Depuis ma pré-adolescence, je vois des trucs. Des petites bêtes pour la plupart mais aussi parfois des monstres et des agresseurs. Ça arrive au moins 3 ou 4 fois par semaine.
Alors, je ne suis pas schizophrène (ça me parait tellement évident que je me sens ridicule de l’écrire mais à l’écrit on sait jamais, les gens pourraient comprendre autre chose que ce que j’écris), ce ne sont pas des hallucinations. Enfin pas vraiment. J’ai pas de problème neurologique ou je sais pas quoi d’autre de grave.
Je ne les vois pas en face de moi, ils sont toujours dans ma vision périphérique. C’est quand je tourne la tête ou les yeux pour appréhender le danger que je vois que bah y’a rien (99,9% du temps) et que mon cerveau a juste mal interprété quelque chose qui n’avait rien à voir. Genre une feuille d’arbre qui tombe, un papier qui vole, etc. Dans mon immeuble, dans le couloir de mon étage il y a un extincteur au mur, je l’ai pris pour un agresseur au moins 30 fois en deux ans.
Ça arrive à tout le monde de se tromper sur un truc dans la vision périphérique. Moi c’est souvent, et c’est toujours une interprétation négative.
Depuis le début j’ai compris. C’est pas pathologique, c’est juste mon cerveau qui interprète comme un danger tout ce qui n’est pas “normal” dans mon entourage. (j’y reviens dans 30 secondes)
Ça s’est un peu encore dégradé après quelques années de karaté. Le karaté élargit le champ de vision, comme tous les sports de combat. C’est marrant comme phénomène. Je pense que c’est la sensation de danger corporel qui fait qu’on fait plus attention à ce qu’il se passe autour. Ça devient une routine.
Ça s’est vachement dégradé quand j’ai déménagé à Kamakura. Dans cette maison, quand j’ai une alerte sensorielle une fois sur cinq il y a effectivement une bête dans ma périphérie. Ça rend parano, et du coup j’ai vachement plus d’alertes.
Alors pourquoi mon cerveau interprète-t’il une feuille qui tombe comme un gozilla lancé à mes trousses? (j’exagère)
Eh bien je sais pas, mais j’ai une théorie. C’est la peur. Quand j’étais enfant, j’ai eu peur très souvent. Et quand j’écris “peur”, c’est gentil comme mot. Il y a eu des moments… qui auraient bien mérité la présence d’un psychiatre.
Voilà, c’est tout. Une enfance avec beaucoup de peur, des conséquences multiples. En voilà une. Peur de se faire agresser, le cerveau interprète comme potentiel danger tout ce qui bouge et n’a pas été identifié. (voire même les trucs qui bougent pas, genre un extincteur)
C’est con, hein. Ça aussi je vais le garder jusqu’à ma mort. Boh c’est pas trop grave, avec le temps pensez, je m’y suis habitué. Enfant je m’en faisais des aventures, maintenant je n’y fais même plus attention, genre “wouaaah un cafard, ah non y’a rien”, ça se règle aussi vite que le temps qu’il vous a fallu pour le lire.
C’est juste les jours où j’ai pas la forme que c’est lourd. Ça me renvoie à mon enfance. L’enfance, c’est vraiment la partie de la vie la plus nulle (quoique évidemment je n’ai pas encore connu toutes les périodes de la vie). Sur le moment on réussit à être gai, à tout surmonter, à avoir des projets, à se dire que c’est normal, que c’est la vie. Mais en fait, non. Objectivement, l’enfance, c’est complètement nul.