2e concours pour Ryu

Ryu a beau avoir été pris dans l’école privée (私立) qu’on visait, Yukiko lui fait passer le concours de l’école publique juste à côté. Alors oui, surprise, il y a des écoles primaires publiques accessibles uniquement sur concours. La raison? La majorité des écoles publiques sont gérées par les villes (市立); ces écoles sont accessibles de plein droit sans examen/concours, du moment qu’on habite dans leur secteur (les enfants d’autres secteurs n’ont, eux, pas le droit d’y aller). Mais il y a des écoles publiques gérées par les régions (県立) ou par le pays (国立), et elles ne sont accessibles que sur concours.

(détail amusant: école privée (私立) et école publique gérée par la ville (市立) sont des homonymes)

Et voilà que le snobisme pointe le bout de son nez. Au Japon, le public a une meilleure image que le privé pour beaucoup de gens. C’est évident pour les universités; les plus cotées/renommées sont publiques (Todai, Kyodai, Handai, Hokudai, etc), à l’exception notable de Keio et Waseda. Oh bien sûr, il y a nombre d’universités privées franchement excellentes et très bien réputées (le seul exemple qui me vient en tête maintenant est Doshisha, mais il y en a plein d’autres du même accabit), mais allez savoir, dans la tête de nombreuses personnes au Japon, le public, c’est mieux (du moment que c’est sur concours hein! Le public accessible de plein droit, c’est comme de la merde, mais en moins bien (/ironie)).

C’est comme ça dans presque tous les domaines. Employé chez Matsushita ou Mitsubishi, formidable! Mais c’est bien en-dessous du statut de fonctionnaire. Fonctionnaire, c’est le top du succès! Gros respect pour les flics (bien qu’ils soient surtout craints – à raison, à mon avis), gros respect pour leurs militaires (du moment qu’ils restent dans leur caserne), gros prestige pour leurs politiciens (même si on sait bien qu’ils sont tous nés avec une cuillère d’argent dans la tronche et qu’ils sont tous pourris), etc.

Et donc Yukiko a un cas de conscience. Elle sort d’une famille pro-public (son père, ancien prof et surtout proviseur de lycée public, préfère les écoles primaires publiques quelles qu’elles soient aux écoles primaires privées), et consciemment ou pas, elle aussi a une meilleure image du public par rapport au privé (sauf les écoles publiques accessibles à tous).

(Vous me suivez toujours?)

Le problème, c’est que cette école publique réputée dont Ryu est en train de passer le concours, est surtout un centre de formation pour les profs. En gros, les profs changent tous les 6 mois, beaucoup viennent pour des stages de formation, et toutes les nouvelles politiques d’éducation du pays sont d’abord testées dans cette école. En gros, dans cette école, les profs expérimentent. (mais ça les gens s’en foutent, tout ce qu’ils voient, c’est le prestige de l’école. Et peut-être aussi voient-ils qu’elle est gratuite en plus.) Et beaucoup de ces profs viennent de ces fameuses écoles publiques de quartier que Yukiko voulait éviter coûte que coûte (ça la fout mal, hein!). Yukiko préfère clairement le programme d’éducation de l’école privée à laquelle Ryu a été reçu. Mais une école publique accessible uniquement sur concours… waoh. Alors, si Ryu est pris, que décidera-t’elle donc? Mystère, et possible surprise à venir.

2 thoughts on “2e concours pour Ryu”

  1. J’imagine qu’étant japonaise, elle doit connaitre mieux le milieu de l’éducation que toi, mais auras tu ton mot à dire sur le choix de la future école de ton fils ?
    Comme pour beaucoup de choses (pas seulement les écoles), l’image d’une infrastructure semble bien plus importante au vue des japonais que tout le reste, peu importe le contenu de la chose si l’image est là, tout va bien >_<

  2. Yukiko étant une femme, je n’ai pas mon mot à dire sur quoi que ce soit 😉

    Pour le collège, ce sera entre elle et mes enfants, et à mon avis ils auront un avis sur l’école à laquelle ils voudraient aller, et on ne les forcera pas évidemment. Moi je donnerai juste mon avis, qui sera sans doute vite ignoré.

    Pour les écoles, je pense que les Japonais veulent juste que leurs enfants aient le meilleur boulot possible après, donc l’université la plus cotée possible. La spécialité prise (en université), je crois qu’ils s’en foutent un peu, en dehors des spécialités qui déterminent le type de boulot plus tard, genre médecine.

    Pour l’éducation au Japon, vu que Yukiko m’en parle TOUS LES JOURS (je plaisante pas) depuis un an, je commence à en connaître un peu. Je crois que je commence à en connaître plus sur l’éducation au Japon que sur l’éducation en France.

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