Pertes de temps

Nos projets doivent être complétés à une date qu’on appelle DDNC: Date Dūe Négociée avec le Client. Le nom est traître, puisque le client n’a pas son mot à dire et en est même informé après coup. Le DDNC est (par exemple) le 4 Septembre 2014, c’est nous qui décidons, point.

Elle est facile à calculer, elle consiste en la date de livraison standarde donnée par le cablo-opérateur + 2 semaines pour tout le reste. Evidemment, ça ne veut pas dire que tout le travail en dehors de la ligne WAN est fait en 2 semaines, puisque qu’on le fait en parallèle du travail fait pour la ligne WAN. C’est juste qu’on a deux semaines standard pour installer le routeur et faire toute les config/tests.

Ratez le DDNC, et c’est la ca-tas-tro-phe. Ça monte trois crans au-dessus de moi (senior Director), et ça redescend aussi vite sur votre gueule via le téléphone.

Quand on rate le DDNC, il faut “coder” le projet avec un code retard. La liste des codes est longue, mais ce qui est vraiment important au final est de savoir de qui est la faute: notre boite, ou le client.

On a le management qui regarde chaque semaine un rapport qui liste tous les projets de la planète qui ont dépasssé le DDNC, avec leur code. On a une target de 0% pour les DDNC dépassées avec notre boite comme responsable du retard.

Pour résumer:
Règle numéro 1: ne pas rater la DDNC
Règle numéro 2: si on la dépasse, il ne faut pas que ce soit de notre faute

Bien sûr, les disputes de responsabilités sont nombreuses, mais heureusement ma division n’est pas trop impliquée; une fois qu’on a codé le projet, les  commerciaux ne peuvent que faire appel au high management pour contester, pas à nous.

Tout va globalement bien jusqu’à ce qu’un jour un directeur décide que les DDNC sont trop longues. “Quoi? 89 jours pour un site en Ethernet au Japon? Non, c’est abusé, on va la mettre à 74 jours.”. Sur quoi s’est-il basé pour prendre cette décision, mystère. Il devait sans doute regarder un rapport sur le temps de complétion des projets, et il voulait l’améliorer. (accesssoirement, la division qui est en charge de surveiller les stats de temps de livraison des circuits par les cablo-opérateurs et de négocier avec eux a hurlé quand elle a été mise au courant après coup.)

La règle “DDNC = temps de livraison du circuit par le cablo-opérateur + 2 semaines”: passée aux oubliettes. Mais du coup, on n’a plus aucune chance de livrer dans les temps. Et ça, c’est inacceptacle pour le management.

Il y avait un process qui existait et qu’on utilisait rarement: le DCE (Date de Complétion Etendue). Le DCE était utilisé quand un opérateur livrait son circuit en retard. On utilisait le process du DCE dans 5% des projets. Il s’agissait concretement de lancer une requête d’extension du DDNC au management (avec détails), qui transférait à un manager régional en charge du DCE, qui allait dans les systêmes changer une date DDNC-bis. Un projet qui dépasse le DDNC mais ne dépasse pas le DDNC-bis n’est pas compté comme un échec dans nos stats.

Temps total perdu par requête DCE: 20 minutes. Pas énorme, mais multipliez par quelques milliers de projets annuellement, et on arrive à des mois/années de temps de travail perdu (étalé sur plusieurs chefs de projet). Parce que maintenant, un bon pourcentage des projets suivent le process DCE.

Et tout ça pour quoi? Pour qu’un directeur A soit content de voir que tous nos projets sont “livrés en heure”. Pour qu’un directeur B soit satisfait d’avoir “écourté” nos temps de complétion des projets.

Nous, le temps que ça nous prend pour finir un projet n’a pas changé. Rien n’a changé pour le client. Rien n’a changé pour le cablo-opérateur. On perd 10 minutes par projet, le management aussi. On perd un temps de travail affolant sur l’année.

Faites ce genre de changement de process 3 ou 4 fois par an. Insérer de nouveaux directeurs dans le management qui auront chacun leur vision de quel rapport est important et quel rapport ne l’est pas, et qui ajouteront des nouvelles règles selon le temps qu’il fait. A la fin, on prend 10 fois plus de temps qu’il n’en faut pour boucler un projet, avec aucune valeur ajoutée pour qui que ce soit. Ça devient terriblement difficile de se motiver parfois.

Nouvelle collègue

On a un nouveau membre dans mon équipe. La cinquantaine, intérimaire, n’a jamais fait d’informatique (elle ne sait pas ce que c’est qu’une adresse IP)… pas facile de la former pour devenir chef de projet dans les réseaux WAN. Perso, je prie pour qu’elle quitte ce job le plus vite possible, mais on va pas lui mettre de bâtons dans les roues. Les bonnes surprises, ça existe. Des gens qui d’un coup se mettent à travailler beaucoup pour x raison, et qui arrivent à passer outre le gap de leur ignorance pour réussir à faire un bon boulot. Ça arrive souvent au Japon. Je dois bien dire que beaucoup de Japonais sont très flexibles, genre ils commencent un boulot pour lequel ils n’ont aucune formation ou connaissance, et au bout de quelques années, ils font un bon boulot.

Ça commence dès la sortie de l’université. Seule une infime partie de mes collègues sort d’une université scientifique, et encore moins d’informatique; 10% peut-être? J’ai vu des experts Cisco qui quelques années auparavant sortaient d’une fac de littérature anglaise…

Après, il faut bien dire que les nouveaux diplômés Français ne savent rien faire de plus que les nouveaux diplômés Japonais. Ce n’est que mon expérience personnelle et c’est très empirique/subjectif, mais grosso-modo, par exemple dans une boite d’info, un diplômé d’informatique Français ne sera pas meilleur qu’un Japonais diplômé de civilisation espagnole. Oh, il donnera plus le change au début, ce sera plus facile de parler de trucs techniques avec le Français et il comprendra mieux nos blagues, mais après un ou deux ans, il n’y aura plus de différence (sauf au niveau des blagues, mais bon, les Japonais et l’humour Français, c’est comme le sucré-salé en cuisine). Le Japonais va s’adapter et bucher comme un fou pour rattraper son retard et aller plus loin la plupart du temps.

A 50 ans, beaucoup de Japonais sont toujours prêts à se réorienter et apprendre de nouveaux trucs. Le truc bien pour eux, c’est que beaucoup d’entreprises sont prêtes à leur donner leur chance. Et ça marche souvent bien…

(Ai-je besoin d’écrire que les contre-exemples de tout ce que je viens de raconter sont nombreux?)

N’empêche que ma collègue de 50 berges là, qui doit se coltiner sa formation? Moi et mes collègues. Et c’est du lourd. Encore, les trucs bien spécifiques à notre secteur, genre expliquer ce que font les cablo-opérateurs, le cablage des immeubles, les astuces et nuances des différents types de ligne et options de service, etc., ça va, c’est amusant et motivant même pour moi de l’expliquer.

De devoir expliquer que non, tout ne tourne pas tout seul et que chaque merde qui arrive dans le projet peut nous être reprochée à nous (et non pas au connard à l’autre bout de la planète qui a fait la boulette). Que oui, des merdes arrivent tous les jours, c’est un peu ça notre boulot: fossoyeur de merde, on gère les emmerdes quoi! Et il en arrivent de toutes sortes, des gens pas motivés en face, des trucs qu’on sait pas encore qui a merdé ni comment réparer, des systèmes qui délirent, des gens en vacances, des clients irrascibles qui n’ont pour but dans le vie que de rendre la nôtre misérable, etc. Un classsique dans ce secteur d’activités, c’est les telecoms quoi! Mais pour quelqu’un qui n’y a jamais travaillé, c’est comme si elle avait imaginé le pays des bisounours et qu’elle se retrouve avec une bande de hobbits au pays de Sauron.

Son premier projet, une implémentation d’un site à Singapour, deux routeurs, deux lignes. Le gars en charge de la commande des lignes au cablo-opérateur qui la contacte pour lui demander si les lignes sont en path-diversity, c’est à dire si le cablo opérateur doit utiliser deux lignes physiquement distinctes à partir du rack du client jusqu’au centre telecom (le but étant d’avoir le service continuer si il arrivait un accident à l’une des lignes). Après vérification sur le devis, oui, il faut du path-diversity. Alors elle lui a répondu que oui, le devis avait d’ailleurs été pris en ce sens.

Réponse du gars des commandes: ouais mais non, l’opérateur dit que c’est pas possible qu’il ait fait un devis pour ça à ce prix. Il demande aussi de vérifier que le commercial a bien pris un devis pour du path-diversity.

Alors là, perdue notre petite nouvelle:
Mais, je lui ai dit hier que j’avais regardé le devis…
Mais, pourquoi l’opérateur dirait qu’il n’a pas donné ce prix…
Mais, comment on va faire…

Réponse: j’en sais rien du tout, mais comme on peut pas parler avec l’opérateur en direct, contentes-toi de répondre à la question. “Oui, le devis est pour du path-diversity, en voici la preuve”. Et on va attendre la réponse. Si le gars des commandes et l’opérateur ne donnent aucune piste quant à ce qui a bien pu se passer, on contactera le gars qui a fait le devis pour le confirmer.

Alors c’est normal que notre petite nouvelle ne sache pas tout ça et on ne lui en veut pas, mais ça n’enlève rien au fait que ça soit ultra-gonflant pour nous. En fait, on perdrait moins de temps à faire tout le travail nous-mêmes, mais dans deux ans, si elle devient opérationelle, alors à ce moment on y gagnera beaucoup plus de temps que si on avait continué à faire le job nous-même. Une sorte de placement sur l’avenir en fait.

La proposition

Mon ancienne boss de ma boite actuelle, qui est devenue boss d’une autre équipe, me contacte pour me dire qu’il va bientôt y avoir une embauche dans son équipe, et me demande si ça m’intéresse. En dehors du langage PR minimum pour me vendre le truc, elle précise que ce sera une place à l’échelon xx, donc un boost dans le salaire.

Hum. Je suis déjà à l’échelon xx, toujours été depuis que cette boite m’a embauché il y a presque 8 ans.

Et l’équipe qu’elle dirige, au Japon, est constituée de 5 membres à Tokyo. Une des membres, je l’aime bien mais elle n’est jamais là puisqu’on l’a vendue à un client pour des années, un des membres m’est indifférent parce que sa présence est complètement évanescente au mieux, et les 3 autres membres doivent être les 3 personnes que j’apprécie le moins dans la centaine d’employées au Japon.

Pas une équipe de rêve pour moi donc. Il se trouve que toute la boite ne peut pas trop encadrer cette équipe parce qu’ils ont beaucoup de problèmes avec eux (ils ont une étiquette de gros salaires doublés de gros feignants. Surtout de gros feignants d’ailleurs, puisque gagner beaucoup n’est pas un problème en soi, du moment qu’on assume la masse de travail pour laquelle on est payé).

Je m’entends bien avec les collègues dans l’équipe où je suis actuellement. Mon salaire est déjà bien. Je bosse pas comme un malade, sauf parfois, selon les projets en cours. Je connais le boulot à faire et les outils utilisés donc je me casse pas trop la tête sur des conneries administratives, je suis pas à la ramasse, quoi!

Alors là, je vois pas bien pourquoi j’irais dans cette équipe que je peux pas voir, que tout le monde critique, pour faire un boulot où je vais devoir travailler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, où je vais devoir converser bien plus souvent avec les clients (irrascibles pour certains bien sûr), et où je vais devoir me casser la tête et les dents sur des nouveaux outils. Sauf si on me paye un smic en plus, bien sûr (ahah). Je plaisante, ma loyauté est bien plus flexible; une moitié ou même un tiers de smic me ferait réfléchir sérieusement. Après tout, il va bien falloir payer les écoles des enfants d’une façon ou d’une autre, et je suis pas là pour me rouler les pouces mais pour toucher un virement bancaire le plus gros possible à la fin du mois. Ça fait un peu pute, hein.

Alors j’ai répondu à mon ancienne chef: ouah génial c’est vrai que ça élargirait beaucoup mon domaine de compétence avec tout plein de challenges, mais je ne me vois pas faire le saut sans une grosse motivation financière. D’ailleurs, je suis déjà à l’échelon xx, donc voilà, je crois que ça va être difficile.

Sa réponse: je suis ravie de voir que tu es intéressé, je m’en rappelerai bien quand le job sera ouvert.

Bon. C’était pas l’effet escompté.

J’imagine que quand le job sera ouvert, on me le proposera sans compensation financière, et je refuserai en racontant je sais pas quoi, mais sans mettre trop en avant que ça génère pas assez de $$$, histoire de pas trop passer pour le vénal de service. Inutile de dire que c’est aussi beaucoup parce que j’aime pas l’équipe, parce que c’est trop négatif et que là ils vont m’en vouloir.

Notes de frais

Comment faire des notes de frais au bureau.

  • Les rentrer dans une application de la compta (classique).
  • Imprimer un rapport dégurgité par l’appli (ah, l’appli ne suffit donc pas?).
  • Coller les reçus sur une feuille blanche (classique).
  • Scanner le rapport et les reçus (tout est déjà dans le système de la compta, mais bon!)
  • Faxer le scan du rapport et des reçus à la compta (là franchement je comprends vraiment plus).
  • Mettre le rapport imprimé et les reçus dans une chemise transparente, et les donner… à la compta!

La compta a donc besoin des données dans leur système, de ces données par fax, et des données sur papier.

La cerise sur le gateau, c’est que la compta nous demande expressément de bien garder une copie du rapport imprimé et des reçus, parce qu’elle perd nos notes de frais assez souvent.

Je creuse

C’est officiel, je suis maintenant resté plus longtemps dans ma boite actuelle que dans ma précédente. Stable vous avez dit? Oui, c’est moi. Enfin, c’est mon troisième prénom.

Vais-je y rester jusqu’à ma retraite? Personnellement il y a quelques boites que j’aimerais bien essayer, mais je ne suis pas contre l’idée de rester ici toute ma vie non plus (et hélas, il faudrait que ces boites soient intéressées par moi pour que je puisse y aller). C’est un peu minant quelque part, on se sent un peu pris au piège avec un pied dans la tombe, mais il y a des avantages faramineux ici, difficilement trouvables ailleurs au Japon.

Budgets de grosses compagnies

La semaine dernière était la “Customer Service Week”, c’est à la dire la “semaine” de ma division. Ma division est la “Service Delivery”, qui fait partie de la plus grande division “Customer Service”. Et cette semaine, c’était LA semaine  où il y avait “plein” de choses. C’est à dire un speech quotiden d’un gros ponte (par email) sur une des maximes de notre division (genre “show them we care” ou “do it faster and better than others” ou “take ownership”), et l’obligation de faire une fête entre collègues et d’envoyer des photos plein de joie au QG, pour que celui-ci mette toutes les photos en ligne pour bien montrer comme on prend du bon temps dans ma division, et comme l’ambiance est excellente. La photo ci-dessous est l’une des photos prises pour le Japon. Le budget pour la fête? 3000 JPY (30 €). Pas 3000 JPY par personne, non non, 3000 JPY total. Pour 15 personnes donc. Ça fait donc 200 JPY (2 €) par personne pour s’amuser, dans l’une des villes les plus chères du monde. 2 €, ça fait un coca et un mini-sneaker. Pas un sneaker entier, hein, faut pas déconner. C’est le coca OU le sneaker entier, il faut choisir. On n’est pas chez Crésus ici.

Bon, le collègue nommé pour tout organiser a trouvé des trucs pas chers. On a pris les photos, on s’est répartis les petits gateaux et bonbons, et la “fête” était finie en 15 minutes pour qu’on aille prendre notre lunch. N’allez surtout pas croire que je critique le petit budget qu’on a reçu, puisque d’habitude, c’est de note poche. Les fêtes de fin d’année, les pots de départ ou d’arrivée dans la boite, etc., tout est payé par nous-mêmes. Alors 3000 JPY, c’est Byzance.

Test de japonais

Un recruteur m’a présenté à une boite (je sais pas ce qui se passe, il y en a plein qui me contactent cette année, et pourtant je n’ai rien fait pour les attirer), et la boite a manifesté le désir de me rencontrer. Mais avant ça, ils ont tenu à avoir un entretien téléphonique de “10-15 minutes” pour vérifier mon niveau en japonais.

Appel de la dame des RH. Salutations. Elle me demande d’entrée pourquoi je suis intéressé par un job dans leur boite. Je réponds en une phrase. Elle étouffe un gloussement, et me dit:

– Ça fait longtemps que vous êtes au Japon?

– 12 ans

-Wow. Et je suppose que vous avez déjà travaillé en japonais?

J’avoue, je suis toujours étonné qu’on me pose cette question. Je réponds:

– Je n’ai toujours travaillé qu’en japonais.

– D’accord… Alors quel est votre titre de séjour?

– J’ai le statut de résident permanent.

– Oh! Et vous êtes marié, bien installé, etc?

– Oui, marié avec une japonaise, deux enfants…

– Bon d’accord. On a plein de candidats qui nous disent qu’ils savent parler japonais, mais rendus à l’entretien on s’aperçoit qu’ils ne sont pas aussi bons qu’ils l’ont laissé entendre, c’est pourquoi on a décidé récemment de faire ce pré-test pour éviter de perdre du temps dans les entretiens.

– Ah.

– Mais là vraiment, on peut arrêter tout de suite. Je transmets à mon chef et on vous contacte pour fixer un rendez-vous.

Ça a duré moins de trois minutes. Je n’ai pas parlé beaucoup, hein.

Il y a donc bien des gens qui mentent/exagèrent sur leur niveau pour arriver à l’entretien. Et il y en a assez pour que des boites s’énervent et décident de tester les candidats par téléphone d’abord. Ils sont bêtes ces candidats ou quoi?

Reprise du travail

C’était pas la joie de retourner au travail ce matin. En ce moment, mes relations avec mon travail sont complexes (ça veut pas dire “mauvaises”). J’aurais du mal à exprimer ce qui se passe sans écrire un roman, alors heureusement que je n’ai pas le droit d’en parler.

Mais là où on s’aperçoit que c’est grave, le comble, c’est donc d’être en vacances une semaine, de déconnecter totalement, de revenir, et de se rendre compte qu’on a oublié le nom de son collègue (le nom de famille bien sûr, parce qu’utiliser le prénom, c’est un peu proscrit, alors il y a aucune chance que je m’en rappelle)…un dans notre équipe, qui fait le même boulot que nous, assis en face de nous depuis un an et avec qui on parle (de travail) tous les jours. C’était vers midi, quand j’ai voulu lui demander un renseignement, et que j’ai bloqué au moment de l’appeler, genre “comment est-ce qu’il s’appelle déjà…”. Je l’ai interpellé d’une autre façon sur le moment, mais j’ai trouvé ça tellement amusant et impossible que je me suis mis au défi de retrouver son nom sans regarder notre annuaire (‘faut pas abuser non plus). J’ai mis 4 heures à m’en rappeler.

Moi, je sais pas pourquoi j’ai oublié son nom comme ça, mais je me dis que c’est peut-être parce que mon esprit est dans les starting-blocks pour bien déconnecter, mais d’une façon perpétuelle.

Au dodo, maintenant!

C’est la première fois que ça m’arrive dans ma société actuelle, de finir le travail aussi tard. J’ai commencé mon travail hier à 9h, et je viens de le finir, à 3h20 le lendemain. Vous allez rire, mais c’est dans ces moments que j’aime mon travail. Et pourtant, je les fuis ces moments.

On a eu une migration de réseau (c’est comme les oiseaux ces bêtes-là, ça migre) d’un client à partir de 19h, et en gros on a enchainé les problèmes. Heureusement, les problèmes ne venaient pas de nous. Entre autres (bien d’autres, beaucoup d’autres), le coup du switch (du client) qui date de mathusalem et qui ne supporte que le 10/Half nous a bien fait poiler en tous les cas. On a mis 20 minutes pour le comprendre, car personne n’y croyait.

Demain, je m’octroie ma matinée en récup’, j’ai un agenda chargé pour l’après-midi, et on recommence avec le même client et le même réseau à partir de 18h (on va la terminer cette foutue migration). C’est Yukiko qui va être contente, parce que ça vient tout juste de se décider, et qu’elle va devoir aller chercher Ryu à la crèche, alors que c’est LE jour où elle fait ses heures supp’ normalement. Oops. J’aurai d’ailleurs pas vu Ryu souvent cette semaine non plus.

Un peu de vocabulaire

Une fois n’est pas coutume. Un mot japonais que j’ai appris cette semaine: 海底ケーブル. Ça signifie “câble sous-marin”. Comme les câbles sous-marins qui ont été rompus à cause des tremblements de terre récents. (notez que c’est le genre de mot dont on comprend tout de suite la signification grâce aux kanji, même sans avoir jamais ni entendu ni vu ce mot auparavant)

Des (gros) clients ont hurlé, des gens de chez nous ont passé quelques nuits blanches. Au Japon, à priori pas de nuit blanche pour nos employés, juste beaucoup d’heures supp jusqu’à pas d’heure, mais dans d’autres pays comme les US par exemple, il y en a qui ont morflé. De leurs propres mots, reçus par des updates en internes, ils ont installé une “salle de guerre” permettant de suivre l’évolution de la situation et des réparations en temps réel, 24h sur 24.

La majorité des câbles sous-marins qu’on utilisait ont donc été rompus (du moins le traffic ne passait plus par eux), donc redirection de tout le traffic vers les continents (Asiatique et Américain) vers le restant des câbles qui fonctionnaient toujours, hélas pas en nombre suffisant pour amortir tout le traffic, ce qui a eu pour effet de ralentir tout ce traffic, avec en prime beaucoup de paquets jetés à la poubelle (selon leur qualification QoS, c’est là où on voit l’importance de ces lignes dans les contrats).

Bon, la réparation des câbles va prendre des jours, mais la boite a négocié l’utilisation d’autres câbles dans les 24h, ce qui a ramené la stabilité du traffic proche de son état avant les tremblements de terre. Ils devaient bien avoir des accords pour dans ce genre de catastrophe, mais c’est quand même impressionant d’avoir vu cette situation revenir à un niveau acceptable en si peu de temps.