Chaque année, comme dans tous les pays développés sans doute (?), la visite médicale du travail est obligatoire. Enfin pour les CDI du moins (c’est mon cas). J’ai reçu le résultat de ma visite de décembre, et je suis heu-reux. Je vais vous expliquer pourquoi ci-dessous, mais pas tout de suite.
L’année d’avant, c’était mon premier ningen-dock, qui à l’époque (visite en 2008 donc) ne se faisait qu’à (si je me rappelle bien mais je peux me tromper) 25,30,35,40 ans et chaque année passé 40 ans. En dehors de ces années, c’est une visite “light”: pipi, caca, x-ray des poumons, poids, taille, ouïe, vue. Le ningen-dock, c’est un truc heavy: ils analysent l’estomac. (en fait, il y a peut-être d’autres différences, mais alors celle-là a failli me faire crever, donc je me focalise un peu dessus).
Pour analyser (quand j’y repense, je ne sais même pas ce qu’ils regardent dans l’estomac…), ils envoient une caméra par la bouche, ou alors ils utilisent du baryum. On ne m’avait pas demandé mon avis et j’avais fait l’analyse avec du baryum.
En gros il faut boire un grand verre d’un liquide blanc (du baryum) qui est un truc aussi lourd que du mercure:

pour qu’ils obtiennent une image dans ce genre (en vous attachant sur une table qui tourne dans tous les sens pour que le baryum recouvre tout à l’intérieur):

Le problème du baryum, c’est qu’il durcit et devient dur comme de la pierre après quelques heures. Alors il faut l’évacuer rapidos, parce que si il se solidifie à l’intérieur du corps, ça va mal, et rapidement (sans déconner, je crois qu’on doit en mourrir).
Et donc, pour l’évacuer, ils vous donnent un laxatif après l’examen, à boire de suite, et ils vous disent que ça devrait sortir dans la soirée. Ahahah.
J’ai l’estomac super fragile. Après avoir pris le laxatif, je suis sorti de la clinique, ai été bouffé (parce qu’on a interdiction de manger à partir de la veille 20h, et de boire à partir du coucher la veille). Sorti du resto, arrivée à la gare, il n’y avait pas 1 heure de passée depuis le laxatif, mais j’ai dû me précipiter dans les toilettes de la gare, que j’ai repeintes… en blanc. Chouette, me suis-je dit, tout est sorti.
Que neni. Il en restait à l’intérieur, et le laxatif était parti dans les toilettes de la gare.
Les 4-5 jours suivants, j’en ai chié (ahah). Mes selles étaient de la couleur habituelle, mais aussi blanches… et rouges. Ben oui, quand on déchire la chair, ça saigne. Mais là ça pissait le sang grave. Le soir quand je revenais à la maison, et que je savais que j’allais devoir y passer, c’était le cauchemard. J’ai maudit la médecine du travail japonaise et leur barbarisme, et franchement je me dis qu’il doit y avoir des tas d’accidents chaque année. C’est pas possible autrement.
J’ai survécu, mais j’ai dû me déformer un os du derrière, parce que pendant six mois j’ai eu une douleur quand j’appuyais sur le coccyx. Ce sont des malades de faire boire ce truc. J’ai franchement cru que j’allais devoir aller à l’hôpital, même si je me disais bien qu’ils n’auraient rien pu faire, à moins de tout ouvrir et sortir tout ça manuellement. A tous ceux qui pensent qu’ils n’ont pas de problème avec leur estomac et qui trouvent qu’un tel examen est inutile: refusez-le! Non seulement je ne fais aucune confiance à ce produit qui semble tellement toxique, mais en plus il y a franchement un risque dément.
J’ai été fou de rage au sujet de la visite médicale du travail japonaise pendant un bon moment. Du moment où un collègue m’a dit “mais tu sais que tu peux refuser cette analyse?”, ça a été mieux. Cette année, j’ai donc refusé le baryum (et la caméra tant qu’à faire, c’est bon on m’a couillonné une fois sur un truc que je connaissais pas, ça ira).
Bref, résultats cette année: une note A dans tous les domaines, sauf deux: l’embonpoint, et le cholestérol. Je suis bien en-dessous des valeurs normales, et suis dans un état “légèrement pathologique”, où “il faut faire quelque chose”. Pour l’embonpoint ils me conseillent de faire du sport et de repenser mon régime alimentaire (ça va pas faire plaisir à Yukiko). Pour le cholestérol, ils me conseillent d’arrêter les sucreries et les boissons gazeuses sucrées, et de faire du sport. Pour info, j’ai un BMI de 17.9, très faible donc. Pour ma taille, je devrais faire 13 kilos de plus pour être au standard. C’est vrai qu’avant d’arriver au Japon il y a 11 ans, je faisais 11 kilos de plus que ce que je fais maintenant. Et on me trouvait maigre à l’époque.
Bon, le régime alimentaire à changer, j’y crois pas: je mange de tout (sauf du poisson), Yukiko y veille. Alors le problème est ailleurs. Je pense que mon métabolisme a un léger problème, mais que c’est pas pathologique au point d’aller chercher des solutions médicamenteuses (je demanderai l’avis de mon toubib la prochaine que je le vois tout de même).
Là où je suis tout de même très content, c’est qu’un toubs a enfin reconnu que la situation n’était pas normale. Jusqu’à présent, les précédents médecins du travail trouvaient mes proportions “parfaites” et me disait “c’est formidable d’avoir maigri depuis vos vingt ans, surtout ne grossissez pas”. Comme quoi que face à un même spécimen, tous les toubs ne vont pas dire la même chose.
Je vais me prendre en main. Je vais le faire. J’en suis persuadé. C’est dommage que cela fasse si longtemps que j’en sois persuadé par contre.
[Update] C’est pas du valium mais du baryum (j’ai corrigé l’article). Putains de katakana, les deux mots sont des homonymes en japonais: バリウム. Sauf qu’après recherches, je crois que personne ne connait le valium alors que tout le monde connait le baryum ici. Grrrr. Un grand merci à Christian pour la correction.