Cette fois-ci, ce fut pour une institution financière à Singapour. Actuellement, la boite de mes rêves (j’ai des rêves flexibles). Quant à travailler à Singapour, ça me plairait beaucoup: 25 degrés tous les jours, de la pluie tous les jours… mon climat de rêve. Je passe sur tous les avantages que je pourrais lister au sujet d’un travail à Singapour, mais il y en a beaucoup. Non, je n’essaie pas de migrer à Singapour, mais si j’ai une opportunité là-bas, je fonce!
Premier entretien, par téléphone. Un gars vachement sympa, une crème. Pas agressif, pas écrasant, pas m’as-tu vu, juste sympa. Ceci-dit, et ce fut mon impression personnelle, ce n’était pas quelqu’un avec qui on pouvait faire son travail n’importe comment, c’était quelqu’un qui motivait et appelait à faire un travail sérieux. Il y a des gens comme ça, plus que des managers, des leaders. Ils ne sont pas juste là à cracher des ordres, mais à motiver les troupes pour faire un super job.
LE truc qui m’a frappé: il ne m’a pas posé de questions sur mon travail. On a parlé 20-30 minutes, et en dehors de quelques questions détournées, rien sur le travail. Comme il l’a dit, cash, j’ai travaillé 12 ans pour at&t, je peux travailler dans n’importe quelle grosse boite sans difficultés.
Parenthèse: oui, quand on a pu travailler 12 ans dans une grosse boite, on a prouvé qu’on peut travailler dans n’importe quelle grosse boite. Je vois tous ceux qui venaient à at&T venaient tous de grosses boites, NTT, KDDI, Oracle, Alcatel Lucent, etc. Ils étaient comme des poissons dans l’eau chez nous. Et tous ceux qui quittaient at&t n’allaient que dans des grosses boites, Microsoft, Cisco, Apple, Accenture, etc., et s’y plaisaient très bien. Fin de la parenthèse.
Il ne m’a donc pas posé de questions sur mon travail concret, chef de projet chez at&t, ça allait marcher comme chef de projet dans sa boite. Par contre, ne vous y trompez pas, toutes les questions qu’il m’a posées avaient un but concret. Il m’a profilé. Etais-je un gars bien, sérieux, posé, clair, positif, dynamique, etc. En fait, il a fait exactement ce que je fais moi personnellement quand je recrute quelqu’un: l’expérience professionnelle, je m’en fous. Le travail, ça s’apprend. Un caractère ou une personnalité, ça ne s’apprend pas. Et si le candidat est un gros con, même si il sait faire le travail demandé, je ne VEUX PAS travailler avec lui. Je vais passer 8 heures par jour avec lui, je me fous de si il connait windows ou Linux, mais je veux bien m’entendre avec lui.
Et c’est exactement ce que ce manager a fait avec moi. Discuter avec un manager de cette trempe fut une bouffée d’oxygène. Je lui en suis très reconnaissant. D’accord pour qu’on ne me retienne pas, mais que ça soit pour de bonnes raisons, genre le recruteur ne m’aime pas. Ça, c’est une bonne raison. Le fait que je n’ai pas l’expérience truc machin, ce sont des conneries.
2e entretien 2-3 semaines plus tard, par vidéo conférence dans leurs bureaux de Tokyo. Des bureaux magnifiques, ohlala comme j’avais envie d’y travailler. Encore une fois, 20-30 minutes à parler APPAREMMENT de tout et de rien sauf de mon expérience professionnelle (qui donc n’avait que peu d’importance), ma bonne impression de mon recruteur ne fut que renforcée. Chemisette manche courtes, le gars qui la ramène pas mais qui n’en a pas besoin: il est sûr de lui (et à mon avis, à juste titre), il connait sa valeur, nul besoin de se prouver à un nobody comme moi ni à m’écraser ou me mettre la pression. Je vous dis, un gars super pour lequel on a envie de travailler et de faire un bon boulot. Franchement, des gens bien comme ça avec une “aura”, on en rencontre assez peu souvent pour que le peu qu’on rencontre, on est content rien que de les avoir rencontrés.
Et donc, tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais il ne m’a pas pris quand même. Il se trouve qu’il avait la possibilité d’embaucher un de ses contractors (prestataires) déjà sur place… La déveine totale pour moi… LE truc imparable. Forcément, il a déjà sur place un gars qui fait déjà bien le travail, pourquoi irait-il embaucher un gars de l’extérieur. J’aurais fait la même chose que lui, n’importe qui aurait fait le même choix. Il n’y a même pas de question qui se pose (et encore, vu ce qu’il m’a dit, je crois qu’il s’est posé la question, ce qui serait vraiment très sympa).
J’ai reçu la mauvaise nouvelle à 19h. Je suis parti me coucher aussitôt. J’en ai été malade une semaine. Super boulot, super chef, super boite, super pays. ra-té. J’en ai encore un pincement plusieurs mois plus tard.