à voir avec la Yumi d’il y a 2 articles)

Son adresse donnait donc [email protected]

J’étais mort de rire. D’un côté c’était une adresse super cool, mais de l’autre comparer la belle demoiselle au petit bonhomme vert c’était très drôle.

Et elle vexée de me voir rire en continu, “mais qu’est-ce qu’il y a de drôle??”.

Tu connais pas Yoda? -Non

Tu connais pas Star Wars? -De nom mais j’ai jamais regardé.

Inculte. J’ai ignoré son agacement, elle pouvait bien aller se faire foutre pour ce que j’en avais à faire. Mais hey, je me rappelle toujours d’elle aujourd’hui, et même de son visage. La mémoire est bizarrement faite.

Mayu

Mayu a 27 ans. Normalement on ne devrait rien avoir à se dire mais là nous sommes d’un côté et de l’autre d’un comptoir, moi assis, moi payant les boissons devant nous.

Je parlais de l’anniversaire du dragon, qui avait le même âge que le frère de Mayu. Mayu avait un frère et deux sœurs. Famille nombreuse, intéressant.

Et Mayu rajoute, je ne sais pas du tout pourquoi, “mais pas des mêmes parents.”. Oh, encore plus intéressant. Creusons.

La mère de Mayu lui a donné naissance un peu avant 17 ans, soit en 2e année de lycée. Puis elle l’a abandonnée à son père 2 ans plus tard. Son père s’est recasé et a fait 3 autres enfants.

Parenthese: en japonais le mot est différent selon que son demi-frère (ou demi-sœur) est de père différent (種違い) ou de mère différente (腹違い). Par contre le mot est le même qu’il s’agisse d’un frère ou d’une sœur. C’est similaire au mot “sibling” en anglais, qui se traduit en français par “enfant de mêmes parents”. Existe pas en français, il faut une phrase pour le traduire.

A-t’elle revu sa mère?

Jusqu’à sa majorité son père la rabrouait quand elle en parlait. “Tu ne reverras pas ta mère, et ça vaut bien mieux.”

A sa majorité ça a un peu évolué; il a accepté de la présenter à sa grand-mère maternelle. Celle-ci, très gentille apparemment, lui a dit de ne pas chercher à retrouver sa mère, que c’était pas une personne bien, et qu’il valait mieux ne jamais la rencontrer. Accessoirement sa mère s’était -selon sa grand-mère- mis avec un étranger et était partie à l’étranger. Loin. “Je sais où elle est mais je ne te le dirai pas.”.

Retour au présent. Mayu me demande “Tu crois que je devrais pas la revoir?”.

Ben si tous ceux qui la connaissent disent qu’il vaut mieux pas la rencontrer, il y a de bonnes chances qu’il ne vaille mieux pas la rencontrer, oui…

Evidemment c’est pas moi, un inconnu, qui vais la convaincre, et d’ailleurs ce n’est pas ce que j’essayais de faire; on m’a posé une question demandant mon avis j’y ai répondu c’est tout. J’ai essayé l’écoute active pour qu’elle résolve elle-même son dilemme, mais je crois pas que ça ait fonctionné.

Je ne sais et ne saurai pas ce qu’il va advenir de cette histoire. Je sens beaucoup de souffrances à venir, que Mayu rencontre sa mère ou pas. Je l’aiderais bien mais elle ne voudra jamais de mon aide. Trop personnel.

Bon courage et bonne chance.

 

 

Yumi

En 2e année de DESS, à Tokyo, moi et mon pote Mathias étions allés dans un bar.

A côté de nous, deux filles dans nos âges. Les gars chassant les filles, les filles chassant les gars (l’histoire de l’humanité), on n’a pas mis longtemps à discuter à 4.

L’une très mignonne mais dont je ne me rappelle plus le nom, et l’autre: Yumi.

Yumi était la plus belle Japonaise que j’avais rencontrée jusqu’alors. A ce jour, elle l’est toujours, mais je l’ai peut-être un peu idéalisée. Le temps fait son affaire.

En fait elle était même sans doute la plus belle fille que j’aie rencontrée de ma vie. Et puis c’est même toujours le cas aujourd’hui, allons-y n’ayons pas peur des mots. Elle avait un visage magnifique, un corps parfait, un sens vestimentaire formidable, une façon de parler et une pudeur très mystifiantes. Elle était parfaite. Presque mon idéal. J’étais fou d’elle mais je la voyais intouchable pour moi.

On a gardé le contact, on s’est revus avec quelques-uns de ses amis, dont son petit-copain, un connard incroyable qui l’ignorait et lui parlait mal. J’étais outré.

Jour J.

Apres une journée de travail pas facile, je me prend une heure de train debout pour rentrer dans ma banlieue, je franchis le pas de ma porte et ressens une fatigue énorme, quand le téléphone sonne. C’était Yumi, et elle m’invitait à un bar à Shinjuku. Plus d’une heure de train dans l’autre sens, quoi. Je me suis excusé “Je suis mort, je viens de rentrer après une heure de train, on peut remettre ça à un autre jour? Oui? Merci, bye”.

Jour J + 14 jours

J’entame une relation avec Yukiko, qui allait devenir ma femme.

Jour J + 30 jours

Soirée restau avec des amis, communs à Yumi. Pendant la soirée on parle de Yumi, et de son copain, et les amis me disent “Ah non ils ont rompus il y a un peu plus d’un mois.”

Moi dans ma tête: “hein?? Mais alors ça veut dire que…”

Naaan.

Naaaaaaan.

Naaaaaaaaaaaaaaan!!!

J’avais Yukiko à côté, je pouvais rien laisser transparaître mais… j’ai plus pu parler pendant quelques minutes. J’ai dû devenir blanc lait, j’ai eu mon cœur qui a fait des bonds, j’ai eu des sueurs froides. J’ai vécu un cauchemar en n’ayant pas le droit de le montrer.

Ça allait très bien avec Yukiko qui était elle-même un sacré brin de fille donc je ne me suis même pas posé la question de la larguer pour courir vers Yumi (en y repensant ça ne m’a pas du tout traversé l’esprit). J’ai tout de suite su que la fenêtre était passée et que je l’avais tout simplement man-quéeeee.

Hey, j’ai fait un mariage qui a tenu 20 ans, deux enfants formidables, j’ai rien perdu. Est-il possible de penser.

Toutes les naissances ne sont pas belles. La naissance d’un démon est une horreur. Tu sais que tu vas morfler des années en la revivant encore et encore et tu ne peux rien faire pour régler la situation parce que bah c’est fini et enterré. C’est comme si tu voulais ranimer un mort qui est mort depuis un mois. Va guérir de la mort, toi.

Et c’est donc depuis ce jour que je ne refuse plus d’invitation. Je l’ai déjà écrit, mais on t’invite, tu y vas, au pire tu t’ennuies quelques heures, fin de l’histoire et c’est pas grave. Mais ce qui peut potentiellement arriver de positif tu n’en as pas forcément l’idée ou la conscience avant d’y aller.

 

Rétrospective de ma scolarité (partie 6 – dernière partie)

DESS

Je voulais aller au Japon. Ce DESS y menait apparemment et un bac +5 était un bonus (qui n’aura finalement servi à rien sauf à me vanter à l’occasion d’avoir deux masters).

J’ai beaucoup stressé pour le concours d’entrée un peu pour rien car ça ne se pressait pas beaucoup aux portes, j’avais déjà été au Japon et avait étudié le japonais en autodidacte ce qui prouvait une grosse motivation. Je m’étais aussi beaucoup documenté sur le Japon depuis ma deuxième 1ere. J’ai été accepté sans trop de difficultés (comme l’écrasante majorité de mes futurs camarades).

Parenthèse: Du jour du concours (la veille en fait) j’ai perdu mon sentiment de béatitude de la maîtrise, et ne l’ai depuis jamais retrouvé. Bah, ça pouvait pas continuer ad vitam eternam.

La première année du DESS se passa extrêmement bien. On était… 18 je crois? Enfin 19 au départ avec un abandon quelques semaines plus tard. Rapidement un noyau dur se forma avec moi et 3 autres potes, mais rapidement 2 gros groupes se formèrent. Dans l’autre groupe il y en avait deux qui étaient un peu space et il se retrouvèrent donc rapidement à être un groupe de deux (ça n’avait pas l’air de les gêner le moins du monde, tant mieux pour eux), et tous les autres se parlaient, travaillaient, faisaient la fête, etc. ensemble. (pas toujours tous ensemble, voire pratiquement jamais tous ensemble… ça a dû arriver une ou deux fois seulement).

Le truc qui nous a beaucoup soudé je crois était qu’on venait tous d’une autre ville (le DESS était à Rennes), sauf deux élèves, et qu’on avait tous un intérêt pour le Japon. On est toujours resté entre nous. Mais en dehors de ça, la plupart d’entre nous avions une maîtrise (tatata!) ou un autre bac +4 dans des domaines divers et variés (économie, physique, info, langues, etc). Au moins deux avait un bac +5 scientifique (école d’ingé). C’était vraiment très fun.

Moi j’étais sur la lancée des fêtes non-stop de la maîtrise et… j’étais pas le seul! Et j’étais pas en avance non plus sur mes 2 ou 3 autres nouveaux potes du DESS, ça se sentait qu’ils avaient fait fort aussi.

Bon, les cours… ça dépendait vraiment du prof qui les faisait. Il y en avait des très bien, il y en avait des très nuls. En gros on s’en foutait un peu, nous tout ce qu’on voulait c’était aller au Japon dare-dare. En attendant, il s’agissait de faire la fête, et fêtes nous avons fait à une bonne cadence. Moins qu’en maîtrise, mais pas mal du tout.

A mon immense joie, je me suis fait une copine (Lucile, quoique je sais plus si il y avait un “l” ou deux… attendez, il y a des filles je me rappelle même plus de leur prénom, là ça va encore!) que j’aimais beaucoup (pas quelqu’un du DESS) et ça a été le bonheur… quelques semaines… et puis c’est parti dans une vrille cataclysmique. Elle avait un problème psychiatrique je pense. Je dis pas ça péjorativement. Et comme je suis pas exactement un modèle de stabilité non plus (euphémisme)… ça a fait…pas des étincelles, non… plutôt une explosion thermonucléaire? J’ai mis fin au supplice pour nous deux aussitôt que j’ai compris. J’étais pas heureux d’y mettre fin, voire même très déçu, mais la relation était toxique, et sans doute plus pour elle que pour moi.

Il y a eu un épisode pas cool, qui a signé la fin d’ailleurs… avec toute sa famille participant (mère, père [dont je ne me rappelle plus??], frère, belle-sœur…), moi en train de me dire que ça n’arrive que dans les films des situations pareilles, je nous ai sorti un coup de bluff fabuleux (vraiment un truc impressionnant, le gros menteur professionnel) pour m’en sortir et les laisser gérer entre eux une situation franchement difficile pour les nerfs… Ils étaient vraiment sympas dans sa famille, une belle-famille de rêve. J’étais navré de les abandonner.

Ma cops a été détruite, je sais pas pendant combien de temps mais a priori pas longtemps, lol. Une de ses copines m’a dit quelques mois après que non non, no problemo du tout, donc son “supplice” n’a pas dû durer longtemps, genre quelques jours j’imagine… “détruite”, c’est donc tout relatif. Rien de grave n’est arrivé. De ce que je sais.

Pour la petite histoire lourde, je me rappelle avoir appelé chez sa belle-sœur après un épisode critique pour vérifier qu’elle s’était pas suicidée quand même (ça s’était vraiment mal fini, hein), par acquis de conscience… (où est passée ma conscience d’ailleurs, je ne la retrouve plus, je l’ai égarée quelque part)

(entre parenthèses: ce que je pensais)

Moi: (tu l’as vue?) Lucile est là?

Belle-sœur: Oui, elle veut pas te parler.

Moi: (oui, bah moi non plus) Il n’y a pas de problème, je comprends.

Moi: (elle est toujours vivante donc?) Elle va bien?

Belle-sœur: non.

Moi: (ouais!! elle est vivante, c’est super cool) Ah ouais ouais… euh.. bah… ok bah prenez soin d’elle, merci, bye.

Cet incident n’a bizarrement abîmé en rien ma perception de cette année-là. J’ai été préoccupé quelques jours et puis plus rien. Marrant, hein. C’est juste un coup à prendre en fait, lol. Pour info, je n’ai aucun démon relatif à cette affaire. J’ai passé une année formidable. Bonnes fêtes, bons potes, parler du Japon toute l’année, préparation du voyage… J’ai passé une excellente année.

Deuxième année (au Japon):  L’une des pires années de ma scolarité. Tout est allé de travers. Il y a même eu un mort: ma grand-mère. Bon, il n’y a eu que 5 mois en cours de langue puis c’était le stage en entreprise qui en fait était du travail déguisé.

Il y a eu zéro bonne fête. On s’est réunis quelques fois, au mieux c’était inconséquent. Au pire il y avait de la frite (verbale). Je vais pas aller dans les détails, ce fut immonde, odieux. La part des responsabilités, ouais… Pas facile à déterminer mais j’en ai ma part. Une bonne part. Je serais bien en mal de jeter la pierre à qui que ce soit.

Ce qui est clair pour moi, c’est que comme dans pratiquement tout le reste de ma jeunesse (sauf l’année de maîtrise), j’ai mal géré. J’ai rien vu venir, j’ai jamais désamorcé, j’ai jamais discuté, j’ai jamais négocié, je n’ai eu aucune patience et n’ai pensé qu’à moi. 20 ans après, tout ce qui m’importe est que j’ai été nul. Sur le moment j’estimais être dans mon bon droit (ce qui n’est pas du tout prouvé), mais en ce qui concerne ce que j’ai dit, et bien j’avais tort. Que je sois dans mon bon droit ou pas. Tu ne dis pas des trucs comme ça à des potes, point.

En fait, je repense à l’intégralité de ma scolarité, je repense aux merdes que j’ai eues, ceux qui m’ont fait chier, les profs que j’aimais pas ou qui m’ont fait des crasses etc., et je n’en veux à personne (euh? Comme ça a priori et en y pensant seulement 5 minutes, hein…). Aucun de ces souvenirs ne m’empêchent de dormir. C’est quand moi je n’ai pas fait ce qu’il fallait que ça pince. Tous mes démons viennent de là (et de quelques filles lol). Accessoirement, je réalise que je n’ai pas de démon récent. Ils ont tous plus de 20 ans. Ça doit être le moment où j’ai perdu ma conscience, lol.

J’ai passé de formidables moments. Je ne devrais être que reconnaissant envers la vie de me les avoir donnés. La jeunesse et la scolarité sont des moments tellement difficiles, potentiellement tellement dangereux. C’est terrible de les affronter à cet âge-là, et en même temps c’est justement parce qu’on a cet âge qu’il faut les affronter. Et moi je m’en suis tiré plutôt bien quand on considère ce qui aurait pu arriver. Ouais ouais, je suis pas un cas rare et beaucoup s’en tirent bien. Mais j’ai vu le danger dans les yeux, j’ai vu des élèves s’effondrer ou partir en flammes, j’ai fait face à des murs très hauts, j’ai eu des merdes (qui heureusement se sont résolues sans problème), etc. Perso je m’estime chanceux. Le mérite d’une bonne éducation me revient officiellement (mon diplôme, ma performance.), mais je suis bien conscient que dans le grand ensemble des choses ce n’est pas que le travail/sérieux/assiduité/etc. qui comptent. Pour le reste, et bien ça s’est bien mis pour moi, alors que je n’en avais aucun contrôle, et donc dans les faits aucun mérite pour le résultat. L’univers ne nous doit rien, et tu peux bien faire tous les efforts qu’il faut quand il faut, tu te prends quand même dans la gueule une vie que globalement tu n’as pas choisie. Elle est bien? Tant mieux pour toi. Elle est nulle? Tant pis pour ta gueule.

Ça, c’est le côté objectif.

Pour le subjectif… et bien la scolarité et l’enfance en général, c’est là où le meilleur comme le pire peuvent arriver et me sont effectivement arrivés (c’est mon ressenti, mais je dramatise carrément car en fait y’a bien bien pire que ce que j’ai eu, genre viol, harassement, cassage de gueule, drogue, racket, racisme, etc. Bon, allez, en toute honnêteté il m’est arrivé un truc grave mais je suis pas prêt à en parler). Les meilleurs souvenirs de ma vie sont de cette période, les pires aussi. Et ce sont hélas les pires souvenirs qui reviennent constamment, souvent le soir et le week-end. Si je pouvais oublier l’intégralité de mon enfance/jeunesse, je le ferais. Voilà la conclusion de toute cette période de ma vie: j’aimerais l’effacer.

Fanny2

Il suffisait que j’écrive que je ne me rappelle pas de son nom pour m’en rappeler. La mémoire, c’est quelque chose de terriblement mystérieux…

Je ne suis pas sûr de l’écriture, un r ou deux, et les noms qui finissent par le son “o”… Allez savoir si ça s’écrit o, eau, au, ault, aux, aut, aud, etc….

J’ai fait quelques recherches, rien de rien. Je laisse tomber.

Fanny

J’oublie son existence régulièrement, puis me souviens…

Fanny était une blonde aux yeux bleus, comme ma première copine dès, mais la comparaison s’arrête là. Elle était le canon physique qu’on voit dans les pubs à la tv, le top selon les critères de beauté largement reconnus. Et elle m’indifférait totalement sur le plan sentimental, lol. C’est peut-être pour ça qu’on s’est rapprochés, moi toujours en quête d’amis et elle sentant que elle allait pas être emmerdée par moi. Et… on a bien accroché. On est devenus bons amis d’un niveau phénoménal.

On était dans la même classe en première et terminale. Puis même université pendant 2 années, quoique dans des classes différentes. On passait pas tellement de temps que ça ensemble au lycée, mais en dehors oui. Surtout au téléphone d’ailleurs. On avait régulièrement des conversations de 2h, 3h… Et on se racontait tout, les petits secrets sentimentaux, nos aventures, tout ça, vous voyez le tableau.

J’allais chez elle ou on était que tous les deux, on a été à Paris tous les deux quelques jours, dormi dans la même pièce, je suis tombé sur elle en petite culotte alors qu’elle se changeait, j’ai fait les boutiques de fringues et les essayages avec elle en voyant ses dessous, etc. et ça ne me faisait rien. Moi j’étais en couple heureux avec le 2e amour de ma vie, je regardais pas ailleurs. Je n’ai jamais été intéressé par elle, et je suis sûr qu’elle n’a jamais été intéressée par moi.

Apres la 2e année d’université que j’ai redoublée mais pas elle, on s’est perdus de vue sans le vouloir (enfin pas de mon côté du moins). J’ai remarqué que je ne la croisais plus, mais j’étais occupé avec mon couple qui battait de l’aile. Puis je me suis fait larguer et j’avais la tête à rien, heureusement que mon binôme et les fêtes étaient là…

Bond d’un an dans le futur, résultats de la licence dans l’un des grands halls de l’université, plein de petits groupes par-ci par-là et je remarque Fanny au loin.

Et une colère sourde a commencé à monter.

Fanny vient me voir et me raconte qu’après la 2e année elle était partie à Angers pour une formation…dont je ne me rappelle plus, en méca je crois… Elle était désolée de ne pas me l’avoir dit et qu’on devait reprendre contact. Puis:

Elle: t’es toujours avec Yolène?

Moi: Non, ça fait plus d’un an.

Elle: Ah bon. Ah. Bon, je te donne mon numéro, appelles-moi.

Et elle me donne un morceau de papier avec un numéro écrit dessus. Et elle retourne voir le groupe d’où elle venait.

Mon binôme: ‘tain le canon que tu connais, toi! C’est qui?

Moi: une copine de lycée.

Et je jette son morceau de papier dans la poubelle à côté de moi. Hors de question de jamais lui reparler. J’ignore si elle m’a vu, je ne l’ai plus regardée, et de fait on ne s’est plus jamais revus ni reparlé.

La colère n’était plus sourde, elle était noire. J’étais dans une rage folle. Mon binôme l’a bien compris.

Lui:- et là… c’est son numéro de téléphone que tu viens de jeter?

Moi:- oui.

Lui:- ok

Il ne m’en a plus jamais reparlé ni dit un mot à ce sujet.

Je n’ai aucun démon relatif à Fanny. Je n’ai aucun regret, aucun remords. Aucune nostalgie de la période d’amitié qu’on a eue. Quand je repense à elle, en général je m’énerve toujours un peu mais suis com-plè-te-ment à la masse sur ce qu’il s’est passé. Je ne sais toujours pas pourquoi elle m’a rendu fou de rage. Ouais elle était pas là quand je me suis fait larguer et que j’ai eu une période difficile, mais… pas vraiment de sa faute, hein, et puis ça me parait léger pour déclencher la rage que j’ai eue. Je ne serais pas contre une reprise de contact, mais c’est pas moi qui vais l’initier, d’autant plus que je ne me rappelle plus de son nom de famille.

Bon. Le mystère restera. Dommage, mais pas grave.

Cho Ei

J’espère ne pas avoir trop choquer de gens ces dernières semaines? On passe à la vitesse supérieure? lol. Au fait, le blog va sans doute bientôt fermer (déménager). J’ai beau “encourager” les moteurs de recherche à ne PAS m’indexer, il y a d’autres moyens de me trouver. Et quand on me trouvera, je devrai changer d’adresse.

En 1997 j’ai eu une copine Chinoise.

C’était lors de mon voyage (touristique) au Japon durant l’été (45 jours). On était dans la même classe dans l’école de Japonais où j’allais.

La classe: 20 élèves, 2 Suédois, 1 français (moi), 17 Chinois.

Tout le monde était très sympa, excellente ambiance. Les 2 Suédois, je pensais qu’ils étaient venus ensemble mais non, ils m’ont dit qu’ils s’étaient retrouvés par hasard dans la même école dans la même classe dans la même période. Eux-mêmes étaient sciés de la coïncidence. On a bien accroché parce que c’était notre premier voyage en extrême-orient, et bon, la première fois ça décoiffe. On se raccroche un peu à ce qui est le plus proche de notre culture, sans doute pour se rassurer inconsciemment, et on étaient tous les trois européens. Les deux Suédois étaient une fille et un gars. La fille avait fait un rejet de la langue et culture Japonaises, elle ne les supportait plus et était pressée de rentrer chez elle (quoique sans être négative, en fait elle blaguait tout le temps). Lui était beaucoup plus accroché, tout comme moi.

C’était l’été donc, et ceux qui connaissent l’été Japonais savent que on n’a pas ça en France métropolitaine. Grosses chaleurs, grosse humidité. (on dirait que c’est en train de changer pour la chaleur, mais c’était il y a 25 ans)

Et on était dans une petite ville (150,000 habitants) pas loin de Nagano, la campagne. Zéro occidentaux dans la ville sauf nous.

C’était juste formidable. Dépaysant, intéressant, rafraîchissant, motivant, dynamisant, etc. Je n’ai pas assez d’adverbes positifs pour tout décrire. Ceux qui ont fait un premier voyage touristique au Japon devraient comprendre de quoi je parle.

Anecdote, avec le Suédois qui s’appelait Anders, on était allé gravir la petite montagne collant la ville et qui la dominait. Quand ça a commencé à monter un peu Anders m’a fait part de son entrainement passé dans l’armée (me rappelle plus… service militaire? préparation au service militaire?) et que des randonnées méchantes, il en avait fait et que ça allait sûrement lui servir.

Pas de chance pour sa fierté, j’avais l’air de rien, maigre et tout (lui pas gros non plus mais 15cm de plus que moi), mais j’étais au sommet de ma forme physique. Je n’ai pas peiné pour monter la montagne, lui oui. Je l’attendais en permanence mais on était lents…  A un moment il m’a dit “Un jour je vais y arriver… à fermer ma grande gueule de vantard.” lol. C’était sympa et humble. La vue du haut de la montagne était superbe. Pour nous qui n’étions pas habitués à l’urbanisme des villes Japonaises, c’était d’autant plus à couper le souffle.

On est restés en contact avec Anders pendant une bonne année, grâce à IRC. Je crois qu’il n’y a que les informaticiens de l’époque qui savent ce que c’était. C’était fabuleux, du tchat en temps réel, le délire pour l’époque… En Suède apparemment tous les étudiants l’utilisaient, en France c’était plutôt “tous les étudiants informaticiens”. Bon bref.

Ei était la plus belle de la classe et elle était tellement gentille. On s’est fréquentés moins de deux semaines, mais c’était intense. On était tout le temps ensemble et on discutait de tout… dans un Japonais très bancal. On étaient aussi nuls l’un que l’autre mais c’était notre seule langue commune. Pas facile d’aller dans les détails lors des discussions.

Le plus souvent on étaient chez elle mais elle est venue me voir au dortoir de l’école une fois. On discutait tranquille, assis sur le lit, pieds au sol, 30 cm entre nous, quand le chef du dortoir entre sans frapper.

Alors le chef du dortoir, c’était un Japonais d’une trentaine d’années payé par l’école pour faire concierge et homme à tout faire du dortoir. Il était un peu simple d’esprit mais il prenait son travail au sérieux et était d’une gentillesse à couper le souffle. Il considérait tous les résidents comme des amis voire de la famille et se comportait donc familièrement avec tout le monde. C’est dans cette lignée qu’il rentrait toujours sans frapper dans les chambres individuelles.

On dirait que ramener une fille au dortoir, c’était un first. Il a été ultra-gêné, a tout de suite refermé la porte et s’est excusé quelques heures après, toujours super gêné. Perso je m’en foutais, autant qu’il ait ouvert la porte que de ses excuses mais j’avais trouvé ça gentil. Ei, elle, fut gênée aussi et ne revint plus, mais le chef du dortoir a de ce jour toujours frappé à ma porte avant d’entrer. Je me rappelle avoir pensé que c’était mieux quand il rentrait sans frapper car ça m’évitait d’avoir à crier “Oui tu peux entrer”. J’ai une voix qui porte pas du tout, il faut toujours que je hurle et ça me gonfle.

Il y avait des trucs qui m’avaient un peu surpris avec Ei. Un jour dans mon dico il y avait une carte du monde, alors je lui demande si elle sait où est la France. Non. Ah. Les Etat-Unis? Non plus. Ah. Quels pays tu connais? Elle savait placer la Chine et le Japon, et rien d’autre.

J’ai creusé sans être intrusif, avec une personne gentille je ne peux être que gentil dans mes paroles (je suis capable du meilleur comme du pire dans mes paroles), et ce fut un tableau édifiant de son enfance. La ligne de montage à l’usine à 14 ans dans des conditions que vous pouvez imaginer, les journaux occidentaux s’en donnent à cœur joie de les raconter ces conditions de travail… ne fut pas le plus difficile. Le but ici n’est pas d’horrifier sur son histoire, donc je n’irai pas dans les détails. A la fin elle a su trouver le courage d’émigrer au Japon pour une vie meilleure, et je trouve qu’elle a été forte sur ce coup.

Vers la fin de mon séjour, elle me dit “J’ai pas osé demander l’autre jour, mais c’est quoi “la pilule” dont tu parlais?”

Moi: gros yeux, un frisson me parcoure le dos…

Putain, j’ai un gamin de 24 ans dans la nature si ça se trouve, dès!

Nan je déconne, quelques semaines après elle m’a écrit que pas de bébé!

Ou alors elle m’a menti. Ça expliquerait qu’elle m’ait envoyé une lettre 10 ans après en me disant… à peu près rien.

T’as une aventure de 2 semaines, tu ré-écris à la personne 10 ans après en lui disant rien? Ou bien je lui ai vraiment fait un effet bœuf?

Tirons ça au clair. Je n’étais pas prêt avant (j’avais une bonne raison), maintenant je le suis.

Le truc que je découvris: quand on a eu zéro éducation, ça inclue aussi l’éducation sexuelle dis-donc. Bah oui hein. A moi-même d’il y a 25 ans: “gros con!”.

Pour info et ceux qui se poseraient la question: pas de pilule au Japon. 4 mots clé dans le domaine: technique du retrait, capote, ligature des trompes, avortement.

Bref, retour à “tirer au clair”. C’est plus vite dit que fait… Elle est à 800 bornes, je n’ai pas beaucoup de jours de congé et je n’ai aucune idée de son adresse. Une recherche avec son nom, dont j’ai un doute sur un kanji en plus, me donne une quantité impressionnante de résultats, bien plus que ce qu’un humain peut trier. Il y a beaucoup de Chinois avec le même nom on dirait, et “beaucoup”, quand on parle de la Chine, c’est vraiment vraiment beaucoup. Sur Facebook par exemple, j’ai arrêté la barre de défilement de la liste des résultats au bout d’une minute car ça devenait ridicule.

Ai-je toujours sa dernière lettre? Elle date d’il y a 15 ans mais on sait jamais, ce serait un début de piste. Bon, je vous tiendrai au courant!

En rétrospective, Ei m’a beaucoup plus intéressé que toutes les Japonaises que j’ai connues (quoique pas nombreuses hein, je me suis vite marié), à l’exception de Yukiko, et j’ai d’excellents souvenirs grâce à elle. Je n’ai pas de regrets et suis même super content de l’avoir fréquentée.

Je devrais m’arrêter là parce que je vais passer pour un con, mais vous l’avez peut-être senti (lol), je respecte la Chine. Je n’aime pas la Chine, je la respecte. Je n’ai pas envie d’y aller, d’y émigrer, d’y travailler, d’y vivre, etc. Mais c’est une super puissance qui a une histoire et culture absolument formidables, et qui a toujours fait face avec plus ou moins de succès à des défis assez uniques en taille. Elle a toujours eu un poids considérable sur la planète et bizarrement toujours beaucoup d’ennemis, tout en restant une référence. Le Japon est le “pays du soleil levant” parce que… vu de la Chine le soleil se lève sur le Japon, oui.

Et donc, avoir pu partager des moments avec une Chinoise me rend très heureux. Je respecte ce pays, je suis très content de ce lien qu’il y a eu. Oh je sais, il y a tellement de Chinois qui ont eu des relations avec des étrangers, et puis c’était que 2 semaines, etc etc. On peut toujours tout critiquer et argumenter, mais là j’essaie pas de convaincre, j’exprime un sentiment. Cette relation m’a beaucoup plu, point.

Edit: Cho Ei est la prononciation japonaise. La prononciation occidentale serait plus “Sun Ce”. Je viens de le découvrir.

Le doigt

Souvenir de licence.

Un élève s’était cassé le doigt. Je sais pas comment et je n’en avais rien à cirer, mais vous savez, on peut pas plâtrer les doigts. Alors il avait une attelle en plastique dur avec un énorme bandage. Mais vraiment énorme le bandage, je sais pas combien il y avait de couches, mais c’était vraiment beaucoup. L’attelle aussi était énorme.

Il s’agissait du majeur, et il était dressé tout droit en permanence donc. Quand je l’ai vu la première fois j’ai dû étouffer un gros rire parce que…parce que bah c’était obscène, quoi. Même avec les autres doigts ouverts le majeur dépassait clairement et il faisait comme un énorme doigt d’honneur en permanence.

Mais personne faisait de remarque ou riait, c’était des gens biens dans ma licence, donc je me disais ça fait rire que moi, j’ai l’esprit mal placé.

Un jour pendant la pause, il y a eu un blanc de quelques secondes dans les discussions et mon binôme lui demande alors à froid (avec un air sérieux) “C’était pas une fille en fait?”

Moi j’ai explosé de rire de suite, hein…

Le gars, qui ne comprenait rien et après quelques secondes de dévisagement: “hein? De quoi tu parles?”

Mon binôme reste un peu à le dévisager aussi pour voir si il finit par comprendre la blague, mais non décidément il ne comprend pas, alors il lui montre sa main des yeux.

Le gars regarde sa main, réfléchit quelques secondes, et enfin comprend! Il a ricané.

J’en avais jamais parlé avec mon binôme, mais on avait à peu près pensé la même chose.