Le fossoyeur

Je suis un fossoyeur de merde. Enfant, on ne rêve pas de le devenir, et jeune adulte on ferait tout pour éviter ce genre de travail. C’est un processus très fin et traitre pour le devenir. Ça ne vient pas du jour au lendemain, ça s’infiltre peu à peu et un jour on se réveille et on réalise.

Dans mon service, on implémente des solutions pré-faites de telecom, de la data principalement. Tout est réglé au millimètre. On a des dizaines de milliers de pages documentant nos process, tous les cas sont répertoriés, tout ce qui peut arriver et comment les gérer. Ça permet de baisser les coûts, et pour nous, et pour les clients. Et puis on sait que ce sont des solutions qui marchent, il n’y a pas de surprise. Ça, c’est le discours commercial.

Parce que dans la réalité, y’a presque pas une commande qui se passe tout bien comme dans la documentation. Toujours un cas spécial jamais vu, toujours un truc qui se passe pas bien, toujours des requêtes de machin jamais prévu. Et mon boulot est de les faire disparaître. En gros on a des trucs qui rentrent pas dans les cases, je dois les faire rentrer dans les cases. Pas le droit de créer de nouvelles cases.

Un exemple: un client avait un modem 3G à qui il manquait les antennes, sa réception était mauvaise. Pas de process pour remplacer seulement les antennes, donc les commerciaux ont envoyé une commande pour un nouveau modem. Bon. Le modem arrive, et le client… prend les antennes du nouveau modem et les installe sur le modem déjà installé. Ahhh oui mais non. On a une commande pour un nouveau modem, si il est pas installé, ça passe pas au niveau de l’assurance qualité. Et si ça passe pas le QA (Quality Assurance), la commande se finit pas, et ça c’est pas possible. Va y avoir un rapport au niveau du management qui va se rappeler à ton bon souvenir et te demander tous les jours pourquoi elle se finit pas cette putain de commande. Alors on va prendre son courage à deux mains et dire au client que bah il faut utiliser le nouveau modem et pas l’ancien. Bien sûr le client ne va pas comprendre: “non mais ça marche maintenant, pourquoi faut changer?”. Il va falloir lui dire que changer seulement les antennes, ça n’a pas été prévu par nos 100000 pages de documentation, et que on est dans la merde jusqu’à ce qu’il veuille bien remplacer le modem. Et là, que fait le client? Il échange la carte SIM des deux modems… Evidemment, ça marche pas mieux que dans le premier cas, hein… faut pas croire que nos process ont prévu de changer les antennes ET la carte SIM mieux que de changer juste les antennes… Et c’est reparti pour un tour avec le client, y’a pas de problème, j’adore passer pour un con.

Nan je blague, mais ça serait mieux si vraiment j’aimais.

Donc voilà, des merdes tous les jours. Des fois on a des trucs inimaginables, des trucs complexes déments que seul un esprit torturé aurait pu imaginer. C’est irracontable et il faut être dans notre équipe depuis un certain temps pour comprendre la nature du problème et le comique de la situation. Ah oui parce que plus c’est complexe, plus ça nous fait rire (jaune, on n’est pas fous non plus).

Et à la fin de la journée, selon qu’on a pu finir des commandes ou résoudre beaucoup de problèmes, on est plus ou moins satisfait de soi. Et tous les matins on recommence. Des merdes tout le temps et de toutes les catégories et tailles possibles… je suis un fossoyeur de merde.

La pensée du jour

Au travail, pendant une pause, envahi d’un grand sentiment de désespoir dû à l’ennui profond que je ressentais, j’ai pensé “heureusement qu’il y a le travail pour m’occuper”. Quelle pensée ironique! J’ai un vrai problème avec mon travail, il faut vraiment que je change de job. Promis, dès qu’on aura déménagé plus près de la capitale et que les enfants seront plus autonomes, je change.

Ah oui mince, c’est vrai qu’on vient juste de déménager à Kamakura et que les enfants n’ont que 9 et 6 ans. Bon, je changerai de boite quand j’aurai 50 ans alors. Vu le salaire que j’aurai à ce moment, je suis sûr que plein de boites voudront m’embaucher (sarcasme).

Sayonara le chef

Mon équipe est composée de 1 Chinois de Hong-Kong, 2 Chinois mainland, 2 Singapouriennes, 1 Indienne, 1 Malaysienne, 2 Japonais et 1 Français (moi). Tous sont dans leur pays respectif, sauf moi bien sûr, qui suis au Japon.

Nous gérons toutes les implémentations faites en Asie du Sud Est, ET Inde ET Océanie.

Notre manager était Australienne, en Australie. J’écris “était”, parce qu’elle s’est faite licenciée pendant mon congé. Le motif? Trop chère, l’Australie étant classifiée comme “High cost center”.

Alors, c’était déjà bizarre parfois d’avoir une bosse non-asiatique et en décalage horaire de 4-5 heures avec l’une de nos collègues (l’Indienne), mais au moins elle faisait partie de la zone qu’on couvrait. Et puis le décalage avec l’Inde, il faut dire que c’est en grande partie parce que l’Inde est elle-même en décalage avec le reste de la zone qu’on couvre.

Ont-ils remplacé notre manager par notre team leader (le Chinois de Hong Kong), un vétéran de la boite de 20 ans qui connait les spécificités de tous les pays de la région, qui connait tout le monde au-dessus et à côté de notre organization, le remplaçant légitime de la manager? Non, à la place ils ont nommé un Slovaque, de Slovaquie.

Pour le coup, c’est maintenant un décalage de 7h ou 8h (selon heure d’été/hiver) avec l’équipe au Japon, 6h ou 7h avec le reste de l’équipe sauf l’Inde. En gros, notre boss arrive au boulot quand nous on le quitte. J’avoue avoir du mal à comprendre comment on est censé travailler en bonne intelligence comme ça, avec un chef qui en gros n’est jamais là quand nous le sommes, dont on reçoit tous les emails le matin en arrivant au boulot en un bloc, et pas au fur et à mesure. Des fois on a des trucs urgents qui requièrent une action du manager. Ben là, les trucs urgents, ils attendent. Tant pis pour le client. Tant pis pour nous qui nous prenons les critiques du client pleine poire. Ah oui, on est en première ligne, hein.

Le fait d’avoir un non-résident asiatique diriger une équipe asiatique m’énerve aussi, personnellement. Je trouve ça insultant. Comme si on n’avait pas de gens capables sur place. Mais en fait ce n’est pas la raison. La raison est purement économique. Et là du coup, c’est insultant pour notre manager.

Notre manager donc, tout nouveau du management, a l’air de se démener dans ses fonctions. Il s’est démené pour avoir le droit d’embaucher quelqu’un (parce qu’il y a trop de travail à faire) et… on lui a répondu positivement. Sauf que, il n’a pu prendre que quelqu’un en Slovaquie. Donc maintenant l’équipe a aussi une Slovaque dans ses membres, et elle va gérer des implementations dans toute la région comme nous. Et elle ne sera pas au travail quand les clients le seront, surtout ceux en Australie et Nouvelle Zélande.

Quand le management nous demande (chaque année) de “relever le niveau de service” et “d’élever la satisfaction des clients”, moi j’aimerais bien répondre que déjà avoir des employés qui travaillent à peu près aux mêmes heures que leurs clients, ça serait une bonne idée. Je ne suis pas sûr pour tout le monde, mais si moi j’étais client, j’aimerais bien que mon responsable client soit joignable par téléphone, ou qu’il réponde dans la journée à des questions faciles.

Mais mon avis on s’en fout évidemment, ma boite est une “top-to-bottom”, c’est à dire que l’information ne va que de haut en bas, jamais le contraire.

Et si je n’avais que ça dont me soucier! Parce que Hong Kong, Singapour et le Japon sont classifiés “High cost centers” (comme l’Australie), les prochains à partir après mon ex-chef, c’est nous! On va tous être remplacés par des Européens de l’Est, au secours!

Anecdote du boulot

Le monde du travail en bureau, il y a des trucs qui te ruinent ta sante mentale quand meme. Pour peu d’avoir un minimum d’honnetete et de valeurs que tu respectes. Anecdote.

J’ai fait une demande informelle de teletravail il y a 5 mois, ma boss et sa boss etaient d’accord. C’est pour travailler 2 jours par semaine au bureau, et 3 jours de chez moi. Maintenant qu’on sait quand on demenage, j’ai fait la demande formelle.

Chose que j’ignorais, les RH donnent leur avis apres acceptation par ma boss directe. Ma boss a accepte direct ma demande formelle, normal puisqu’elle-meme est en tele-travail 100% du temps, et qu’elle avait accepte il y a 5 mois.

Vient l’avis du manager RH: accepte, mais cable ne pourra plus s’assoir a sa place actuelle quand il viendra au bureau, il devra aller dans la zone reservee aux tele-travailleurs.

Je ne parle a presque personne d’autre qu’aux collegues de mon equipe, et les RH veulent que je ne m’assois plus a cote d’eux. Quel interet d’aller au bureau, sans deconner.

La place reservee aux tele-travailleurs est deux rangees de bureaux plus loin. C’est vraiment prendre de la peine pour me faire chier. J’admire son dediement. Je crois que le chef des RH peut pas me blairer.

Enfin, admirez la rangee de bureaux ou mon equipe travaille.

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La chemise blanche, c’est un gars de mon equipe. Tous les sieges ranges? Pas utilises par qui que ce soit ces 2 dernieres annees. Les sieges n’ont pas bouge en 2 ans. Y’a personne, et ca risque pas de changer, parce qu’on perd plus d’employes qu’on en embauche. MAIS les RH veulent que je m’assois plus la. C’est le re-gle-ment.

Faut avoir la rage pour faire chier quelqu’un comme ca pour un motif a la con.

J’ai pris la photo ci-dessous, l’ai envoyee a ma boss en lui disant que le manager des RH etait un poil con sur les bords. Avec une reponse-commentaire amusante “ghost-town!!”, elle m’a dit qu’elle avait regle le probleme avec les RH. Sympa ma boss, hein!

Et la fin de son mail… elle m’apprend que notre directeur, aux US, lui avait dit qu’il avait finalement des “reserves” sur ma demande de tele-travail. Elle a une reunion ce soir avec lui, j’aurai plus de details demain… mais c’est mal barre.

I’ll be back

L’autre jour, j’ai reçu un mail en interne de Michael Jackson! Passé les quelques secondes de stupeur, j’ai vérifié dans notre address book: on a une demi-douzaine de Michael Jackson dans la compagnie. Woah. En y pensant un peu plus, c’est vrai qu’un tel nom doit être super courant aux US, vu que “Michael” est un prénom super courant, et “Jackson” un nom super courant. La combinaison des deux est donc probablement super courante, duh.

Aujourd’hui j’ai reçu un mail de John Connor! Après vérification, on n’en a qu’un seul, et on n’a pas de Sarah Connor ni de Kyle Reese.

Le vent tourne, et encore, et encore…

Il y a 4-5 ans, quand on commençait vraiment à manquer de place dans les bureaux de ma boite, le management commença à dire aux employés que le télé-travail, c’était l’avenir, et qu’en étant une société de telecom, on devrait s’y mettre, bordel de merde! (le “bordel de merde!” était sous-entendu) Quelques enquêtes furent menées pour déceler les employés qui n’avaient vraiment pas besoin de venir tous les jours à la boite, qui pourraient travailler de chez eux et ne venir que quand nécessaire.

Puis en 2010/2011, vlan, scission de la boite, on a perdu les 3/4 des employés en gardant les 2/5 des bureaux. On avait facile assez de place pour tout le monde. D’un coup (sérieux, du jour au lendemain), revirement du management. Par annonce collective, toutes les demandes de télé-travail seraient rejetées, parce que merde, tout le monde sait bien que ça marche pas et que franchement quoi, c’est pas justifié dans notre cas, on est une équipe soudée qui aime travailler ensemble et se voir tous les jours, bordel de merde! (le “bordel de merde!” était sous-entendu)

Là du coup, même les femmes qui avaient jusque-là le droit de télé-travailler quelques jours par semaine ont eu toutes les peines du monde pour continuer d’utiliser ce qui était désormais considéré comme une exception et un privilège (oui, c’est mal vu pour les hommes, mais vu que ce sont tous des sales porcs feignasses, dixit de nombreuses femmes, ils peuvent bien fermer leur gueule). Ils leur fallait parfois 6 mois pour obtenir une autorisation qui jusqu’à présent ne prenait que quelques jours, et à renouveler chaque année sioux plait.

Et puis bien sûr, suite à la scission, ils n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin de délestage. 3 ans plus tard, le tiers de nos bureaux sont vides. Personne n’a été viré, mais personne n’est remplacé quand ils partent (sauf les commerciaux).

Un tiers des bureaux vides, merde alors. On paye trop, pour des bureaux qu’on n’utilise pas! que le management se dit.

Alors vlan, maintenant on parle de déménager pour des bureaux tous petits, et tant qu’à faire, on fait une enquête pour déceler les employées qui n’ont vraiment pas besoin de venir tous les jours à la boite, qui pourraient travailler de chez eux et ne venir que quand nécessaire. Parce que bon, commençons-nous à entendre, le télé-travail, tout le monde le fait, et étant une société de telecom, on va bien devoir s’y mettre, bordel de merde! (le “bordel de merde!” est sous-entendu)

Il y a des jours, on est fatigué de se faire prendre pour un con. Le pire dans tout ça, c’est que le management croit qu’on se fait berner par leurs pseudo-techniques de persuasion et de self-justification pitoyables. Ils croient vraiment nous convaincre, et c’est ça qui me vexe, bien plus que le fait de pousser au télé-travail ou non selon ce qui les arrange.

Quand je parle du management, c’est un mixe entre le haut management (genre SVP, un gars important aux US qui décide qu’on va faire des économies sur notre dos), et le management local qui n’a pas son mot à dire et dont la mission est de faire passer la pilule.

Nouveau rythme

Depuis cette semaine, je me lève à 5h (entre 5h et 6h en fait, la smartband décide de quand je dois me réveiller), part aussitôt que possible au bureau, et rentre tôt. Dans l’idéal, je devrais pouvoir commencer le travail entre 7h et 7h30, et quitter le bureau à 16h, si j’ai pas trop de boulot. C’est ce que je vise en tous cas.

Et puis je vais devoir me mettre à la cuisine pour de bon, puisque je vais sans doute rentrer plus tôt que Yukiko. Les enfants en ont marre d’attendre jusqu’à plus de 20h pour bouffer. Bon. Nouveau défi, ouais! En fait ça me brise les coucougnettes royal, mais pas trop le choix, pour le bien des enfants.

J’ai regardé la recette du hachis parmentier hier. Ça commence par “faire la purée avec les pommes de terre”. Je sais pas faire une purée, moi, bordel de merde. Ils se foutent de ma gueule sur marmiton! A ce niveau, on peut tout expliquer en trois phrases, merde! (lol)

Anecdote

Anecdote racontée par une collègue.

Elle devait aller installer un serveur dans le datacenter d’un (gros) client à Osaka. Après l’avoir testé et tout préparé dans nos bureaux (à Tokyo), elle demande au prestataire qui l’aidait dans le projet de faire les démarches pour envoyer le serveur au datacenter du client.

Vient le jour J, elle va à Osaka, elle arrive à midi et devait rentrer quelques heures plus tard. Mais là, le choc, le serveur était là mais pas le cordon d’alimentation. Et le datacenter marchait sur du 200V (connecteurs d’alim spéciaux), donc pas le genre de cable qu’on trouve au magasin d’électronique du coin.

Elle appelle le collègue/prestataire pour dire que le câble est pas là. Réponse du prestataire: “bah tu m’as dit qu’il fallait envoyer le serveur, tu m’as rien dit pour le cable d’alim”. Le gars extrêmement con, quoi! Il aurait paru nettement moins con s’il avait dit qu’il avait oublié d’envoyer le cable d’alim. Mais non, il fallait qu’il crie sa connerie au monde. La collègue était furibarde.

Du coup ils ont envoyé le cable en bike-bin, livaison express. Cable transporté en moto jusqu’à la gare de Tokyo, puis Shinkansen jusqu’à Osaka, puis re-moto jusqu’au datacenter. 4-5 heures pour livrer un cable 400km plus loin, très fort! Le prix aussi était très fort! Et la collègue qui a finit son travail tard le soir, est restée à l’hôtel ce jour-là.

Vous voyez (morale à 2 balles de l’histoire), c’est pas que le résultat qui compte. On arrive toujours à régler un problème, à coup de thunes ou de temps. Mais se prendre un problème dans la gueule alors qu’on aurait pu l’éviter, ça coûte au moral. Et plus c’était facile de l’éviter, plus le moral prend.

Les cons nous survivront.

Clients irrascibles (2)

Dans la série clients irrascibles. Un client en Nouvelle-Zélande.

2 Juin
Moi: Bonjour, nous sommes prêts à faire le travail de migration. Quand souhaitez-vous que nous le fassions? Merci de donner au moins 1 semaine de pre-avis pour que nous soyons sûr de pouvoir réserver les ressources nécessaires.

9 Juin
(puisque aucune réponse)
Moi: Bonjour, avez-vous pensé à un horaire qui vous conviendrait pour le travail de migration? Je vous rappelle que nous recommandons une semaine de pré-avis.

11 Juin
Client: Samedi 14 Juin à 20h
Moi: Ah, désolé, j’ai vérifié mais il n’y a pas d’ingénieur de libre à cette heure. Que diriez-vous de 18h ou 21h ce même jour?
Client: Oh! Je suis le client et je devrais être capable de décider l’horaire que je veux. A vous de vous adapter.

Là, déjà, le connaromètre explose. Mais c’est pas fini.

12 Juin
Moi: Désolé, j’ai escaladé au management, mais il n’y a vraiment personne de disponible à 20h. 18h, 21h, ou un autre jour?
Client: (putain de bordel de merde!) 21h.

14 Juin, samedi, 21h30
Notre ingénieur m’appelle chez moi au téléphone.
Ingé: Le client n’a toujours pas joint la téléconférence.
Moi: ok, je vérifie.
J’apppelle le client sur son fixe au boulot. Pas là, je laisse un message. J’appelle sur son portable. Pas là, je laisse un message.
Je lui envoie aussi un mail.
Je papote avec l’ingénieur une demi-heure. A 22h, mail du client:

Client: J’étais en train de me reposer parce que je suis malade, mais le téléphone m’a réveillé. Je suis malade, merci de reporter le travail un autre jour.

Mais sans déconner! Après le “je suis le client donc le roi”, le gars vient pas à l’horaire du samedi soir qu’il a demandé, nous fait perdre du temps à moi et à notre ingé, ne nous préviens pas, et ne s’excuse pas! Ya des gens j’vous jure!

Congés payés

Il y a comme une rumeur que les Japonais n’ont pas de vacances et travaillent tout le temps. Et les Japonais ont l’impression que les français se reposent beaucoup et prennent beaucoup de bon temps. Généralisations un peu hatives comme d’habitude, et la situation n’est pas aussi simple, comme d’habitude. Je ne vais pas rentrer dans les détails parce qu’il y a de quoi écrire un pavé, mais juste un petit mot sur les congés payés.

J’ai trouvé le tableau comparatif ci-dessous sur le site de CNN. Il donne le nombre de congés payés annuels pour certains pays, avec le nombre de jours fériés. Le nombre de congés payés est pour un employé qui aurait travaillé 10 ans dans la même boite. L’enquête fut faite dans des grandes compagnies américaines (* Typical practice among large U.S. companies).
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Alors, c’est pas facile de faire un tel tableau. CNN a pensé à intégrer l’anciennneté de l’employé et c’est une bonne idée parce que souvent le nombre de congés payés augmente avec l’ancienneté. CNN a décidé de publier le minimum dans son tableau et non la moyenne, pourquoi pas (ça allait dans le sens de l’article qui dénonçait le faible nombre de congés payés auxx Etats-Unis). Pas facile d’intégrer les RTT françaises dans ces données je suppose. Et j’imagine que d’autres pays ont d’autres règles un peu inhabituelles dans le même genre, genre le Japon où certaines compagnies donnent une semaine pour oBon (la toussaint locale), d’autres donnent une semaine de vacances en été à prendre n’importe quand, etc. Encore une fois, les règles changent de compagnie en compagnie. Enfin, CNN a limité sa comparaison aux compagnies américaines (implantées à l’étranger). Le tableau ne tient égaleement pas compte du taux d’utilisation de ces congés (on a tous eu des collègues qui ne prenaient pas leurs congés, et au Japon il y a des sociétés dans lesquelles ça ne se fait pas de prendre des congés, et je suppose que c’est pareil dans beaucoup de pays, France comprise).

Tout ça fait que ça ne donne qu’une image excessivement partielle de la réalité sur le sujet.

Mais globalement, le nombre donné pour le Japon ne me semble pas mal du tout. 20 jours minimum avec 10 ans d’ancienneté, ça me semble correct, même pour les boites non-américaines. Il y aura évidemment des inévitables contre-exemples, mais perso j’essaie de parler de la tendance. Pour ça comme pour tout le reste au Japon, il vaut toujours mieux éviter de dire “le Japon c’est comme ci et comme ça”, parce qu’il y a toujours des contre-exemples, des expériences différentes, et c’est toujours assez compliqué pour en fait nécessiter une vrai -longue- dissertation pour bien tout détailler. J’ai fait l’erreur un nombre incalculable de fois et je continue de la faire de temps en temps; soyez indulgents, quand je dis “le Japon c’est comme ça” (ou un truc dans le genre) c’est juste un raccourci maladroit (mais faut pas hésiter à corriger/nuancer si y’a un truc qui vous tient à cœur!).

Là j’ai 8 ans d’ancienneté dans ma boite et 23 jours de congés payés. Je suis bien loti. Le max dans ma boite est de 28 jours, mais il faut y avoir travaillé 25 ans. J’y arriverai peut-être, dans 17 ans!

Pour revenir au sujet de départ, nuançons donc! Je pense que toutes les opinions “on fout rien en France”, “on prend jamais de vacances au Japon” etc., c’est faux. Plus j’entends/je lis au sujet des expériences des gens en France et au Japon, plus je me dis que ça ressemble beaucoup. Bon, les Français prennent de longues vacances d’été et une semaine pour certains trucs comme le ski ou Noël, alors que les Japonais prennent rarement plus d’une semaine à suivre, et rarement plus d’une ou deux fois par an. Il y a d’autres points qui diffèrent, mais rien qui me semble important (en aurais-je oublié?).

Après, il faudrait parler un peu du rythme de travail… sujet vaste également…